Chapitre 54 :

10 minutes de lecture

16 août 2021, fin d'après-midi.

Silas :

J'admire le ciel, les quelques nuages blancs qui dansent sur une étendue d'un bleu qui s'approche grandement de celui des iris de ma Douceur. Mon sourire n'a pas quitté mes lèvres depuis que je suis allongé ici, entre les deux rochers qui nous ont si souvent accueillis Kasper et moi. Ce dernier à la tête sur mon torse, une main sur le bas de mon ventre, glissée sous mon tee-shirt et la deuxième tient la liseuse que je lui ai offert pour ses dix-sept ans. Sa voix me berce, elle est calme et chantante lorsqu'il lit. J'aime qu'il me fasse la lecture, uniquement pour l'entrendre. Je pourrais rester ainsi des heures durant. J'avoue que je ne comprends pas vraiment l'histoire, puisqu'il l'avait commencée sans moi, mais ça ne me dérange pas. Ce ne sont pas les personnages qui m'intéressent, ni même ce qu'ils font, c'est juste celui qui effleure ma peau du bout des doigts, qui chuchote parfois et qui pousse sa voix plus haut lorsque c'est nécessaire pour les dialogues. J'aime les intonations qu'il prend en fonction de l'action qui se produit, il est un lecteur remarquable. Ce n'est ni lent, ni ennuyeux, mais il est aussi fort probable que je ressente cela parce qu'il s'agit de lui.

Mes doigts glissent dans son dos, remontent le long de sa colonne vertébrale puis effleurent son cou où apparaissent quelques frissons. Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps nous sommes ici, mais j'en suis ravi. J'avais besoin de le retrouver, d'être un peu seul avec lui après nos journées en compagnie de ses amis. Je les adore, ils me font rire mais j'avoue que d'être un peu à l'écart me convient. Sentir son corps chaud contre le mien est sûrement la meilleure des sensations. Un peu de calme, d'apaisement avant que ne vienne l'heure de reprendre mon service. Ce soir, je travaille au restaurant du camping, jusqu'à une heure du matin et j'aimerais pouvoir retrouver mon lit avec ma Douceur qui m'y attend.
Je quitte mes pensées lorsque Kasper cesse de lire, poussant un soupir de frustration et cachant son visage contre ma poitrine.

— Que se passe-t-il, Honey ? demandé-je en passant mes doigts dans sa chevelure.

Il râle des propos que je ne comprends pas, ils se perdent entre lui et moi et ça me fait sourire.

— Tu peux répéter ?

Il relève le visage, le positionne au-dessus du mien pour croiser mon regard. Ses cheveux retombent sur son front, là où se mêlent les mèches bleues et roses et cachent presque ses yeux. Ma paume se pose sur ses paupières qu'il ferme, puis glisse sur le dessus de sa tête pour dégager sa vision.

— Il n'y a plus de batterie, se lamente-t-il en déposant la liseuse sur l'herbe.

— Oh... c'est l'un des inconvénients de la lecture numérique.

— C'était presque terminé.

Mes bras s'enroulent autour de lui afin de le ramener sur mon corps. Les jambes légèrement écartées, je lui fais de la place pour qu'il puisse se nicher tout contre moi. Ses coudes le soutiennent de chaque côté de ma tête, tandis que son souffle effleure ma peau.

— Ne finis pas ce livre sans moi, je veux que tu me lises les derniers chapitres, réclamé-je en souriant.

— Très bien, je ferai ça, approuve-t-il avant de déposer un baiser sur mes lèvres. Tu commences bientôt.

— Hum, ne m'en parle pas, grogné-je, je n'ai pas envie de bouger d'ici. Je suis trop bien avec toi, comme ça. Je vais laisser ma place.

— Tu ne peux pas...

— Non, et je ne le ferai pas, laisse-moi espérer encore un peu.

Kasper rit doucement contre mon visage, me procurant un sentiment indescriptible qui se répercute dans mon bas-ventre. Je suis au bord de l'agonie depuis quelques jours, mon corps réclame ma Douceur avec ferveur. Je ne peux rien faire contre cela, hormis prendre mon mal en patience et respirer profondément. Sa façon de me regarder a changé, une nouvelle étincelle est née dans ses yeux. Je sais parfaitement ce qu'elle représente, c'est ce désir brûlant qui consume ses beaux iris et qui grandit davantage chaque seconde. Elle est apparue le soir du feu de camp et n'a pas bougé depuis. Elle niche, là, dans son regard enflammé et n'attend qu'à s'épanouir, tandis que moi, j'attends que vienne le moment de nous unir.

— J'ai rêvé de toi la nuit dernière, murmure-t-il les joues légèrement rougies.

Mes mains naviguent dans son dos, le caressent tendrement tandis qu'il expire doucement.

— Ah oui ? Et que s'est-il passé dans ce fameux rêve ? m'enquiers-je à mi-voix.

