Chapitre 48, partie 1 :

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7 août 2021, dans la soirée.

Silas :

Il est presque vingt-deux heures lorsque je me dirige vers chez les Price. J'ai hâte de retrouver Kasper, de le voir interagir avec sa famille et ses amis. Je sais qu'il n'apprécie pas trop cela, qu'il doit ne pas être à l'aise mais ce soir, c'est lui qui est mis à l'honneur.
Je lève la main, observe le petit sac en papier doré que Kate m'a déposé plus tôt dans la journée. C'est pour cette raison que ma Douceur nous a vu ensemble, j'ai eu le temps de le sécuriser dans mon bungalow avant de tomber sur lui et Vincent. Il ne s'en doute pas, mais sa sœur m'a été d'une grande aide et je lui en suis reconnaissant. C'est elle qui s'est rendue en ville, étant dans l'incapacité d'y aller après mes heures de travail.

— Silas ! me hèle une voix.

Je pivote en souriant, sachant déjà qu'Ève se trouve derrière moi. La cousine de Félix m'enlace chaleureusement avant de lever son index sous mon nez.

— Nous n'avons toujours pas dîné ensemble, me réprimande-t-elle.

— C'est vrai, excuse-moi, mais je n'ai pas beaucoup de temps en ce moment.

— Je comprends, tu es très pris avec le travail et le petit campeur aux yeux bleus, non ? me taquine-t-elle.

— Hum... tu as vu juste.

Elle sourit puis hoche la tête en sortant son téléphone de la poche de son short en jean.

— Désolée, je dois répondre c'est le père de Mia. Tiens moi au courant pour ce repas, et n'oublie pas d'inviter ton petit ami.

— Compte sur moi, approuvé-je en embrassant sa joue.

Je reprends ma route lorsqu'elle s'éloigne, le téléphone à l'oreille.
De la musique et des rires se laissent entendre à proximité du bungalow. Il y a du monde sur la terrasse, il faut dire que cette soirée est particulièrement belle. Le ciel est dégagé et mon envie d'admirer les étoiles avec Kas s'amplifie. J'aime ça, le calme et la douceur d'une nuit d'été, c'est avec lui que je souhaite me repaître de la beauté des astres.
Je le cherche lorsque je grimpe les marches du perron, il est dans un coin un peu excentré du monde et discute avec Jessica. Une fois posé sur lui, mon regard ne le quitte plus. Il est absolument divin, beau comme un ange, vêtu d'une chemise blanche ouverte sur un tee-shirt aussi sombre que son jean. Ses cheveux blonds sont une fois de plus cachés sous un bandana, cette fois il est noir et j'adore ça.

— Enfin tu es là ! s'exclame Milla en courant vers moi.

Ses bras s'enroulent autour de mes jambes et elle lève la tête entourée de sa crinière flamboyante pour me regarder. Je passe les doigts dans ses cheveux en la narguant d'un regard amusé.

— Dis donc ma jolie, tu as laissé de coté ton animosité pour te montrer aussi douce qu'une crème ?

Ses sourcils se froncent et elle recule en boudant. Son pied s'abat contre mon tibia alors qu'elle râle.

— T'es toujours aussi nul !

— Je rigole, moi aussi je suis content de te voir.

Elle me tire la langue puis me donne un nouveau coup avant que son père n'approche pour la décoller du sol. Elle termine sur les épaules d'Harry, les yeux exorbités par la surprise.

— Où sont passés tes bonnes manières, jeune fille ? Ravi de te revoir, me salue-t-il en serrant ma main d'une poigne trop forte.

S'il se montre affable, il laisse toujours planer une petite pointe de sévérité, faisant ainsi ressortir son côté papa protecteur. Ça m'amuse, depuis le début il est d'une gentillesse plaisante et d'une autorité non feinte. Il a accepté ma relation avec son fils sans aucun problème mais fait tout de même comprendre qu'il est un homme respectable et un père aimant. C'est un modèle à ne pas négliger et je suis heureux que Kasper puisse se tourner vers lui sans avoir honte ou peur de s'exprimer. Il est toujours l'opposé de sa femme qui se montre encore réticente à mon sujet.

Après quelques mots échangés avec légèreté, je rejoins Kas, me positionnant derrière lui afin de l'enlacer. Mes paumes terminent sur son ventre et mes lèvres embrassent sa joue. Il sursaute légèrement, puis tourne la tête pour me sourire.

— Tu m'as fait peur, je ne t'avais pas vu.

