Chapitre 8

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Alors que le soleil commençait à perdre de son intensité dans le désert de Sham'ra, la caravane de Victor et de Louise arrivait enfin près d'un point d'eau. L'oasis en question était un point de ravitaillement essentiel durant ce voyage. Il se trouvait à mi chemin entre les deux points d'entrée du désert. La caravane s'arrêta alors près de ce point d'eau afin de passer la nuit dans un endroit tranquille et de faire le plein en eau. Victor était plus que content de s'arrêter. Le voyage avait été particulièrement long et éreintant. Surtout pour lui qui n’avait pas l’habitude de voyager en méchanicus. Il avait les jambes en compotes et les bras tendus à force d’avoir conduit aussi longtemps.


Enfin.


Il commença à s'étirer doucement, retrouvant peu à peu des sensations dans toutes les parties de son corps. Louise l'imita aussi. Elle avait dormi par intermittence durant le voyage et avait beaucoup de mal à émerger. Son regard était toujours endormi et elle ne pouvait s'empêcher de bailler. Victor lâcha un petit rire :


«Alors, épuisée par le voyage?»


Elle se mit à rougir de gêne.


« Oui bon, je sais que j'ai fais que dormir… Mais je n'aime pas conduire.

— Je comprends, répondit il en souriant. Ce n'était pas un reproche. je suis quand même bien content de m'arrêter. J'en pouvais plus de la chaleur.»


Victor regarda avec envie la point d'eau qui se trouvait à côté. Il n'avait qu'une envie: plonger dedans tête la première pour se rafraîchir. Alors il ôta sa chemise au plus vite et son pantalon trempé de sa propre sueur et plongea aussitôt. L’eau fraîche sur sa peau brûlante était un bonheur indescriptible. Il n’en pouvait plus de cette chaleur et de ce sable qui s’était insinué dans ses vêtements et ses cheveux. Il resta un instant sous l’eau fermant les yeux et appréciant le moment présent. Après un petit moment, il sortit sa tête de l’eau en poussant un long soupire de satisfaction. Il enleva ses mèches blondes mouillés qui lui cachaient la vue et regarda Louise. Elle le regardait dans l’eau, un sourire en coin.


« C’est une bonne idée.»


Elle imita alors Victor. Elle se déshabilla et plongea dans l’eau aussitôt. Elle dut rabattre ses longs cheveux en arrière pour pouvoir voir de nouveau et lâcha un petit rire :


« Finalement ça a du bon les problèmes de transport.

— Tu vois que c’était une bonne idée.

— Je maintiens que tu n’aurai pas du faire le voyage avec moi, répondit Louise, tu es bien trop gentil.

— C’est la moindre des choses, tu as sauvé ma vie.

— Tu me surestimes un peu trop. Je t’ai juste trouvée sur la plage. Et puis, tu as déjà fait beaucoup. Je te suis vraiment reconnaissante d’avoir pris soin de ma mère ces derniers jours.

— Je n’ai pas fait grand chose, avoua Victor, j’ai juste servi d’intermédiaire entre elle et le professeur Wright.

— Oui, il m’a dit. Sa situation ne s’améliore pas… Il faut qu’elle change de ville… Si seulement j’avais un peu plus d’argent.

— C’est pour ça que tu travailles dur avec ton groupe ? demanda Victor. Tu ne gagnerais pas plus à faire de la mécanique que de la musique?

— Laisses moi deviner: ma mère t’as parlé.»


Louise soupira longuement et mit sa tête en arrière. Lentement, elle laissa son corps flotter sur l’eau en fixant le ciel clair du désert.


« Elle ne peut pas s’empêcher de tout raconté. Elle m’énerve quand elle fait ça.

— Qu’est ce qu’il s’est passé avec Connor? »


Elle releva la tête et son regard vint se planter dans celui de Victor. Un regard froid et dure. Il savait qu’il n’aurait pas du poser la question, et se mordit la lèvre sous le poids des regrets.


« Je suis désolé, murmura-t-il.

— Je ne veux pas en parler, répondit elle sèchement, Ce n’est pas contre toi. C’est juste que… Ce n’est pas vraiment quelque chose dont je veux me rappeler.

— Je comprends, je suis désolé. Je n’aurai pas du être curieux. Mais ta mère avait l’air de croire que tu étais incroyablement douée en mécanique, grâce à ton père, je voulais juste en savoir plus.

