Chapitre 62, partie 1 :

11 minutes de lecture

22 août 2021, début de soirée.

Silas :

Un sourire étire mes lèvres à l'instant où je rencontre le regard de ma Douceur. Ses yeux brillent sous l'éclat des derniers rayons de soleil. Il est éblouissant.
De l'autre coté de la terrasse, il est adossé contre un arbre, sa liseuse à la main. Ses cheveux sont maintenus par ses lunettes relevées sur sa tête, seuls ses deux mèches colorées retombent sur son front. Je crois qu'il a appris à aimer le bleu et le rose qui se mêlent à son blond, probablement parce que le produit a dégorgé et que les couleurs semblent pastels désormais.
Il patiente depuis un moment, cela fait plus d'une heure que mon attention vacille entre mes clients assoiffés et ma Douceur qui jongle lui aussi entre l'écran et moi. Nous sommes comme deux aimants, irrémédiablement attirés l'un à l'autre. J'avoue que je délaisse mon service depuis qu'il est arrivé et je suis certain qu'il ne parvient à lire qu'un mot sur trois de ceux qui se présentent sous ses yeux, trop occupé à chercher mon regard toutes les deux minutes. J'avoue que ça me plaît. J'aime sentir son attention braquée sur moi, ça fait battre mon cœur par saccades et intensifie le désir que je ressens perpétuellement pour lui.
Ma tête est pleine d'images de lui lorsqu'il jouit, depuis ce matin, depuis que nous avons énoncé l'idée de passer le cap. Mon corps est bouillant, il quémande la présence de ma Douceur, de sa chaleur, de son odeur.
Si tout se passe comme prévu, ce soir, je serai entièrement sien tout comme il sera éternellement mien. J'angoisse un peu, émettre le contraire serait mentir. Je suis celui qui va lui faire découvrir le plaisir charnel entre deux hommes épris et j'ai peur de ne pas être à la hauteur de sa magnificence. Je sais faire l'amour, il n'y pas de problème de ce côté. Je sais comment rendre dingue un corps alangui mais avec lui, tout est une première fois pour moi aussi. Kasper est doux et je me dois d'être le plus avenant et tendre possible. Jusqu'à maintenant, j'y suis parvenu mais j'admets être terrifié à l'idée que ce pas en avant ne lui plaise pas et que nos efforts s'effondrent pour une maladresse que je n'aurais pas su anticiper.

— Miller ! me siffle Thonyo d'un ton grave. Je t'adore, gamin, vraiment, mais là j'ai besoin que tu sois un peu plus énergique. Alors, arrête de penser au gosse des Price et bouge ton cul, Don Juan.

Je jette un œil à la file qui patiente pour se faire servir et acquiesce en soupirant.
Comment se fait-il qu'il y ait tant de monde au bar alors que nous sommes dimanche ?
Je reprends mon travail avec un peu plus de sérieux et de rapidité afin d'apaiser le barman qui, je suis certain n'a même pas le temps de souffler. Les commandes défilent, les verres se remplissent et se vident quasiment aussi vite, puis les minutes s'étalent et enfin, le monde se fait moins pressant. Lentement, la nuit s'installe et les vacanciers se dissipent afin de rejoindre leurs habitations. Après deux heures intensives, je soupire en m'adossant contre le comptoir, la peau moite de transpiration et les cheveux trempés. Mon regard retrouve Kasper que je n'ai pas eu le temps d'admirer durant tout ce temps. Il n'a pas bougé, mais est en train de discuter avec son amie Marie. Ils semblent entretenir une conversation sympathique puisque ma Douceur sourit merveilleusement.
Mon attention dérive à nouveau quand un verre glisse sous mon nez.

— Bois, m'invite Thonyo, c'est un cocktail à base de tequila, c'est frais. Ça va te faire du bien, t'as la tronche d'un mec qui a passé trois heures au sauna.

— Ce que tu peux être drôle, ricané-je en attrapant le verre. Ce n'est pas comme si il faisait encore 27° à vingt-trois heures. Merci.

