Elle se trouvait dans une pièce blanche. Enfin pas vraiment une pièce parce qu'il n'y avait pas de murs. Elle n'était pas surprise. Chaque nuit, elle faisait ce rêve horrible. Devant elle apparut une copie d'elle-même, couverte de sang, un sourire dément sur le visage comme à chaque fois. Derrière elle, des silhouettes d'hommes et de femmes, un trou sanglant dans la poitrine, le cœur arraché. Elle les connaissait tous. Chacunes de ces personnes. Pour les avoir tuées.Mais cette fois là le rêve changea, les silhouettes ne disparurent pas comme à leur habitude. Elles relevèrent la tête d'un même mouvement, dans leurs yeux se lisaient la peur et la douleur. Le mur se tinta de rouge comme une vague de sang. Ça ne fit même pas tressaillir la jeune femme. Mais les silhouettes s'agittèrent et dans leurs mains apparurent des couteaux, beaucoup de couteaux. Et elles se mirent à courir, courir vers leur meurtrinuit, nuitère, celle qui leur à pris leur avenir, qui leur à pris leur monde sans même un instant d'hésitation. Et quand la jeune femme put voir le blancs de leur yeux ils s'évaporèrent. La peur avait tétanisé l'assassin qui ne vit pas tout de suite le changement de décors. Elle se trouvait en haut d'une colline observant un paysage magnifique. D'immenses arbres à perte de vue, leurs feuilles au milles et une teintes vertes brillaient sous le soleil. Une rivière coulait en contrebas et une route la longeait.Elle ne connaissait pas cet endroit et pourtant un sentiment étrange s'installa en elle. De la nostalgie, de la curiosité,un mélange des deux? Elle ne savait pas, mais quelque chose en elle lui hurlait de trouver cet endroit. De quitter la ville, sa guilde, sa prison de sang et d'obligations. Elle abandonnerait son frère le temps d'un voyage. Tout égoïste que cela puisse être.

*

* *

Quand un général était appelé en pleine nuit c'est qu'il y avait un problème. Petit ou gros Méfistiris s'en fichait. Quand on la réveillait au beau milieu de la nuit, elle était de mauvaise humeur. On l'avait tiré de son rêve en toquant à sa porte. Elle sortit de son lit en grommelant. Elle mit sa tunique de lin et après avoir peigné ses longs cheveux bruns, elle ouvrit la porte pour tomber sur un jeune garçon aux cheveux noirs et aux yeux gris métalliques tremblant de peur.

"Le maître vous demande mademoiselle. Vous êtes invitée en tant que témoin.

Tss, encore un de ses simulacre, pensais la femme. Être témoin d'un jugement consiste à juger l'affaire en plus du maître pour s'assurer de sa fiabilité. Mais personne ne s'opposerait au jugement du maître.

- Halala... Soupira la femme. Pour une fois que je n'avais pas à me réveiller. Retournes à tes occupations gamin, le temps de m'habiller plus proprement et j'arrive." Le jeune garçon acquiesça et s'en alla. Étouffant un baillement avec sa main,la jeune femme referma sa porte et se prépara. Pantalon ,chemise et bottes enfilés en deux minutes à peine.

Quand elle se trouva a peu près présentable la femme sortit de sa chambre. Elle avançait d'un pas rapide dans les couloirs de l'ancien hôpital psychiatrique où logeait sa guilde. Les nuits étaient fraîches dans les sous-sols du vieux bâtiment. Même si la ville était construite au abord d'une oasis en plein désert, la chaleur s'en allait aussi vite qu'elle arrivait.

Après avoir monté quatre étages et marché cinq minutes, elle arriva devant la porte qu'elle cherchait.

Et maintenant, elle était là, en pleine nuit, à perdre des heures de sommeil. À juger deux soldats de classe inférieure qui avaient tué les gardes du Ventre. Le Ventre était le nom donné au bâtiment où logeaient les membres de la guilde. Le bureau du maître s'appelait tête et les souterrains où se passait les transactions était nommé les Veines. La guilde était un important réseau d'assassins et d'espions et de trafiquants en tout genre. C'était la guilde qui règnait sur le marché noir de la ville.

