LE RELIQUE

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8 secondes. La plante respire. Moi, j’étouffe. Le soleil ne va pas tarder à se lever. Mon coeur bat plus fort. Une lumière artificielle vacille. Je pourrais oser la toucher ? Je me ravise. J’ai besoin de la voir au naturel, au lever du soleil, comme dans les écrits. Je veux savoir si la légende est vraie. Le scan est long, je dois… NOUS devons l’observer sous toutes ses coutures. J’ai besoin de tourner autour mais c’est un calvaire. Comment respirer le moins possible quand on marche sur du régolithe. La combinaison est lourde, mais mon esprit est léger.

Je contourne, j’observe, je m’enivre. Je valse autour d’une déesse isolée. Qui aurait pu croire qu’une simple graine aurait pu donner naissance à une telle beauté ? À chaque pas, je découvre une nouvelle courbe… et un nouveau détail. C’est un sculpture de la femme parfaite. Je crois voir un sourire. Non. Un rictus. Est ce qu’elle m’a entendu ?

Je la contourne en me battant avec la poussière qui menace mes pieds. C’est une véritable épreuve. M’a t elle vraiment souris ? Est-ce qu’elle me teste ? Est-ce qu’elle choisit ?… Non. C’est moi qui délire.

Il faut poser les yeux dessus pour comprendre.

La voix de cet homme me revenait. Le Duc. Isabelle l’avait retrouvé dans un bouge à moitié désert, derrière un rideau poisseux. Debout à astiquer un œuf doré comme pour en faire sortir un génie. Le type s’appelait “Le Duc” ? Pourquoi ? Personne n’osait poser la question. Il portait une vieille cape effilochée, et des yeux brûlants qui semblaient voir à travers la peau. Il avait un turban sur la tête, comme pour cacher son troisième œil.

- Ben, c’est sorti d’une graine, on trouve le vaisseau, on trouve la plante.

- Vous ne comprenez pas, ce n'est pas une plante.

 Le Duc venait de poser ses mains énormes sur le journal du mercenaire en le caressant légèrement. Cooper mâchouillait son cure dent avec un regard bovin.

- Ah non ? C’est quoi alors ? Une pizza ?

Elle fit un sourire en regardant le ciel, je l’avais entendu pouffer de rire. Elle était peut être consciente de sa propre bêtise :

- J’aimerais bien un arbre à pizza.

- C’est une Orchidae Valentinia, j’ai déjà prévu son nom scientifique. Elle est capable de balayer des amibes plus vite que vous ne le ferez jamais avec vos… pioupiou de l’espace.

- Ca, j’en doute, Doc

- Ce n'est pas Doc, c’est Le Duc. Et pendant que vous ricanez, l’inspiration, elle, peut déjà se cacher autour de votre vaisseau.

Isabelle venait de s’interposer délicatement entre les deux, telle une anguille :

- C’est pour ça que j’ai besoin de votre expertise

- Je… Ne suis pas un homme de terrain.

- Ça coûterait combien de vous convertir en homme de terrain ?

Le Duc ne broncha pas. Il regardait Cooper comme on regarde un insecte qui n’a pas compris qu’il chiait sur du caviar.

- Vous pensez que c’est une affaire. C’est une épreuve. L’Orchidée ne se laisse pas approcher par hasard.

Il nous fixa, tour à tour, avec ce regard qui fouille trop profond.

- Elle choisit… Et les étoiles vous guident.

Il posa sa main sur une étagère. Il y avait un genre de pendentif avec un morceau d’ambre au milieu :

- Les étoiles et un peu d’aide de votre ami Le Duc.

- J’aimerais, vraiment, vous avoir à bord Monsieur Le Duc

Encore un qui s’est fait avoir par les manigances d’Isabelle. Nous sommes tous égaux devant la manipulation d’une experte pareille. Mais, je ne lui en veux pas, j’en voudrais jamais à Isabelle d’avoir apporté Le Duc dans cette mission parce que sans lui, je pense que je n’aurais jamais compris. Je ne l’aurais probablement jamais rencontrée.

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