Chapitre 3 - La nuit

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A pas de loup sur le grand escalier de marbre blanc, je descends vers le bureau de mon père. Le crépitement caractéristique de la poudre de cheminette et surtout le claquement de l'air à l'apparition du visiteur m'ont réveillé.

Je veux savoir.

En silence, je m'approche de la porte et colle mon oreille au battant.

Rien. Assurdito, forcément.

J'hésite, mais si j'essaie de dissiper le sort anti-espion, mon père risque de le savoir et c'est hors de question.

Je décide d'entrer dans la bibliothèque en laissant entrouvert pour guetter la sortie de son interlocuteur et surprendre des bribes de conversations.

C'est long et l'envie de dormir se fait insistante mais je me force à rester conscient. De dépit, je tente sur moi-même le sortilège Revigor, mais la décharge d'énergie m'arrache un cri que je peine à réprimer. Anxieux, je cesse de respirer, tout oreilles.

Apparemment, le sort de silence a été lancé à double sens pour éviter d'éventuels dérangements.

Je recommence à respirer, soulagé.

Enfin, la porte se rouvre et un petit être répugnant trottine hors de la pièce : habits raidis de crasse et déchirés, manteau en cape qui répand à chaque pas la puanteur de l'individu, cheveux filasses et gras collés sur un crâne qui se dégarnit, visage pitoyable sur une carrure trapue, le visiteur ploie sous un sac trop lourd pour lui et qui semble renfermer un contenu mou et informe.

- Dis-lui bien qu'il devient de plus en plus difficile de s'approvisionner.

Le chuchotement de mon père, sec et méprisant comme à son habitude, semble faire porter un fardeau supplémentaire au petit homme disgracieux, qui acquièsce en silence.

Mais j'ai senti dans la voix de mon père une fêlure.

Il raccompagne l'autre au bout du couloir et j'entends à nouveau le crépitement des flammes magiques lorsque celui-ci disparaît par la cheminée du petit salon.

Je retiens mon souffle en fixant le dos de mon père. Celui-ci se retourne soudain et remonte le couloir dans ma direction. Je m'écrase contre le mur en attendant qu'il passe, tâchant de calmer mon coeur qui bat la chamade.

Tout-à-coup, ses pas s'arrêtent devant la porte et je prie de toute mes forces tous les dieux que je connais qu'il ne me repère pas.

- Drago.

La voix de mon père, un sussurement glaçant. Je ne bouge pas.

- Lord Voldemort t'aurait tué dans pareil cas. Mais, avant, il t'aurait fait souffrir. Longtemps.

Je ne réponds pas. Comme stupéfixé, je reste immobile, espérant que tant que je ne le vois pas en face de moi, que je ne me trouve sous son regard perçant, il ne m'arrivera rien.

- Et il aurait raison.

Le silence, de plomb, s'abat entre nous comme une tranchée infranchissable de feu sorcier.

Puis je l'entends s'éloigner sans un mot et je me retrouve dans le noir.

Seul.

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