Les soldats étaient coupables et devaient être enfermés mais il fallait se méfier du maître, on ne devinait jamais ses pensées.

Des hurlements de colère jaillirent de la bouche du plus grand des deux, un grand costaud, qui se mit à vociférer qu'ils n'étaient pas coupables et que c'était de la faute du garde qui n'avait pas voulu les laisser entrer parce qu'il les trouvait bizarre.

-Pourtant vous savez qu'il est interdit de boire ou de consommer de la drogue répondit le maître assis derrière son bureau d'ébène d'une voix froide.

-Oui oui on le sait, mais on en à pas pris. geignit l'autre soldat, un petit homme plus frêle que son camarade .

-Menteur. Ce mot suintait d'une confiance maladive. Un fois dit avec une telle intonation tous les arguments paraissaient fades et sans valeurs.

Le maître se leva, sa cape rouge traînant derrière lui. La jeune femme l'avait toujours trouvée ringarde. Il s'approcha des soldats et leur trancha la gorge d'un geste si vif qu'elle failli ne pas le voir.

-Pourquoi tu les as tué, Shaban ?

-Tu ne peux pas comprendre tant que tu n'es pas le maître de cette guilde petite sœur. Et puis je t'es déjà dit de ne pas m'appeler par mon prénom Méfistiris. Lui signala Shaban.

-Ah. J'avais oublié. Répondit Méfistiris d'un ton détaché. Bon avant de partir retrouver mon lit j'aimerais d'abord avoir ton accord pour une toute petite chose.

-Hmm… et qu'est-ce que tu veux?

-J'aimerais avoir ton accord pour quitter la ville quelque temps, pour voir le monde sans avoir des centaines d'espions à ma poursuite. Méfistiris avait tellement peur de la réponse de son frère que ses mains tremblaient. Après tout, il était très impressionnant. Les cheveux coupés courts, les épaules carrés, des yeux verts similaires au sien mais jetant un regard bien plus sauvage et atteignant le mètre quatre-vingt-dix alors qu'elle n'atteignait qu'un pauvre mètre soixante-dix.

-C'est hors de question. Tu reste ici c'est un ordre. Siffla l'homme en lui lançant un regard noir où brillait une lueur de folie. J'ai besoin de tes talents plus que jamais. Bien que rien ne soit irremplaçable je n'ai pas envie de voir mon meilleur élément partir sans raison.

-Mais… bon très bien. Alors comme ça je suis remplaçable hein. Pensais la femme avec amertume.Un simple objet que l'on jette quand il est usé. La colère lui rongeait le cœur comme de l'acide. Juste une dernière chose. Dit Méfistiris en se levant

-Hmm ?

-Ta cape est ringarde. Lança la femme en quittant le bureau de son frère d'un pas mesuré.

Une fois dans sa chambre, Méfistiris commença à mettre son plan sur pied. Elle voulait voir d'autres choses que les toits de nuit et le sang sur son couteau.La liberté qu'elle avait ressenti dans son rêve la suivait dans la réalité.Son frère ne la laissait pas sortir sans autorisation, comme un oiseau enfermé dans une cage. Elle allait partir loin pour découvrir le monde mais elle devait être discrète. Son frère ,n'étant pas d'accord, l'empêcherait de partir par tous les moyens et comme il contrôlait presque toute la ville s'échapper ne serait pas chose aisée. Elle partait sans vraiment savoir pourquoi.Enrichir ses connaissances ou peut-être était-ce juste une envie de passage, comme un nuage dans le ciel. Méfistiris fit ses affaires : des vêtements contre le froid, deux poignards et tout l'argent qu'elle possédait. Elle enfila un manteau de cuir noir d'un geste rapide. Il fallait partir et vite, de nouveaux gardes remplaçeraient bientôt ceux qui étaient morts. Elle sortit du Ventre et arriva dans la grande cour. Il fallait qu'elle se dirige vers le mur nord qui donnait sur la forêt de palmiers et de bananiers. Une centaine de mètres plus loin, la ville de Rachida s'étendait. Une fois le mur passé il lui faudra un moyen de transport. Mais déjà faut-il passer ce mur. Haut d'à peu près cinq mètres, il faisait le tour du bâtiment . Les gens de la ville pensaient que l'hôpital est abandonné depuis longtemps mais aucun n'avait le courage d'aller vérifier.Elle escalada le mur avec quelques difficultés. Ses pieds glissaient sur les prises et la pierre abimait ses doigts. Une fois qu'elle atterrit de l'autre côté la jeune femme se dirigea d'un pas pressé vers le marché nocturne. Il lui fallait une monture, le désert était bien trop long à traverser à pied. Et elle aurait tôt fait de mourir de soif.