— La mécanique ne me manque pas. Loin de là. La situation me va très bien.»


Elle commença à nager en brasse sur quelques mètres sous le regard de Victor.


Victor, tu n’es qu’un idiot.


Il se sentait idiot, vraiment très idiot. Il ne voulait pas la braquer, mais il était juste un peu curieux. Il sentait que Louise était douée pour la mécanique. Tout le monde semblait unanime à ce sujet. Et pourtant elle continuait de le nier. Elle cachait ses raisons et se murer dans le silence. Victor pouvait le comprendre mais il ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça dommageable. Il sentait qu’elle aimait ça au fond d’elle. Il l’avait vu lorsqu’elle avait réparé le méchanicus. Il espérait juste l’aider, c’était tout qu’il voulait.

Au bout de quelques minutes, elle revint vers lui, alors que qu’il n’avait pas bouger d’un pouce pris dans ses pensées.


« Tu comptes rester au milieu sans rien faire ? demanda Louise.

— Pourquoi pas?

— Tu ne sais pas nager?

— La dernière fois que j’étais dans l’eau ça ne c’est pas bien passé.

— J’imagine. Je peux difficilement imaginer ça.

— C’est facile, lâcha-t-il en souriant.»


Victor éclaboussa Louise par surprise qui avala presque de l’eau. Il lâcha un petit rire et sortit de l’eau pour se poser sur le sable encore chaud. Louise le suivit doucement en soupirant:


«Très mature.»


Victor affichait un grand sourire, satisfait de son action. Il commença à fouiller dans ses poches tandis que Louise se posa a coté de lui en essorant ses cheveux.


« Que cherches tu?

— Quelque chose que je voulais te montrer.»


Il finit par sortir sa montre à gousset qu’il avait garder précieusement dans sa poche. Il ouvrit le clapet de sa montre, et dévoila un papier soigneusement plié à l’intérieur. Il l’avait trouvé comme ça dans sa montre après son naufrage. Il déplia le papier qui était en réalité une petite affiche. Dessus, une immense machine avait était dessiné. Un magnifique bateau fait de fer et d’acier fendait les cieux. Il était attaché par des robutes câbles à un ballon, immense et ovale qui semblait le faire voler. Par dessus ce dessin, un immense titre en gras qui avait un peu bavé avec l’humidité :


LE ZEPPELIN! VENEZ VISITER LE BIJOU DE LA TECHNOLOGIE EOSIENNE EN FAMILLE. LES CIEUX A VOTRE PORTÉE !


Victor tendit le papier à Louise qui le regarda avec intérêt :


« Je n’ai jamais rien vu de tel, murmura la jeune femme.

— Je me suis dit que t’aimerai le voir.

— ça peut vraiment voler?

— J’imagine. Je ne me souviens pas l’avoir vu en action.»


Louise contempla encore quelques minutes l’image avant de s’allonger sur le dos regardant ainsi le ciel bleu au dessus d’eux :


« Je me demande la vue qu’on doit avoir de là haut, souffla-t-elle. Imagine, voler au dessus des nuages.

— ça doit être incroyable.

— Tu sais, certains ici pensent qu’il y a quelques choses au delà des nuages. Des nomades arpentent les régions entre les cités. Ils prétendent qu’ils suivent un nuage qui jamais ne disparaît.

— Jamais? Vraiment.

— C’est ce qu’ils disent. Selon eux, il y a quelque chose au dessus de ce nuage.

— Si on volait, on pourrait vérifier.

— J’aurai aimer participer à la création d’un tel engin. Mais je doute qu’on laisse une femme faire ce genre de chose.

— Je ne vois pas pourquoi.»


Elle se tourna et regarda Victor:


«Les méchanicus c’est pour les hommes. Ils ne laissent pas les femmes les piloter pour les combats, et encore moins les entretenir.

— C’est stupide.

— Je sais.»

Elle regarda de nouveau l’affiche en fronçant les sourcils:


« Je pensais que la technologie était prohibé dans l’empire, avec leur satané église de la préservation.

— Qu’est ce que c’est au juste?»