— Nous étions dans l'eau..., souffle-t-il, je n'avais pas peur. Le soleil se couchait et tu riais en m'éclaboussant.

J'acquiesce, un sourire aux coins des lèvres. Il baisse la tête, pose son front contre ces dernières puis son corps frissonne contre le mien. J'ignore ce qu'il va dire, mais j'ai l'impression qu'il revit chaque instant de ce songe.

— Tu m'as ramené vers toi, continue-t-il sans me regarder, tu m'as pris dans tes bras et tu m'as embrassé.

Il remue légèrement, se laisse glisser sur mon torse afin de poser sa tête contre mon cœur qui bat lentement. Il se cache, fait en sorte de me fuir afin que je ne l'observe pas, pourtant, j'aimerais me perdre dans son océan calme et paisible.

— Et ensuite ? demandé-je en scrutant attentivement le ciel.

— Ensuite tu... tu m'as... enfin, tu...

Il se tait, inspire brusquement puis agrippe mon tee-shirt entre ses doigts, comme pour s'ancrer à la réalité ou tout simplement trouver le courage de terminer. Ne pas le voir me perturbe. Malgré son embarras, j'ai besoin de détailler son visage, de voir chacune de ses expressions pour être certain de ce qu'il ressent. Alors, je passe mes paumes sous ses bras afin de le soulever. Dans un geste rapide mais doux, je le retourne pour l'étendre sur l'herbe. Un couinement de surprise lui échappe et j'en profite pour le surplomber. Un genou de chaque côté se son bassin, j'approche mon visage du sien alors qu'il me fixe, les yeux arrondis et les lèvres entrouvertes.
Nous sommes si près que nos souffles se mêlent.

— Dis-moi, Kas, murmuré-je en frottant le bout de mon nez contre le sien.

Son visage se colore davantage, tandis qu'il inspire par saccades.

— Et bien, tu... tu passais tes mains sur... moi, dit-il timidement.

Je me déplace, prend appuie sur mon coude afin de laisser un peu d'espace entre nous. Mon cœur s'emballe subitement, je ne suis pas certain de ce que je m'apprête à faire mais mes mouvements sont guidés par l'envie. Ma paume se pose sur sa poitrine tandis qu'il se mordille la lèvre en me regardant faire. Ma main descend lentement sur son buste, passe sur son ventre jusqu'à la bordure de son vêtement que je soulève un peu. Mes doigts rencontrent sa peau dévêtue, qui frissonne et frémit pour moi.

— Comme ça ? demandé-je en un murmure.

Il acquiesce deux fois, alors que je remonte petit à petit pour découvrir davantage son épiderme brûlant.

— Et après ?

— Tu m'embrassais encore...

Je me penche vers ses lèvres, les lèche avant de les dévorer. Je lui offre un baiser qui le fait trembler alors que mon cœur s'acharne dans ma poitrine.
Je m'éloigne à contrecœur quand le souffle nous manque. C'est haletant que Kasper dépose ses grands yeux bleus sur moi. Sa bouche est rougie par mes assauts, légèrement gonflée et luisante lorsqu'il passe le bout de sa langue dessus.

— C'était pas... sur les lèvres, chuchote-t-il entre deux respirations.

Je ferme un instant les paupières tentant d'annihiler le désir qui enflamme mes reins. C'est un supplice de résister, mais Kasper mérite la patience et le respect. Je crois qu'il n'en a pas conscience, il est bien trop innocent, mais étendu sur l'herbe, les lèvres pulpeuses, les yeux brillants et la poitrine se gonflant frénétiquement, il est l'appel à la luxure. À tel point que mon être se consume face à sa simple vision.
J'inspire doucement, me penche légèrement et laisse glisser mon index sur sa joue, jusqu'à l'arête de sa mâchoire.

— C'était ici ? demandé-je en le caressant.

Il signe la négation d'un mouvement du menton, alors mon doigt s'aventure vers sa gorge, puis remonte lentement sous son oreille. Ses yeux s'enflamment immédiatement et je comprends que c'est là, sans qu'il ne prononce un seul son. Un demi sourire étire mes lèvres tandis que je m'approche de son cou, là où bat sa jugulaire. Ma langue y trace des petites formes avant que ma bouche se referme afin d'englober sa peau et d'aspirer légèrement. Il tend le cou, m'offrant plus d'accès tout en gémissant doucement. Sa peau à le goût du soleil, légèrement salée, et son odeur s'infiltre dans mes narines jusqu'à me faire perdre tout bon sens. Ses mains s'agrippent dans mon dos, il se cramponne à moi, passant une cuisse entre mes jambes pour nous rapprocher davantage. Je mordille la marque qui bleuit sur son épiderme, puis y passe la langue pour alléger les picotements qu'il doit ressentir.

— Silas..., soupire-t-il en comprimant son corps contre le mien.