— Petit joueur. C'est vrai, il flotte toujours en Angleterre. D'ailleurs ça me fait penser, vous connaissez l'été vous aussi ?

— Je suis né à Hastings, pas en Norvège, raillé-je en amenant le verre contre mes lèvres.

J'avale le liquide coloré en une gorgée, puis grimace en secouant doucement la tête.

— C'est super fort, râlé-je en tirant la langue.

— Ouais, mais c'est super bon !

J'opine en avisant le verre vide, regrettant de l'avoir bu si rapidement. C'est vrai que ce n'est pas mauvais. J'ignore ce qu'il a mis dedans, mais je crois avoir senti du pamplemousse et peut-être de l'orange aussi.

— Allez, barre-toi. L'affluence est passée, ça va être calme maintenant.

— Je n'ai pas fini mon service.

— Et alors ? Marco n'est pas là et tu trépignes d'impatience de retrouver son cher petit neveu, alors qu'est-ce que t'attends ?

Un large sourire étire mes lèvres alors que je lui tape doucement l'épaule.

— C'est toi le meilleur, mon beau barman.

Thonyo lève les yeux au ciel en pouffant de rire puis me pousse pour que je me sauve. Je récupère rapidement mes affaires et me dirige furtivement vers ma Douceur qui me tourne le dos alors qu'il parle encore avec Marie.
Arrivé à sa hauteur, je l'enlace en enroulant un bras autour de sa taille alors que ma main libre se pose sur ses yeux. Je le sens frissonner quand mes lèvres se posent sur sa joue.

— Devine qui c'est, murmuré-je contre son oreille.

— J'ai senti ta présence avant même que tu me touches, répond-il sur le même ton.

Je souris contre sa peau, heureux de le retrouver et fier d'être celui qu'il aime.
Je l'embrasse encore, cette fois contre sa nuque et pose mon menton sur le sommet de son crâne lorsque je me redresse. Marie nous regarde avec tendresse, un sourire chaleureux au bout des lèvres.

— Je crois qu'il est temps pour moi de partir, je ne vais pas faire attendre Bianca plus longtemps. Tu la connais, quand elle s'impatiente elle devient complètement folle.

Kasper lâche un rire sonore qui se répercute immédiatement dans le creux de mes reins et laisse glisser sa main jusqu'à la mienne qui repose sur son ventre. Il entrelace nos doigts puis dit au revoir à son amie qui file la seconde suivante.
Lentement, il pivote vers moi, se dresse sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur ma bouche. Je clos les paupières, inspirant longuement tout en souriant.

— Encore, quémandé-je en le plaquant contre moi.

Il rit timidement puis réitère son geste en laissant ses lèvres contre les miennes pendant un petit moment. J'ai envie de l'embrasser pour de vrai, d'entremêler ma langue à la sienne pour un baiser brûlant et dégoulinant de désir mais je me retiens.
Pas encore, Silas. Patience.
Lorsqu'il s'éloigne, j'enserre davantage ses doigts et me mets en marche, l'incitant à me suivre. J'ai besoin de le retrouver, de passer du temps avec lui. Il m'a manqué aujourd'hui et n'a pas quitté un seul instant mes pensées. Ni ses beaux yeux bleus, ni son corps que j'aimerais découvrir entièrement sur ma peau désireuse.

— Où va-t-on ? s'enquiert-il avec amusement. Doucement, Silas, tu vas trop vite.

— Regarder les étoiles, réponds-je en ralentissant. Mais avant, j'ai besoin d'une douche.

