Chapitre 50 :

7 minutes de lecture

10 août 2021, dans la matinée.

Silas :

Ève me scrute, un rictus aux coins des lèvres, tandis que ma Douceur est attablée avec Mia qui lui montre ses talents en dessin. Kas à l'air paisible pour une fois, ignorant le fait qu'il se trouve au milieu de la terrasse du camping, entouré de vacanciers qui déjeunent et discutent trop fort.

— Mia a l'air de l'apprécier, me sourit mon amie.

— Kasper aussi, il est plus à l'aise avec les enfants apparemment.

— Il est exactement comme Félix me l'a décrit, il n'a pas tort quand il dit qu'il ressemble à un fraisier.

Je pouffe de rire, me rappelant toutes ces fois où mon meilleur ami l'a nommé ainsi. Je les aime ses joues colorées qui s'empourprent davantage lorsque je lui fais remarquer.

— Désolé de ne pas m'être libéré pour que l'on puisse dîner, dis-je alors que nous approchons du comptoir où Thonyo sert des jus de fruits à foison.

— Ce n'est rien, au moins j'aurais pris un bon petit-déjeuner avant de reprendre la route.

J'acquiesce en souriant, tandis que mon collègue porte son attention sur nous.

— Ça fait un moment qu'on a pas partagé le bar ensemble, fait-il remarquer en coupant des oranges.

— Pas ma faute, c'est celle du grand patron. Même la piscine, je n'y ai pas été posté depuis des jours.

— Je vais aller faire une réclamation.

Je ris puis passe commande alors qu'Ève pianote distraitement sur son téléphone. Elle a l'air contrarié chaque fois qu'elle fixe l'écran, je me demande bien ce qui la pousse à froncer les sourcils de cette façon.

— Le gosse Price a l'air d'aller bien, me charrie Thonyo en m'offrant un clin d'œil complice.

— Très bien, approuvé-je en jetant un regard au concerné, mais je n'y suis pour rien.

— À d'autres ! C'est la première année que je le vois si souvent en dehors de son bungalow.

Je souris, fier d'entendre ces mots. Ma Douceur a énormément évoluée depuis le début de la saison, j'en suis bien conscient et heureux pour lui, et également pour moi, je dois l'admettre.
Le barman dépose un plateau de jus colorés, accompagnés d'un panier de viennoiseries. Je le remercie en lui promettant mon aide s'il en a besoin. Je ne prends mon service qu'en milieu d'après-midi, j'ai du temps devant moi.

Kasper me sourit timidement lorsque je pose son verre de jus d'abricots sous son nez. Mes doigts effleurent les siens sur la table tandis que Mia se rue sur les croissants.

— Merci, Silas, souffle-t-il en baissant les yeux.

La présence d'Ève l'intimide, il n'était pas enthousiasme lorsque je lui ai demandé de m'accompagner, mais finalement, il s'en sort très bien. J'ai l'impression qu'il prend sur lui afin de pouvoir s'ouvrir davantage, c'est assez mignon à voir.

— Kastor ! s'égosille une voix un peu plus loin. Kassoulet, où tu te caches ?

Je reconnais immédiatement Vincent, il est le seul à l'appeler avec ce genre de surnoms idiots. Kas ferme les yeux un instant, puis lorsqu'il les rouvre c'est pour me regarder avec dépit, mais je remarque sans mal la petite pointe d'amusement qu'il tente de dissimuler.

— Il est matinal aujourd'hui, bougonne-t-il en cherchant son ami du regard.

— Enfin, je t'ai trouvé ! se ravie Vinny en posant ses paumes à plat sur la table. J'ai un truc super important à te dire ! C'est ouf !

Ses cheveux verts sont en pagaille et les marques sur son visage nous prouvent qu'il vient à peine de sortir du lit.

— Salut, Silas. Oh, et bonjour vous, vous êtes éblouissante, complimente-t-il Ève.

Cette dernière lève un sourcil, arborant une mine amusée. Vincent attrape les épaules de Kasper et commence à le secouer sans aucune douceur.

— Doucement, gronde-t-il, mais qu'est-ce qu'il y a ?

— Un scoop incroyable ! Faut vraiment que tu viennes avec moi, allez, Kastor, s'te plaît !

Ma Douceur m'interroge du regard, alors je hoche la tête en souriant. Il n'a absolument pas besoin de me demander mon accord pour suivre ses amis. Je ne suis pas ce genre de personnes qui commandent les faits et gestes de leur copain sous prétexte qu'ils sortent ensemble. Il est libre de ses mouvements, jamais je n'aurais mon mot à dire là-dessus.

— Désolé, souffle-t-il, je reviens bientôt. Je suis content de t'avoir vue, Ève.

— Le plaisir est partagé, sourit-elle.

Impatient, Vincent attrape le poignet de Kasper afin de le tirer à sa suite.

— Attends, Kas, viens deux petites secondes, réclamé-je avant qu'il ne s'éloigne.

Lentement, il revient sur ses pas, s'immobilise face à moi puis baisse la tête pour croiser mon regard.

— Oui ?

— Et mon baiser ? quémandé-je en inclinant la tête.

J'entends Vinny se moquer, mais ne me soucie que des joues de Kasper qui se colorent adorablement. Il déglutit, se penche et m'embrasse sur les lèvres. Les yeux clos, j'inspire profondément, me gorgeant de ce bien-être qui fait battre mon cœur chaque fois qu'il est près de moi.
Sans se retourner, il fuit en suivant son ami. Mon regard ne le lâche pas jusqu'à ce qu'il soit trop loin pour le voir.