— Et bien je suis là, murmuré-je en le serrant plus fort.

J'ai délaissé mon présent sur une table où se trouvait déjà un bon nombre de paquets cadeaux, sur les conseil de Madison qui est venue à ma rencontre un sourire légèrement crispé aux lèvres.

— Salut Silas ! s'enthousiasme Jessica. Je vais vous laisser vous retrouver, on se voit après Kas !

Il hoche la tête puis se tourne pour de me faire face. Mes doigts effleurent sa joue, puis son nez qu'il fronce et descendent jusqu'à ses lèvres. Je retrace les contours de sa bouche qu'il entrouvre sous mon toucher. Mes yeux ne la quittent pas, je meurs d'envie de l'embrasser mais me retient. Il y a tout son entourage autour de nous, ce ne serait pas raisonnable de succomber à la tentation.

— Bonsoir, soufflé-je en me penchant un peu vers lui.

— Silas..., soupire-t-il, arrête...

— Quoi donc ? Je n'ai rien fait, dis-je innocemment.

Ses yeux sont enflammés, il est bien trop beau pour que ce soit permis. Ma Douceur au visage exquis.

— Si je m'attendais à cela ! s'élève la voix grave de Marco.

Il est placé à nos côtés, un air impassible sur le visage.
Kas recule d'un pas, les joues écarlates et le regard brumeux.

— Tonton, murmure-t-il, je... pourquoi tu... fais cette tête ?

— Pourquoi ? grogne Marco en fronçant les sourcils.

J'ignore quel est le problème mais sa façon de nous observer ne me plaît pas énormément. Je sais que mon patron est dur parfois, mais rarement avec ses neveux. Je ne l'ai jamais vu réagir désagréablement avec Kas et ses sœurs, son expression sévère me semble peut-être exagérée.
Kasper baisse la tête, se rapprochant de moi, par instinct probablement. Ma paume se pose dans son dos alors que je toise son oncle. Je l'adore, mais je ne souhaite en aucun cas qu'il rende ma Douceur triste ou mal à l'aise.

— Parce que vous ne m'avez rien dit, bien sûr ! s'exclame-t-il en éclatant de rire.

Son visage se déride complètement alors qu'il frotte énergiquement le bras de son neveu. Je ferme une seconde les yeux, de nouveau détentu, tandis que Kas soupire de soulagement.

— Mais enfin, ne fais pas cette tête, le taquine Marco, je plaisantais.

— Oui, je... pardon...

— En fait, chuchote-t-il sur le ton de le confidence, je le savais déjà. Ta mère m'en a parlé il y a quelques jours.

— Elle n'est pas vraiment d'accord, soupire Kasper en me jetant un coup d'œil, elle a du mal à l'accepter.

— Ça viendra, ne vous en faites pas ! nous rassure-t-il. Allez, venez, Jonathan a décidé de jouer au DJ.

— C'est le moment que je redoutais le plus, grommelle ma Douceur lorsque Marco disparaît. Je savais que Jo allait faire une bêtise.

— Ce n'est que de la musique, m'amusé-je, et il y en a depuis que je suis arrivé.

Kasper hausse un sourcil, les lèvres pincées puis m'attrape par les bras afin de me faire pivoter vers le groupe un peu plus loin sur la terrasse. Son ami porte un casque énorme sur la tête qui n'est visiblement relié à aucun appareil, de ses mains il mime les gestes que ferait un platiniste tandis qu'une musique s'élève à plein régime dans les enceintes qui se trouvent derrière lui.

— Maintenant que tout le monde est là, la soirée peut enfin commencer ! s'écrie Jonathan.

— Qu'essaie-t-il de faire ? Attends est-ce que...

Je me tais lorsque les premières paroles se font entendre, tous les visages se tournent vers Kasper et je me mords la langue afin de ne pas rire.
Dans mon dos, ma Douceur se cache, le visage enfoui contre mon sweat qu'il serre fort entre ses poings. Je l'entends grogner, sa peau est brûlante à tel point que je sens sa chaleur à travers mes vêtements.

— Tu déchires tout Kastafiore ! hurle Vinny en levant son pouce en l'air.

— Silas..., se plaint mon amour, pitié, fait en sorte qu'il arrête cette horreur.