Victor connaissait vaguement le nom. Il l’avait plusieurs fois entendu ces derniers jours et il était sur de l’avoir connu avant son accident, mais il n’arrivait pas à replacer correctement ses souvenirs pour crée une définition à cette religion:


« L’église de la préservation estime que toute technologie est mauvaise. Que si on continue sur cette pente, on va finir par causer notre propre perte. C’est la religion de l’Empire, et la raison pour laquelle ils aimeraient nous annexer.

— Hum, ils se sont peut être rendu compte de l’erreur.

— Si tu veux mon avis, ils préparent quelques choses.»


Louise soupira et secoua doucement sa tête comme pour chasser ces pensées noires de son esprit. Puis elle replia l’affiche et la rendit à Victor. Il refusa doucement d’un geste de la tête.


« Garde le. Je ne m’en sers pas. Tu as l’air de l’apprécier»


Louise fit un grand sourire à Victor et rangea soigneusement le papier dans sa poche. Le soleil éclairait de ses derniers rayons l’oasis alors que peu à peu le froid commençait à faire son entrée dans le désert. Le campement commençait à se monter pour passer la nuit. Des tentes et des vêtements chauds pour passer la nuit glaciale qui allait venir. Demain, ils repartiraient en direction de Neokorr pour terminer leur voyage.


Victor n’arrivait pas à dormir correctement. Le froid, le sol dur et les récents évènements avaient eu raison de sommeil. Après avoir tenté en vain de se rendormir, il se leva le plus discrètement possible et se sortit de la tente. Il remarqua que contrairement à lui, Louise dormait dans un profond sommeil. Par moment, elle grommelait lâchant des brides de mots inaudibles.

Dehors, un silence de plomb régnait. La pleine lune éclairait encore l’oasis et fournissait assez de lumière à Victor pour qu’il puisse marcher dehors sans trébucher sur quelque chose. Il vit au loin quelques lumières vertes qui persistaient malgré l’heure avancée. Victor avait appris qu’il s’agissait des puits d’éther qui se trouvaient en nombre dans le désert. C’était ici que ce liquide était extrait en grande quantité et raffiné avant de partir pour les autres cités de la région. Il s’avança vers les lumières seulement de quelques mètres pour mieux les apercevoir. Il s’assied par terre enfonçant son derrière dans le sable du désert. Et se mit à les regarder. La couleur était magnifique et il n’avait qu’une envie : se rapprocher pour mieux les voir. Bizarrement, ce spectacle capta toute son attention. Si bien qu’au bout d’une dizaine de minutes, il sentit ses paupières devenir lourde, et il piqua du nez.

Alors qu’il s’était finalement endormit sur le sable, un cri le réveilla en sursaut. Il regarda autour de lui rapidement pour comprendre d’où il venait. Il vit des méchanicus qui retourner complètement le campement. La lumière blanche de leurs phares aveugla Victor qui fut obligé de plisser les yeux pour voir quelque chose. Tout alla très vite. Un instant après avoir tiré Victor de sa torpeur, ils repartirent aussi vite qu’il étaient venu laissant derrière eux que des tentes saccagées.

«Victor!»

Victor réalisa soudainement ce qu’ils étaient venu faire. Kidnapper une partie de la caravane, et Louise en faisait partie. Il l’avait vu être emmener de force dans un des mécha présents. Et alors qu’ils s’en allaient, Victor monta dans le sien et le démarra. Le temps qu’il exécute cette manipulation, les kidnappeurs avaient prit de l’avance. Mais il pouvait encore voir leurs phares dans la nuit noire. Il poussa les manettes de méchanicus à fond mais il se rendit bien compte que sa machine n’était pas bien préparé pour les suivre. Les méchanicus des kidnappeurs ne possédaient pas de lourdes jambes comme le sien mais des chenilles qui avalaient les dunes sans sourciller. Tant pis, il les suivrait autant qu’il le pouvait sans sourciller même s’il perdait du terrain. Il verrait plus tard pour le plan d’attaque. Heureusement pour lui, les phares lui donnaient un point de repère qu’il n’avait qu’à suivre. De plus, le vent n’était pas fort et les traces des méchanicus restaient encore visibles.