Une fois sur place, elle se mit à chercher le vendeur de bêtes. Quand enfin, entre une boutique de babioles et une autre qui vendait des chaussures et vit le Saint-Graal.

‹‹Bien le bonsoir mademoiselle. Que puis-je pour vous? demande le vendeur. Un homme de forte carrure et complètement chauve.

-J'aimerais une monture docile, facile à monter pour pas chère mais assez rapide pour traverser rapidement le désert. répondit Méfistiris d'un ton sans appel.

- Vous partez en voyage? Vous feriez mieux d'attendre le départ des caravanes vous savez.

-Hmm . Bon vous avez ce que je d'mande ou j'dois aller voir quelqu'un d'autre? Siffla la jeune femme impatiente, ses yeux lançant des éclairs.

-Oh oui excusez moi. J'ai exactement ce qu'il vous faut, c'est un p'tit jeune,il vient d'arriver mais il est déjà doux comme un agneau.

Je vous assure que c'est la monture que vous cherchez!

-Pouvez-vous me le vendre maintenant ?

-Oui. Vous êtes pressé? demanda le marchand.

-Ce ne sont pas vos affaires .

-Oh oui je vois. Et bien venez je vais vous vendre ce canasson.

Le marchand l'emmena devant un cheval de taille moyenne, très beau avec sa robe noir et ses crains ondulés.

-Combien vous dois-je? Pressantes la jeune femme.

-Quinze pièces d'or plus 5 pour la selle et le filet.

Méfistiris fit la moue. Vingt pièces d'or c'est cher. Mais elle ne pouvait pas traverser le désert à pied. Donc elle paya en maugréant. Le gérant harnacha le cheval en un temps record.Ensuite elle se mit en quête de provisions pour une semaine les rennes de son cheval à la main. Quand elle eut ce qu'il lui fallait, elle traversa la foule vers les grandes portes de la cité.

La jeune femme les passa d'un pas assuré mais la boule au ventre.

*

* *

Le grand désert du Sud est l'endroit le plus sec du monde. Le paysage monotone et la forte chaleur ne rendaient pas l'endroit agréable mais cela ne perturbait pas la jeune femme. Le marchand ne lui avait pas donné le nom du cheval. Il faut donc lui en donner un, pensa la brune.Ce cheval avait du caractère apris Méfistiris à ses dépends. Donc pour le nom de sa monture elle espère en trouver un qui lui convienne.

-Bélior… Arzac… Non aucun de cela ne te plaît ? Un coup de sabot suivi d'un hennissement lui répondit.

Elle soupira .Cela faisait plusieurs heures qu'elle essayait de lui trouver un nom mais aucun ne plaisait à sa monture, qui paraissait la comprendre chose étonnante.

-Attend… tu as entendu ce bruit toi aussi.

Des voix ,ils sont deux.

Le cheval accélér l''allure pour mettre le plus de distance entre eux et les deux hommes. Dans le désert, pas de cachette en vue. Seules des dunes à perte de vue. Deux choix s'offrirent à elle: partir au galop et risquer de tomber par son manque d'expérience ou se battre. Elle choisit la première solution.

Elle talonna sa monture et tous deux partirent au galop.