Les paroles de Unstoppable continuent de résonner mais c'est Kasper qui les hurle et s'en donne visiblement à cœur joie. Il ne chante pas si mal finalement, c'est certain que ça ne surpasse guère les talents de la grande Sia, mais je ne trouve pas cela mauvais, peut-être qu'il crie un peu trop fort, mais en soi c'est correct. C'est amusant c'est vrai, inattendu surtout, et cela gêne beaucoup le chanteur qui continue de s'accrocher à mes vêtements.
Je me tourne lentement vers lui, tente de lui faire relever le visage mais il persiste à se dissimuler contre mon torse.

— Tu es plutôt doué, murmuré-je pour le détendre. Ne sois pas si gêné, Honey, je suis certain que personne ici ne t'égale.

Sur ces mots, la musique change et cette fois, c'est Jessica qui beugle une chanson d'Edith Piaf. Si cette petite dame voyait la vie en rose, Jess nous la fait voir de toutes les couleurs avec son interprétation à mourir de rire. Cette dernière se met à crier contre l'instigateur de ce chaos jusqu'à perdre son sérieux pour chanter par-dessus l'enregistrement.

— Tu vois, je te l'avais dit, pouffé-je. Vous avez fait un concert improvisé ?

— C'était des paris, jamais je n'aurais dû accepté de faire ça, se lamente-t-il en me regardant enfin.

Sa mine boudeuse et ses dents qui croquent sa lèvre me font éclater de rire. Si jusqu'à maintenant j'avais réussi à me retenir, le voir ainsi m'amuse. Ce n'est pas méchant, même enfantin et je suis certain qu'il n'en veut pas à Jonathan d'avoir sorti les archives de leurs bêtises.

— Ne te moque pas ! me gronde-t-il en me fusillant du regard.

— Qui moi ? Non, je ne me moque absolument pas !

— Arrête, tu n'arrives même pas à cesser de rire.

— C'est juste que...

Je suis coupé lorsque la sosie vocale de Piaf attrape Kasper par le bras afin de l'attirer au centre de la terrasse.

— Viens danser mon Kas !

La musique change encore et cette fois, c'est Vincent qui tient les rênes de la sono. Une musique techno retentit et Jessica se dandine devant Kasper. Ce dernier me regarde, un sourire désabusé sur le visage puis entre dans la partie en bougeant doucement lorsque tous ses amis se joignent à eux. Milla saute dans tous les sens et même Harry et Madison se prêtent au jeu. Ils dansent comme s'ils sortaient d'un film des années quatre-vingt et je trouve ça hilarant.
Lorsque mon amusement se dissipe, j'observe Kas qui se trémousse timidement, les joues rouges et ses doigts emmêlés à ceux de son amie. Je sais que pour lui, se montrer ainsi au milieu des autres est difficile et je suis heureux qu'il se laisse aller. En fait, il m'obnubile et mon regard ne quitte pas ses hanches qui se balancent. Je ne suis pas certain qu'il ait conscience de ce qu'il se passe, il ne doit pas se douter que son insouciance me rend dingue. Il est différent du Kasper que j'ai l'habitude de voir et cette personne-là, cet adolescent qui ne se prend pas la tête et qui profite sans aucune barrière est d'une beauté qui maltraite mon cœur. J'ai envie de me placer dans son dos, de maintenir sa taille afin de le faire remuer contre mon bassin, lui montrer ce que c'est que de réellement lâcher prise mais je n'ose pas. Il y a trop de monde et j'ignore dans quel état je vais finir après cette danse qui me promet pourtant des merveilles.

— Tu ne t'y attendais pas, avoue ? me lance Kate en venant à mes côtés.

Elle me donne de petits coups de coudes mais bien que je sois conscient de sa présence, seul Kasper reste visible pour moi.

— Ton frère est plein de surprises, soufflé-je complètement envoûté.

— C'est bien rare de le voir comme ça, mais c'est agréable. Ça n'arrive qu'une fois dans l'année en général et c'est le soir de la saint-Sylvestre.

— Il est incroyable...

— Qu'est-ce que tu attends pour aller te joindre à eux ? me demande-t-elle malicieusement.

Cette fois, mon regard trouve le sien. Elle sourit de toutes ses dents, cette jolie demoiselle aux yeux aussi froids qu'un iceberg.

— Tes parents sont là, mon patron aussi... je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.

— Bien sûr que si, ils ne diront rien, ne t'inquiète pas. Allez, file ! me pousse-t-elle.