Au bout de très longues minutes dans le froid glaciale, la poursuite se termina enfin. Sans avoir vraiment fait attention, il s’était rapproché des champs d’éther qui brûlaient encore dégageant une odeur nauséabonde. Il n’avait plus aucun repère dans ce désert. Il était sans doute déjà loin de son point de départ et il savait pertinemment qu’il ne retrouverait pas tout de suite son point de départ. Les champs d’éther étaient encore à quelques kilomètres ce qui voulait dire que Sham’ra était encore plus loin. Mais quelques bâtiments étaient déjà apparents, c’était la forteresse des bandits. Une immense forteresse en argile blanche qui se dressait dans le désert. Un mur long et parsemé de quelques ouvertures entourait un bâtiment central de plusieurs étages et deux autres bâtiments de plein pied. Il stoppa son méchanicus à quelques dizaines de mètres de là et descendit de celui ci. Une approche frontale était suicidaire. Un seul méchanicus, fait pour la manutention en plus, face à des dizaines complètement opérationnel était une mort assurée. Non, il fallait avoir une approche plus douce, plus discrète et faire sortir de là Louise et les autres. Il marcha alors jusqu’à la forteresse, le sable absorbant chaque bruit de pas. Les entrées étaient bien évidement chacune gardé et deux tours de garde s’occupaient de balayer du regard les alentours à la recherche d’intrus. Cependant, cela n’effrayait pas le moins du monde Victor. Il faut croire que ses années passées dans l’armée l’avait conditionner pour ce genre de situation. Il s’avança vers l’enceinte à la faveur de l’obscurité et commença à inspecter le mur sud, le seul qui ne comportait pas d’entrée et qui était à l’abri des deux miradors. À son grand dam, Victor remarqua qu’il était complètement lisse, sans aucun aspérité qui aurait pur créer une prise pour escalader.

Bordel.

Il cherchait une solution alors que les minutes commençaient à défiler. Peu à peu, il se rendit compte de son erreur. Il avait foncé dans le tas sans vraiment réfléchir et se retrouver maintenant littéralement au pied du mur. Il devait trouver un moyen de rentrer à l’intérieur. Quoi qu’il arrive. Il longea le mur jusqu’à arriver au coin de ce dernier. Il jeta un coup d’oeil furtif à gauche pour se rendre compte qu’une entrée se trouvait là sur le mur adjacent. Cette entrée était gardée par un seul homme armé. Une seule idée lui vint en tête, une idée folle. Il se plaqua contre le mur attendant en embuscades dans le coin. Il frappa de toute ses forces avec son pied dans le mur provoquant ainsi un bruit sec.

Il entendait du bruit. Le bandit se rapprochait de sa position. Lorsque ce dernier tourna à l’angle pour inspecter le mur de Victor, il se saisit par surprise de son fusil. Une fois le canon bien dans la main, Victor poussa violemment le fusil dont la crosse vint s’écraser contre le torse du bandit. Le choc lui coupa le souffle et lui fit lâcher totalement son emprise sur son arme. Victor n’hésita pas un instant, et la crosse du fusil se fracassa contre le crâne de l’homme qui tomba inerte au sol. Il inspira un instant pour calmer ses membres qui tremblaient sous l’effet de l’adrénaline, puis il entra enfin dans l’enceinte de la forteresse, le plus discrètement possible. Une lumière aveuglante partait des tours de garde pour éclairer la cour rendant impossible toutes cachettes. Victor jura. Il allait faire quoi maintenant? Des gardes se trouvaient un peu partout autour de lui et effectuaient des rondes et il n’avait aucunes idées dans quel bâtiment se trouvait Louise.

Le plus grand des bâtiments était aussi le plus proche de lui. Sa meilleure chance, en espérant qu’il n’allait pas tomber sur plus de garde. Il jeta un coup d’oeil rapide, personne ne regardait dans cette direction. Il fonça alors dans l’entrée du premier bâtiment, l’arme à la main. La pièce était plongée dans le noir, et seule la lumière de lune donnait un peu de luminosité à Victor. Il avança doucement avec son arme. Il ne voyait rien, et son coeur commençait à s’emballer sous l’effet du stress. Il avança pas à pas quand soudain, il entendit un petit clic derrière lui :


« Ne bouge pas. Et pose ton arme.»


Et merde…


Victor laissa tomber son fusil au sol dont le bruit résonna dans toute la pièce. Il tenta de se retourner mais un violent coup de crosse dans le crâne le fit tombait au sol inconscient.


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