Mais leur fuite ne passa pas inaperçue. Leur avancée créa un nuage de poussière que les deux hommes virent.Ils étaient poursuivis dans un désert. À une demi-journée de la ville la plus proche . Quand elle vit les chutes de sable se rapprocher, la peur s'insinua en elle, lui tordant le ventre. Elle n'allait pas assez vite. Ses poursuivants allaient la rattraper et la ramener à la guilde.Mais à peine fini-t-elle d'imaginer les pires scénarios possibles que quelque chose lui piqua le cou. Les sens de Méfistiris s'émoussérent et elle compris qu'on l'avait empoisonnée. Eh merde… fût sa dernière pensée avant de sombrer. Sa vue se troubla et elle tomba. Quand elle se réveilla elle put à peine entendre.

-Elle va bientôt se réveiller, que fait-on d'elle? Un homme…

-On la vend elle fera une bonne esclave. Une femme…

-Elle ne se vendra pas bien. Elle n'est pas si belle. Tu juge les gens trop vite Annia. L'homme…

On veut la vendre. Super… grommella-t-elle intérieurement. Son frère lui avait dit de ne pas sortir de l'enceinte de la guilde sauf pour tuer. Voulait-il la protéger. Non, non, non. S'il avait voulu la protéger, il l'aurait écarté de son passe temps pour le meutre.

-Emmenons-la voir le boss. Il nous diras quoi faire de cette gamine.

-Tu n'es pas sérieux Ern !! Enfin tu penses vraiment que nous devrions déranger le boss pour ça. Dit Annia en désignant Méfistiris.

Quand cette dernière essaya de bouger pour mieux voir ses kidnappeurs, elle remarqua que ses mains et ses chevilles étaient attachées. L'effet du poison l'avait rendu insensible pendant un temps mais maintenant que cette effet avait disparu les cordes lui brûlait la peau. Elle devait pouvoir se libérer ,c'était un nœud assez basique. Mais quand ses doigts touchèrent la corde elle remarqua que ce n'était pas une corde normale qui la brûlait mais une corde en fer… Depuis quand attache-t-on les gens avec des cordes en fer?

-Ern, tu sais que le boss nous a dit de ne pas le déranger pour des broutilles.

-Annia on n'en a peut-être attrapé une. Tu te rends compte de la prime pour une seule de ces bêtes!

Des questions se mirent à tourner dans la tête de Méfistiris. Qui était leur boss? Qu'allait-il lui arriver , être vendue ou torturée? Où était le cheval ? L'avaient-ils tué? Revendu? Et surtout de quoi parlent les deux fous qui lui servaient de kidnappeurs… Parce qu'ils ont vraiment l'air de deux tarés. L'un à les cheveux bruns coupés court avec des vêtements recousus entre de toutes parts et l'autre à les cheveux blonds et les yeux verts avec pour vêtements un mélange de plusieurs tissus.

Elle devait les faire parler. Mais sans avoir pu faire le moindre geste Méfistiris fût sortit de ses pensés par l'approche de la femme.

-Ern, elle s'est réveillée!

-Bien, j'ai eu peur d'avoir mis trop de poison dans la fléchette.

-Que me voulez -vous?!Pourquoi m'avoir attrapée? Qu'avez-vous fait du cheval? Où sommes nous?

-Calme toi petite. Te débattre ne fera que te fatiguer. lui dit d'un ton calme l'homme.

-Répond à mes questions si tu veux que je me taise. répondit Méfistiris en lui crachant sur les chaussures.

-Sale garce. gronde-t-il en la giflant.

Sa lèvre saignait et elle sentit le sang couler dans sa bouche.

-Ernest ! S'écria Annia. Je sais bien que ces chaussures ton coutés un bras mais il ne faut pas abîmer la marchandise si on veut que le boss l'examine.

-La ferme!!! Je fais ce que je veux. Tu n'as pas à me donner d'ordres sale souillon !

En une fraction l'homme se retrouva avec un couteau sous la gorge.

-Retire ton couteau de ma gorge. Immédiatement !!!

Méfistiris se retint de rire. Si ses geôliers s'entre-tuaient elle aurait moins de mal à s'enfuir.

-Même pas en rève. Elle lui accrocha les mains dans le dos avec les menottes qu'elle avait attrapées au passage et le força à s'asseoir à côté du feu.

