Chambre 13ter

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Au creux de la vie en lui, le battement de son cœur résonne contre son tympan. Il se resserre, se recroqueville au creux de la vie en lui. Repli de lui, indifférent au repli des draps, aux froissements de la vie alentour, aux murmures de la ville. Repli de lui en position fœtale. Le rythme en a été convenu, une fois pour toutes, entre la vie et lui, du battement de son cœur. Donc, par voie de conséquence, de son pas sur le monde, de la frappe de son élan, de celle de ses doigts sur le clavier, du rythme de son phrasé et de son repli, de ses replis d’ombre, que lui seul reconnaît entre tous, sur la basse continue de son cœur. Replis.

Il tient sa tête à la limite du déséquilibre sur la matière réconfortante et souple de l’oreiller, et accueillante comme jamais le monde ne l’est, ne le sera. Plus jamais. Il lui semble, à ce moment-là de la nuit, c’est-à-dire dans cette strate si profonde et si éloignée de la nuit, que cette seule texture du monde pourrait être en mesure de le réconforter de tout ce qu’il est advenu de lui au cours de sa course. Sa course s’étirant sur le monde et l’éloignant dans le temps, dans le même mouvement de son être. Réconfort de l’impression intacte, de sa joue. Sa joue contre l’oreiller, réconfortant par le rebond du rêve et la caresse de la nuit. Et le bruit rassurant de la basse continue de son cœur. En dépit de la course des jours qui l’éloigne de lui et vient, ici, s’abolir.

Son cœur en basse continue, de tout ce qu’il advient de lui dans le monde, même jusque dans les méandres les plus complexes du rêve, les battements de son cœur en basse continue ; de chacune de ses exaltations, du moindre de ses espoirs, de n’importe lequel de ses mouvements. Chacun d’entre eux, exaltations, espoirs, désirs, attentes, désordres, emportements soutenus, contenus par la basse continue, continuelle, ininterrompue de son cœur qui les sous-tend.

À laquelle il ne peut penser, il lui est impossible de penser sans revenir, dans le même mouvement, à la palpitation de la vie qui, du plus loin qu’il s’en souvienne, est ce qui l’a fait entrer dans la musique. Il se souvient - dans les phrases musicales qui lui viennent en tête, qui passent en lui, le traversent, au cœur de la nuit - d’avoir aimé tout de suite, et sans réfléchir, et sans attendre, le battement possible du cœur d’un autre, capable d’effacer toute solitude.

Les battements de cœur d’une autre, basse continue de son phrasé, et de tout mouvement de la vie en lui, comme la basse continuelle de son cœur qui accompagne chacun de ses pas sur le monde. Assurément, il n’est pas possible de ne pas être seul, mais il est possible, au moins pour partie, d’entendre les battements de cœur de l’autre comme on entend les siens propres, et d’accorder alors, de synchroniser les basses continuelle de la vie en soi, en eux, et de la musique.

Il écoute, au creux de la nuit, la basse continue de son cœur qui rythme ses rêves perdus

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