Je ressens son désir qui enfle entre ses cuisses alors qu'il semble soudainement prendre de l'assurance. Sa paume s'abat sur mon épaule, me pousse jusqu'à ce que mon dos rencontre le sol. À califourchon sur mon bassin, il m'observe entre ses cils humides, les joues rosies. Je retiens mon hoquet de surprise, me satisfaisant complètement de sa soudaine prise d'initiatives. Ses mains se posent sur mon torse alors qu'il se laisse tomber contre moi, si brusquement que j'en ai le souffle coupé durant un court instant.

— Excuse-moi, murmure-t-il, une moue contrite sur son joli visage.

— Pas de problème.

Ma voix n'est qu'un soupir, elle se meurt et j'ai moi même du mal à la reconnaître mais Kasper me rend fébrile. Chacun de ses contacts est une félicité. C'est un plaisir innommable que j'atteins à chacun de ses effleurements.

— Silas, je crois que... j'ai envie de... enfin, je crois être prêt à... plus, hésite-t-il en battant des cils.

Mon cœur rate un battement, puis deux ou trois, avant de marteler ma poitrine, si brutalement qu'il est susceptible d'exploser. J'ai soudainement très chaud, trop chaud. Ma peau me démange, mon souffle se fait chaotique. Kasper me rend fou de désir, lui et ses grands yeux innocents, lui et sa bouche qui me font rêver, lui et son côté entreprenant. Il fait des efforts, travaille sur sa timidité afin de se montrer transparent face à moi et j'adore qu'il le fasse. Je pourrais l'allonger sur le sol, maintenant. Parcourir son corps de mes doigts, de ma langue, de mes baisers, jusqu'à ce que nous ne formions plus qu'une seule personne, jusqu'à ce que Kasper et Silas disparaissent pour ne laisser qu'un tout rempli d'amour et de respect. Oui, je pourrais le faire, tout de suite, lui offrir ma dévotion et mon adoration, le faire se sentir bien comme jamais il ne l'a été auparavant, mais pas ici.

— Kasper, viens plus près, suffoqué-je.

Comme si c'était humainement possible, comme s'il n'était pas déjà tout contre moi. Mais ce n'est pas suffisant, j'ai besoin de plus, de lui, de tout ce qu'il m'offre.
Ma paume se ferme sur sa nuque pour guider son visage près du mien, jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent les miennes dans une lenteur qui me fait vriller l'estomac. Il m'embrasse timidement, tandis que je le laisse guider la danse. Ses mains remontent sur ma poitrine jusqu'à venir tirer mes cheveux sur le dessus de ma tête. Je me laisse aller tandis que je m'abondonne à lui. Mais mon moment de béatitude prend brusquement fin lorsque l'alarme de mon téléphone se met à sonner, brisant la bulle d'amour dans laquelle nous étions perdus.
Un grognement de désespoir m'échappe alors que Kasper s'éloigne et cache son visage dans mon cou. J'avais parfaitement conscience que ce moment ne durerait pas, que ce n'était pas l'instant pour aller plus loin mais j'en suis tout de même affreusement déçu.
J'ai envie de lui, terriblement mais malgré cela, je ne peux m'empêcher de me demander s'il est véritablement prêt pour un tel acte.

— Je vais devoir y aller, murmuré-je à contrecœur tout en caressant son dos.

Il gigote un peu, enfonce davantage son visage contre mon cou en marmonnant des mots incompréhensibles. Ses lèvres bougent lentement sur ma peau mais je ne saisis pas ce qu'il me dit. Après un petit moment, il se redresse, le regard empreint de déception.

— Tu travailles tard ? me demande-t-il en boudant.

— Assez, je termine dès que le restaurant ferme donc vers 00h30, voire 01h00, réponds-je en dégageant son front de ses mèches rebelles.

— Hum... on ne pourra pas se revoir aujourd'hui, alors.

Il semble déçu et je le suis aussi, mais je n'ai pas d'autre choix que de me séparer de lui.
Je me redresse à mon tour, enroule mes bras autour de son corps pour que nous puissions nous lever. Il se laisse guider, et soupire lorsque ses pieds touchent le sol.

— Viens avec moi, dis-je en entremêlant mes doigts aux siens. Je dois retourner au bungalow avant de prendre mon poste et j'ai une idée.

— Laquelle ?

— J'ai un double des clés, lui apprends-je tandis que nous prenons le chemin vers le camping. Je vais te le laisser.

— Pourquoi ?

Je me tourne vers lui, englobe son visage et dépose un baiser sur son nez.

— Tu n'es pas obligé, d'accord ? Je ne t'obligerai jamais à rien, mais si tu veux qu'on dorme ensemble, tu peux m'attendre dans mon bungalow. Tu fais comme chez toi, tu prends tes aises et moi, je te rejoins dès que je finis mon service.

Ses yeux s'arrondissent légèrement alors que ses joues s'empourprent agréable. Il baisse la tête, triture ses doigts puis acquiesce.

— Oui..., souffle-t-il finalement, ok.

Je lui souris avant de l'embrasser doucement, puis nous reprenons notre route, main dans la main.

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