-Je vais t'emmener au chef avec la fille et te faire emprisonner pour consommation de drogue. dit-elle avec un sourire narquois aux coins des lèvres.

-Pourquoi te croirai-t-il? Tu n'es qu'une sale garce trouvée dans les poubelles de la ville! dit-il en souriant.

-Tu es complètement sous l'influence de la drogue. Le boss me croira je peux te l'assurer.

Le sourire qui s'était dessiné sur le visage d'Ernest s'était effacé aussi vite qu'il était apparu quelque instant plus tôt.

-Tu mens! C'est faux, faux, faux!

-Tu vois que j'ai raison, ça se voit sur ton visage que tu mens. Tu es complètement sous l'influence de la drogue. Elle te fait ressentir plus violemment les émotions. Même la peur. Affirma la femme, un sourire terrifiant sur le visage. Tu as peur du boss. reprit-elle. Tu as peur qu'il te tue. Ne t'en fais pas, tu vas vivre. Il fera bien pire que te tuer. Lui promit-elle.

L'homme se tu et son regard s'assombrit. Dans ses yeux une peur immense prit place. Son visage se tordit, il riait et pleurait en même temps. La folie l'avait attrapé.

-Et toi, la fille comment tu t'appelle ? La rappela à l'ordre Annia.

-M'appelle Méfistiris. Répondit la brune, la langue toujours pâteuse.

-Et ton nom de famille? À moins que tu sois orpheline.

Elle ne pense pas si bien dire pensa Méfistiris.

-Dressard. Méfistiris Dressard.

- Tu faisais quoi avant que je ne t'attrape?

-Étais cordonnière.

-Mmh. Alors tu pourrais me réparer mes chaussures non?

Quoi?! Mais je sais même pas recoudre une chaussette alors des bottes! Elle venait de se fourrer dans un gros pétrin. Mais il ne fallait pas trahir la couverture de secours qu'elle s'était trouvé.

-Euh oui si elles ne sont pas trop abîmées. Et il me faudrait mon matériel.

-T'as qu'à juger par toi même. Dit Annia en lui jetant ses bottes élimées. Et j'ai des aiguilles et du fils ça t'ira? Lui demande-t-elle alors qu'elle détachait les poignets de la brune.

-Oui. De ce mensonge elle se mordait les doigts.

Elle prit les bottes et le fil ne sachant que faire.

Quand soudain elle eut une idée. Elle enfonça l'aiguille dans la fine semelle de la botte. Bon c'était juste pour emmerder sa geôlière. Un plan facile est peu utile dans sa fuite mais parfait pour faire souffrir sa geôlière.

-Désolé, je ne peux rien faire. L'aiguille n'était pas assez épaisse et elle a sauté je ne sais où. S'exclama Méfistiris jouant du mieux qu'elle pouvait la peine de ne pouvoir aider sa geôlière.

Le lendemain, Annia la réveilla en hurlant.Après une nuit glaciale et peu agréable à même le sable c'est très peu agréable d'être réveillée par un hurlement. Mais la satisfaction d'entendre le cri de douleur de la blonde valait bien le pire réveil du monde.

-J'ai retrouvée le bout d'aiguille dit Annia en grognant.

La blondelui donna le cheval d'Ernest qui pour son plus grand malheur courut derrière .

Au bout d'un moment Méfistiris questionna Annia.

-Pourquoi m'as tu donnée le cheval d'Ernest?

-Cela fait déjà trois ans qu'il me traite comme une domestique alors c'est une petite vengeance avant que je ne le livre au boss. dit-elle un sourire narquois aux lèvres.

-Au fait qui est ton… enfin je veux dire votre boss?

Annia se rembrunit.

-Tu le découvriras bien assez tôt.

La discussion s'arrêta la.

Ça faisait quatres heures environ qu'elles galopaient traînant Ernest derrière elles quand la ville de Tsaribu apparut à l'horizon.

Grande cité marchande. Tsaribu était dirigée par le Tserq . Un homme d'une richesse inimaginable, en plus d'être très beau à ce qu'il paraît.