Froide !
Glacée.
Il faut que je me calme. Mon corps désire Kasper avec ardeur, peut-être trop et si je ne fais rien pour faire baisser la température qui me brûle l'âme, je risque de précipiter les choses sans même en avoir conscience. Il me faut toute ma tête pour pouvoir lui faire l'amour et que ce soit parfait pour lui. À condition, évidemment, qu'il n'ait pas changé d'avis. Seigneur... le simple fait d'y songer me donne envie de hurler de désespoir. Je sais qu'il n'en a pas conscience, mais la tension devient telle que je peine à la supporter. J'ai atrocement envie de lui et s'il ne me désire plus, je serai capable de me mettre à pleurer comme un bébé tellement la frustration serait immense.

Lorsque je pénètre dans mon bungalow, je retire directement mon tee-shirt et me dirige d'un pas rapide vers la salle de bains.

— J'en ai pour cinq minutes, crié-je à Kasper alors que j'actionne déjà le pommeau de douche. Attends-moi, Honey.

Je lâche un long soupir quand l'eau rencontre les muscles tendus de mon dos. Je profite de la fraîcheur pendant un court instant avant de me savonner à la hâte pour me rincer encore plus rapidement. J'enfile des vêtements propres sur ma peau encore humide, passe une main dans mes cheveux dégoulinants pour les rabattre vers l'arrière et rejoins ma Douceur qui patiente tranquillement dans le salon.
Lorsqu'il relève les yeux vers moi, le bleu de ses iris semblent soudainement s'enflammer. Je le vois déglutir alors que son regard parcourt mon torse avec paresse. Je ferme une seconde les paupières, encaissant la nouvelle vague de chaleur qui me parcourt. Il va me tuer, Kasper Price sera responsable de ma mort. Je vais succomber sous le coup d'une combustion spontanée.
Mon désir s'éveille brusquement lorsque j'observe sa langue venir humidifier ses lèvres. Je serre les dents, priant pour qu'il ne remarque pas la raideur de mon plaisir sous le tissu de mon jogging en coton.

— Silas... tu, t'es... tu es encore tout mouillé, murmure-t-il en rougissant légèrement.

Je baisse la tête vers mon buste, remarque que mon haut blanc est devenu transparent à certains endroits et qu'il colle à ma peau humide. Je hoche doucement la tête en capturant de nouveau son regard, m'approche de lui et le fait quitter le canapé en récupérant sa main. Il se tient devant moi, les joues rosies et la lèvre inférieure prisonnière de ses dents. Je l'amène vers moi, soupire lorsque son corps rencontre le mien et ma bouche se pose sur son front pour tenter de me contrôler.

Tu es beaucoup trop beau, mon amour. Tellement désirable. Et je suis satisfait de remarquer que je te fais le même effet que celui que tu me procures sans même t'en douter.

Je le pense si fort, mais reste muet pourtant. Je ne souhaite ni l'effrayer ni l'embarraser. Ce soir, malgré mon impatience, mon envie irrépressible de lui, nous irons à son rythme, cela ne peut pas être autrement.
J'inspire profondément, me gorge de son odeur et dépose un baiser sur le bout de son nez quand mes esprits se calment enfin.

— Il fait beau, encore chaud malgré qu'il fasse nuit, et j'aimerais vraiment profiter du ciel et de ses merveilles. Ça te tente ? demandé-je contre sa peau.

Ses iris d'un bleu étrangement sombre s'ancrent aux miens alors qu'il acquiesce. Sans perdre un instant, je le guide jusqu'à la sortie, puis dans la forêt en nous éclairant de la lampe torche de mon téléphone, jusqu'à ce que nous arrivons aux rochers qui nous accueillent si souvent.
J'observe Kasper s'installer sur le sol, le dos contre une pierre et les jambes étendues dans l'herbe. Il relève le visage vers moi alors que je demeure immobile, debout face à lui.

— Tu ne viens pas ? chuchote-t-il en inclinant la tête. Tu es trop loin... de moi, Silas. Viens... s'il te plaît.

