Chapitre 4 - Ombre et lumière...

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Je me frotte contre le piédestal d'une statue de phoenix aux ailes déployées qu'abrite une alcove dans le mur, mais le groupes d'èlèves encapuchonnés de noir passe à côté sans nous prêter attention.

Il faut dire qu'ils ont l'habitude de voir la chatte de Rusard dans tous les recoins du château, espionnant les élèves à l'affût d'un mauvais coup ou, plus probablement, à la recherche des souris, rats et autres petits animaux qui grouillent dans les ombres.

S'ils avaient été plus attentifs, ils auraient reconnu ce chat élancé, racé, très dissemblable en fait de la bête hirsute du concierge.

Lorsque le groupe disparaît, un voile trouble m'enveloppe, qui enfle et se déforme pour prendre l'apparence d'une vieille sorcière en tenue sévère.

Minerva McGonagall.

Je regarde par-dessus mon épaule et, en réprimant un sourire, prononce le mot de passe du moment : Reverdi patati. Je m'amuse toujours de l'apparente puerilité des trouvailles du Professeur Dumbledore, même si je m'étonne chaque fois de la complexité tortueuse qu'il y dissimule.

Le phœnix se met à touner sur lui-même pour s'élever peu à peu en découvrant tout autour de son pied un escalier à vis secret. Je monte sur une marche et me laisse emporter dans ce lent tourbillon de pierre.

- Bonsoir, Minerva. Y aurait-il un problème avec nos pensionnaires ou nos invités ? me demande-t-il, visiblement inquiet, dès que j'ai franchi la porte de son repaire.

Je le regarde un moment avec un sourire et en le rassurant d'un mouvement de la tête. J'admire ce faisant comme le passage des années l'a mis en valeur, soulignant son sourire, sa sagesse, ses yeux rieurs de rides expressives tout-à-fait distinguées. Je contemple aussi l'auréole folle et fournie de sa crinière nuageuse.

Nous avons vieilli.

- J'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours et je pense que vous devriez revenir sur votre choix d'annuler le Bal du Tournoi. Les aurors patrouillent partout et les sortilèges défensifs ont été renforcés. Nos élèves ont cruellement besoin de légèreté, de divertissement, de rêve, de romantisme, d'amour-

- Oui, Minerva, je vous ai comprise, m'interrompt-il en riant.

Il déchausse ses lunettes et se frotte le visage énergiquement.

- J'ai décidé de limiter les risques d'intrusion en évitant les rassemblements festifs de ce genre. Vous savez bien que Lord Voldemort cherche à semer le trouble dans les esprits et il serait trop heureux de nous gâcher cette fête !

Je me mordille les lèvres puis, décidée et le sourire élargi, je redresse ma baguette :

- Fastuas lyrensis noctibus !

A mon murmure, la flamme des bougies baisse en intensité et la musique douce d'un orchestre monte doucement dans la pénombre.

- Albus, allons, rappelle-toi !

Je m'approche de Dumbledore en accomplissant une petite arabesque de ma baguette vers mes vêtements :

- Pulchrae nubilis !

Ma robe stricte et sombre de sorcière se mue en un fourreau lumineux et froufroutant ; je lui applique le même sortilège et le directeur de Poudlard se retrouve fringant cavalier de cour avec son complet de brocart rouge et or.

Nous nous sourions et Dumbledore fait un pas vers moi et me tend la main ; une valse lente décolle alors et nous tournons doucement entre les meubles chargés de livres et d'objets étranges.

- Souviens-toi comme nous étions à leur âge...

Dumbledore soupire d'aise, ma tête contre sa poitrine.

Nous tournons simplement sur nous-mêmes.

- Il leur faut de belles expériences et des souvenirs de bonheur s'ils veulent continuer d'espérer en des jours meilleurs lorsque les Ténèbres grandiront...

Le sorcier s'arrête et lâche, glacé :

- Tu as raison, Minerva, nous allons faire cette fête. Excuse-moi mais j'ai beaucoup de choses à régler pour le Bal et je dois m'y mettre !

Je le regarde retourner vivement à son bureau pour compulser à nouveau son abondante paperasse.

- Je peux t'aider... ?

J'ose à peine le proposer, tant je crains de m'attirer un refus.

- Non Minerva, va te reposer. A demain.

Il n'a même pas relevé la tête.

Je reste un instant immobile, mâchoires crispées, puis je me redresse et quitte le bureau, prête à retraverser le grand château plus habité à cette heure par des courant d'air que par des êtres pleins de vie et d'espoir.

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