— Il est adorable, et tu as l'air absolument fou de lui, me dit Ève en mordant son croissant.

— Tu n'as pas idée... Mais sinon, raconte-moi pourquoi tu fais une tête d'enterrement chaque fois que tu as les yeux rivés sur le téléphone.

Un long soupir quitte ses lèvres tandis qu'elle jette un regard rapide à sa fille qui colorie.

— C'est son père, m'avoue-t-elle à voix basse, nous sommes en désaccord depuis quelques temps mais j'ai l'impression qu'il ne fait rien pour arranger la situation.

— Du plus loin que je me souvienne, il a toujours été buté, réponds-je sur le même ton pour ne pas que Mia écoute nos propos.

— C'est vrai, mais il a rencontré une nouvelle femme et depuis les choses s'aggravent. Je suis obligée de lui réclamer la pension alimentaire, de lui rappeler quand c'est son tour de garder Mia. C'est un enfer, une fois il a même oublié d'aller la chercher à l'école. Sa maîtresse m'a téléphonée alors que j'étais encore coincée au bureau.

— C'est compliquée comme situation. Êtes-vous passés par le tribunal pour établir un jugement ? S'il y en a un, il se doit de le respecter.

— Oui, mais...

La phrase d'Ève se meurt lorsque Kasper et Vincent reviennent vers nous. Vinny fait tellement de bruit que le camping entier doit l'entendre.

— Tu vois ! C'est énorme !

— Tu avais raison, c'est vrai...

Kasper s'installe de nouveau face à moi, puis son ami le pousse un peu pour prendre place à ses côtés. Je hausse un sourcil lorsque je le vois attraper le verre de Kas pour en avaler plusieurs gorgées.

— Tu sais que le bar est derrière toi ? m'enquiers-je le pointant du doigt.

— Bien sûr, je ne suis pas con, Einstein, par contre je suis pauvre.

Un rictus moqueur étire mes lèvres alors que je lui tends ma carte bancaire.

— Va te chercher ton propre verre et laisse celui de ma Douceur !

Vincent récupère mon bien en hochant énergiquement la tête.

— T'es vraiment un mec bien, toi !

Ni une ni deux, il se dirige d'un pas décidé vers Thonyo.

— Désolé, soupire encore Kas, il ne sait pas se tenir.

— Des détails, réponds-je ne balayant l'air de la main. Je l'aime bien même s'il m'exaspère. Ça a été plus rapide que ce que j'imaginais.

— Oui, en fait... et bien... il voulait me montrer quelque chose.

J'acquiesce, ne cherchant pas à en savoir davantage. S'il ne souhaite pas aller plus loin, ce n'est pas à moi de le pousser à parler.

— Tu te rends compte, Kassoulet, c'est quand même dingue !

Vincent fait glisser ma carte sur la table et se laisse tomber sur la chaise, une paille coincée entre ses lèvres.

— Ça l'est, enfin je crois...

— Jess et Yellow ! C'était certain, je l'avais vu venir !

— On aurait dû les laisser nous en parler, ce n'est pas bien ce qu'on a fait.

— Mais ils dormaient, ils ne le sauront même pas et puis s'ils voulaient être discrets il ne fallait pas partager le même lit !

Kasper lève les yeux au ciel tandis que je comprends enfin la raison de l'excitation de Vincent. Leurs amis ont passé la nuit ensemble, c'est plutôt une bonne chose s'ils ne font pas les idiots. Il faut simplement espérer que ce rapprochement ne brise pas leur amitié.

— C'est l'heure des potins ? demande Ève. Qui sont Jess et... Yellow ?

— Nos meilleurs amis, mais assez parlé d'eux. C'est quoi votre nom ?

— Bon sang, Vinny, grogne Kasper, tiens-toi correctement pour une fois.

— Je t'aime, mon Kassoulet, mais occupe toi de ton brun ténébreux au lieu de mes affaires.

— Dit celui qui est entré dans la chambre de deux personnes endormies !

Kas soupire d'exaspération, puis son pied vient taper contre mon tibia. Son regard m'implore de faire quelque chose, il est dépité et cela m'amuse.
J'attrape sa main, l'incite à se lever lorsque je quitte ma chaise. Il le fait sans résistance, se presse contre mon torse quand je le tire un peu vers moi.

— Étant donné que Vincent a sifflé ton verre, on va aller t'en chercher un autre, déclaré-je en tirant sur ses doigts.

— Je n'en peux plus de lui, se plaint-il en secouant la tête.

— Pourquoi est-ce que j'ai du mal à y croire ? m'amusé-je.

— Bon ok... je l'adore, mais quand même.

Je ris, puis change de trajectoire, oubliant complètement le bar et nous amenant dans un coin excentré et beaucoup plus calme. Je m'adosse contre un arbre, attirant mon Amour dans mes bras. J'inspire, le nez dans ses cheveux puis dépose un baiser sur sa tête.

— Hum, alors... Jessica et Jonathan ?

— Il m'a poussé dans leur chambre alors qu'ils étaient à peine habillés et même pas recouverts d'un drap ! se lamente-t-il. Heureusement qu'ils ne se sont pas réveillés.

— Oui, heureusement, ricané-je. Dis, tu passes la soirée avec moi ?

— Est-ce vraiment utile de me le demander ?

— Bien sûr, si tu ne le souhaites pas, je ne t'y obligerai pas.

— Tu sais très bien que j'en ai envie, souffle-t-il en se dressant sur la pointe des pieds pour embrasser mes lèvres.

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