J'examine Kas à nouveau, ses yeux rencontrent les miens et mon cœur s'emballe.
Merde... je suis fichu !
Un sourire étire sa belle bouche rose alors qu'une mèche blonde s'est échappée de son bandana pour retomber sur son front. Lentement, je m'approche, comme si j'avais face à moi une petite proie toute fragile et que je n'étais d'autre qu'un animal sanguinaire. Assoiffé, je le suis. De lui et de sa peau. J'ai envie de chaque partie de son être jusqu'à son cœur qui pulse pour m'aimer. Il est électrisant et je pourrais me damner pour le voir si épanoui à chaque instant.
Jessica s'éloigne en me lançant un regard entendu quand j'arrive à leur hauteur. Elle se tourne vers Jonathan et Vinny afin de continuer à danser alors que Kasper cesse de bouger, sous mes yeux et à quelques centimètres à peine. Ma main trouve sa hanche et je le rabats doucement contre moi. Sa peau est luisante de transpiration et ses grands yeux bleus me scrutent avec intérêt.

— Pourquoi tu t'arrêtes ? murmuré-je en posant ma seconde main sur sa nuque.

— Je... je ne sais pas...

— Danse avec moi.

— Silas..., soupire-t-il alors que mon bassin s'approche lentement du sien.

— Que se passe-t-il ? Ne t'arrête pas pour moi, tu es si beau, Kas.

— Mes... parents...

— On ne fait rien de mal, soufflé-je contre ses lèvres, juste, danse avec moi.

Il hoche lentement la tête puis entreprend de bouger doucement. Ma main suit chacun de ses gestes sans le forcer à quoique ce soit. En réalité, je ne fais que suivre doucement son mouvement sans me montrer trop insistant. C'est Kas qui mène la danse, il me mène moi, et je le laisse faire sans aucune hésitation.
Son regard brûlant ne me lâche pas et je suis à deux doigts de plonger sur ses lèvres, oubliant complètement le monde qui nous entoure pour ne me focaliser que sur lui mais la musique cesse brusquement et mon cœur dégringole jusqu'à s'écraser à nos pieds.

Quel mauvais timing... laissez-moi juste profiter de ma Douceur.

Gêné, Kasper recule et baisse la tête. C'était bien trop court à mon goût, j'aurais pu rester ainsi pendant des heures.

— Eh, madame Price ! Kassoulet à dix-sept ans aujourd'hui, vous acceptez qu'il boive un verre pour fêter ça ?

Les yeux de Kas s'arrondissent et se posent sur sa mère qui me regarde, une expression indéchiffrable sur le visage.

— Avec modération, finit-elle par dire.

Immédiatement, Vinny et Jonathan attirent leur ami près de la table où se trouvent les bouteilles d'alcool. Ma Douceur observe chaque étiquette et sur les conseils de Vincent, accepte un verre de vodka.

— Et toi, Silas ? beugle Jo. Tu prendras quoi ?

— Une bière.

Waah, petit joueur !

Je pouffe de rire en levant les yeux au ciel, c'est Harry qui me tend ma boisson et je le remercie en un hochement de tête.

— Mon fils est presque un homme, dit-il avec émotion, que le temps passe vite !

— En effet, trop vite...

Je refoule ma tristesse, essayant tant bien que mal d'ignorer les jours qui nous rapprochent de la fin des vacances.
Le père Price me tape dans le dos alors que je fixe Kas tenter d'avaler une gorgée du liquide transparent. Son visage se transforme, ses traits se tirent et il crache le breuvage en grimaçant, essuyant sa bouche sur la manche de sa chemise. Un sourire amusé investit mon visage, il est adorable dans n'importe quelle situation.

— C'est immonde, se plaint-il en délaissant son verre sous les rires de ses amis. Je savais que je n'aurais pas dû t'écouter !

Kasper continue de grimacer tandis que je m'approche du groupe. Une main sur son ventre, je le plaque contre mon torse.

— Tiens, Honey, essaie ça plutôt, dis-je en secouant doucement ma bière sous son nez. C'est moins fort que la vodka.

J'observe ses lèvres se refermer sur le goulot de la bouteille, son crâne rencontre mon épaule quand il penche la tête pour avaler.

— C'est tout aussi mauvais, soupire-t-il.

Je ris contre son oreille en entourant mes doigts autour des siens pour récupérer ma boisson.

— C'est l'heure des cadeaux, mon cœur ! nous interrompt Madison. Il est bientôt minuit, tu dois les ouvrir avant que ton anniversaire soit terminé.

Machinalement, mon regard se pose sur le sac doré et je me demande si j'ai fait le bon choix. Je connais bien Kasper maintenant, je pense ne pas m'être trompé. Ce n'est rien d'exceptionnel mais j'espère que ça lui plaira.

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