Mon cœur s'emballe, je l'aime si fort que j'ai peur de ne pas y survivre. Il a la capacité de me rendre dingue en un claquement de doigts et je me demande si les choses changeront lorsque nous aurons sauté le pas. Je ne suis pas certain que mon amour et mon attirance pour lui puisse s'amoindrir, c'est impensable, impossible.
Je prends place près de lui, me positionne de façon à ce que nos visages se retrouvent l'un en face de l'autre. À peine ai-je posé les fesses à terre, Kasper passe ses jambes au-dessus des miennes afin de nous approcher davantage. Mon palpitant s'enrage, rugit presque dans ma poitrine, il a l'air si sûr de lui, pour une fois. Malgré sa timidité et sa maladresse, une lueur de détermination fait briller son regard et j'affectionne particulièrement ça.

— Je t'aime, soufflé-je en me penchant vers lui. Je t'aime, Kas.

Un sourire naît sur ses lèvres roses et pleines.

— Moi aussi je t'aime, Silas.

Mes mains retrouvent ses hanches pour le faire basculer sur moi. Les fesses sur mes cuisses, il se laisse glisser jusqu'à ce que son torse rencontre le mien. La lueur de la lune fait briller ses yeux et rend sa peau opaline. Il est merveilleux. Un ange auréolé d'une blancheur évanescente.

— Est-ce que je peux t'embrasser ? soufflé-je contre son visage.

Ses pupilles rétrécissent doucement alors qu'il plante son regard dans le mien. Il ne répond pas mais parcourt la courte distance qui nous sépare afin de percuter ma bouche. C'est presque brutal et étonnant venant de lui, mais je ne m'en plains pas. J'accepte ce qu'il me donne avec plaisir et envie.
Mes mains sur ses hanches remontent dans son dos jusqu'a venir se refermer autour de sa nuque. Je lui rends son baiser avec le même enthousiasme et grogne doucement quand sa langue effleure mes lèvres. J'ai l'impression de faire face à une nouvelle facette de ma Douceur et c'est sensationnel. Lentement, son bassin se met à se mouvoir contre le mien alors que mon désir s'érige graduellement pour venir à la rencontre du sien.
Ses hanches appuient contre les miennes alors que Kasper se met à trembler entre mes bras. La chaleur qui inonde mes veines est incandescente, de la lave en fusion. J'ai terriblement envie de le posséder, de le faire mien.
Je retiens mon râle de mécontentement lorsqu'il s'éloigne de moi, les joues rouges et les lèvres gonflées par nos baisers.

— Kas..., soufflé-je au bord de l'agonie.

Je vais exploser. Mon corps n'est plus que flammes et impatience.

— Tu, je... je veux... j'ai envie de... toi..., peine-t-il à articuler. Je veux... faire l'amour... avec toi.

Oui !
Je te désire aussi, mon Cœur, plus que tout.

Je clos les paupières, inspire doucement afin de calmer les battements de mon palpitant. Ma main se pose calmement sur la poitrine de Kasper, je crois que son cœur bat aussi vite que le mien.

— Est-ce que tu sais ce que ça implique, Kasper ?

Nous en avons déjà parlé, enfin, nous avons survolé le sujet en émettant l'idée de passer le cap, de ne faire plus qu'un et de s'aimer encore plus fort. Pourtant, alors que le moment que je désire depuis si longtemps se présente enfin à moi, j'ai besoin d'être certain de ce qu'il veut. S'il hésite à me répondre c'est qu'il n'est pas prêt et dans ce cas de figure, je ne ferai rien qu'il pourrait le heurter.
Mon cœur s'emballe davantage lorsqu'il acquiesce.

— Je crois que... oui, je le sais parfaitement.

— Kas... si nous décidons d'aller plus loin, tu ne pourras plus revenir en arrière, murmuré-je. Est-ce que tu es certain de le vouloir ?

— Oui, répond-il immédiatement, j'ai... conscience de tout et je, je le veux, Silas. Je te veux, toi... s'il te plaît...

Mes lèvres retrouvent les siennes avec empressement alors qu'un râle de surprise remonte sa gorge. Nous devions regarder les étoiles, mais je crois que cette nuit je vais parvenir à les toucher.

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