Située à la croisée de trois routes commerciales, la ville s'était très vite enrichie.

Deux heures plus tard, ils entrèrent dans la ville. Ses portes grandes ouvertes pour accueillir les marchands.

Ils entrèrent par la porte Sud qui ouvrait sur les beaux quartiers mais de la porte Nord on arrivait dans les quartiers pauvres. Peu accueillant , on y trouvait tous les commerces illégaux. C'est là que Annia conduit ses prisonniers. Ils s'arrêtèrent devant une autre porte de fer.

Un garde en costume noir à queue de pied se tenait devant la porte. Il les laissa passer en jetant un regard mauvais au petit groupe.

De l'autre côté de la porte se trouvait une petite pièce dont le papier peint des murs, qui devait autrefois être déjà assez laid, avait jauni avec le temps. Au fond de la pièce se dressait un bureau en bois derrière lequel se tenait un homme d'une trentaine d'années.

-Bonjour monsieur. Dit Annia en faisant une courte révérence.

-Que m'amène tu aujourd'hui.

-Une prisonnière trouvée dans le désert et un traître qui a abîmé la marchandise. La fille est assez étrange je voudrai que vous vérifiez qu'elle n'en est pas une.

-Oh, intéressant. Tu auras une augmentation si c'est le cas.

-Merci monsieur. Répondit Annia en poussant Méfistiris vers l'homme en gardant les yeux baissés.

L'homme se leva et prit une chaîne qui était posée sur son bureau. À son éclat ,Méfistiris comprit qu'elle était en argent. Vieille technique pour débusquer les démons d'après les livres. L'argent les brûlant. Mais les démons ont-ils vraiment existé? L'homme s'approcha de la prisonnière et enroula la chaîne autour de son poignet. Une minute passa, puis deux et trois. Aucune douleur ne parcourut le corps de la jeune femme. Seuls de légers picotements envahirent son poignet et même si ce n'était pas très agréable elle s'efforça de ne rien laisser paraître.

-Mauvaise pioche Annia. Le test est négatif. Amène la dans une cellule, elle sera vendue aux enchères demain.

On la conduisit dans une toute petite cellule où elle finit attachée par les poignets et les chevilles au pied d'un lit.

J'étais parti en espérant avoir une vie paisible, ben c'est raté. pensa-t-elle.

Elle s'installa sur la couchette inconfortable et essaya de dormir, en vain.

Un grincement la réveilla, elle n'avait pas beaucoup dormi mais bon.

Le garde qui se tenait devant la porte du chef hier était venu la chercher.

La prenant sans ménagement par le bras, il l'emmena derrière une estrade. Lui accrochant les poignets et les chevilles.

Sur la scène, elle entendit la voix du chef retentir annonçant le début des enchères. Elle était entourée de plusieurs autres prisonniers. Être vendue au plus offrant voilà un bien triste destin. En peu de temps l'espace derrière la scène se fit vide, on la gardait pour la fin.

Enfin on la fit monter sur l'estrade. Devant tous ces regards elle se sentit toute petite.

-Nous terminons les enchères par cette fille à 2 000 pièces d'or. Oui , vous avez bien entendu, une jeune femme en bonne santé pour seulement 2 000 pièces d'ors. clamait le vendeur.

Mais Méfistiris, elle, n'était plus vraiment là. Il faudrait un miracle pour la sauver. Et puis elle ne comprenait plus rien, la vente d'esclaves était interdite? Comment une vente aussi grande passait-elle inaperçue ?

-Personne? continua le vendeur.

-Je la prends. une vieille femme c'était avancée. Vétue d'une robe jaune sâle et d'un vieux châle à carreaux on aurait plus dit une paysanne qu'une riche acheteuse.

-2 000,si vous êtes capable de payer. Le vendeur afficha un sourire narquois.

La vieille hocha de la tête.

-J'accepte.

La surprise du vendeur se lisait sur son visage comme sur un livre ouvert. Il se ressaisit et demanda si d'autres acheteurs voulaient se présenter et augmenter le prix. Personne.

-Très bien elle est à vous. Dit-il en soupirant déçu de ne pas avoir gagner plus.

On la fit descendre de l'estrade et on donna les chaînes à la femme qui en échange leur donna une bourse pleine à craquer. Puis emmena Méfistiris dans un dédale de rues interminables. Toutes pareilles, on ne pouvait dire où se trouvait la foire si animée dans laquelle elle avait été vendue.

La vieille femme dû atteindre sa destination car elle lui fit signe d'entrer dans une petite maison. Puis elle l'emmena dans une pièce très éclairée par de nombreuses lampes. La faisant s'asseoir sur un petit fauteuil usé par le temps.

-Je m'appelle Ava. Ava Kliyan. commença-t-elle. Et toi? Tu as perdu ta langue,petite?

-Non. Je m'appelle Méfistiris.

-C'est tout?

-Oui.

Ses liens commençaient à peser sur ses bras.

Dès qu'elle bougeait ses mains, les menottes entamaient sa chair. Le sang commençait d'ailleurs à couler le long de ses mains. Ava dû le remarquer car elle s'avança vers Méfistiris et lui prit les mains. Les menottes se mirent à briller tandis qu'elles disparaissaient comme fondues ou usées.

-Comment avez-vous fait ?!

-Magie, après tout je suis une animus. Comme toi…

-Qu'est-ce ?

-De quoi parles-tu?

-Les animus ? Qu'est-ce que c'est?

-Tu ne le sais vraiment pas? dit la vieille femme surprise.

-Bien sûr que non. Sinon je demanderai pas.

-Ahlala… Toute une éducation à refaire. Les animus sont une espèce bien précise de démons. En plus de pouvoir changer de forme à volonté nous manipulons la magie. Elle se présente sous différente forme pour chacun de nous.

-Votre histoire ne tient pas. Les démons réagissent à l'argent, non?

-Euuuh oui. Répondit Ava en se demandant ou voulait en venir la jeune femme.

-On m'a testé et ma peau n'a pas fondue ,brûlée ou autre. Ça à juste picoté. J'ai juste une allergie à l'argent c'est tout.

-L'évolution ça existe tu sais. T'es jeune,tu fais partie de la deuxième génération. Chez la première l'argent faisait souffrir et chez la deuxième ça picote.

-D'accord, supposons que vous dites vrai,combien sont-ils c'est soi-disant animus ? Concéda Méfistiris.

-Une nation entière.

-Hein! Mais comment est-il possible de cacher de telles choses aux milliards de personnes vivant sur cette terre?

-Qui te dit que nous vivons sur cette planète…

-Attendez, attendez. Vous êtes en train de me dire qu'une nation entière de démons vivrait sur une autre planète !? J'y crois pas.

-Nous vivons plus précisément dans un univers parallèle comme il en existe de nombreux. Et pour répondre à la question de comment passons nous d'un univers à un autre, nous avons inventé les transporteurs, des machines tordant le temps et l'espace pour le rassembler différemment comme une sorte de puzzle.

-Euh, oui bon d'accord… Et, sans vouloir être vexante, comment se fait-il qu'il existe des gens comme moi, égarés dans les autres mondes si on suit votre histoire?

-Certains des nôtres décident d'aller vivre dans d'autre mondes pour échapper à la guerre.

-Vous êtes en guerre?

-Oui. Depuis trop longtemps déjà mais il ne sert à rien que je t'explique puisque tu ne crois pas mes dires.

-Prouvez-les dans la minute et je serais obligé de vous croire.

-Tu as vu ma magie mais tu veux une autre preuve? Très bien. Tu veux parier? Demanda la vieille femme.

-Si je gagne, vous me laissez partir et je n'entends plus parler de vous.

-Très bien, mais si c'est moi qui gagne, tu deviens mon apprenti.

-Vendu.

Et Méfistiris tendit sa main qui fut serré par une patte. Oui une patte. Attendez, quoi!!

-J'ai gagné! Et tu deviens mon apprenti.

-Eh bah vous avez pas perdu de temps…

- Ton entraînement commence demain. Nous commencerons notre voyage vers Vaiska là où se trouve le transporteur le plus proche.