Chapitre 9

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A peine réveillé, Victor fut poussé sans ménagement dans une des salles du repaire. Il tomba au sol soulevant au passage un peu de poussière qui vint trouver refuge dans sa bouche. Il toussa un peu pour la faire sortit et resta un moment au sol à gémir de douleur. Il avait du mal à se remettre du coup qu’on lui avait porté à la tête.

« Attends ici.»

L’homme repartit laissant Victor au sol. Quelle idée il avait eu de tenter seul d’infiltrer le repaire des bandits. Il était maintenant prisonnier, les mains attachées sans aucun moyen de sortir et sans pouvoir trouver Louise.

«Victor?»

Il releva soudainement la tête en entendant la voix de Louise. Elle était à quelques mètres de lui, assise par terre et les mains aussi attachées dans son dos. Victor était plus que soulagé de voir qu’elle n’avait rien.

« Qu’est ce que tu fais ici? demanda-t-elle.

— J’essaye de te sauver.

— Ne le prends pas mal, mais ce n’est pas une réussite là.

— Le plan sonnait beaucoup mieux dans ma tête.»

Victor se releva difficilement en utilisant seulement ses jambes. La salle dans laquelle il se trouvait était sommaire. Seules quelques caisses en bois étaient disposées aux quatre coins de la pièce. Et une seule petite ouverture se trouvait sur le mur du fond. Une petit fenêtre en hauteur qui laissait passer la lumière de lune dans la pièce. Aucune autre lumière ni aucune autre personne ne se trouvait avec eux. Ils étaient seuls dans cette salle silencieuse et sombre.

« Qu’est ce qu’ils font faire de nous? demanda Victor.

— J’en ai aucune idée, soupira Louise. Une rançon peut être…»

Victor se déplaça vers elle et s’assied à ses cotés. Tout comme elle, il posa comme il pouvait son dos contre le mur malgré ses deux mains attachées. Il tenta de lui faire un sourire réconfortant pour la rassurer.

« Ne t’en fais pas, on va trouver une solution.

— Rien n’arrive à entacher ton optimiste.»

Il lui répondit par un autre sourire qui eut pour effet d’apaiser doucement Louise. Elle le regarda un instant en silence. La lumière de la lune venait sublimer sa douce peau faisant chavirer le coeur de Victor. Il détourna le regard d’elle et se mit à regarder la petite fenêtre pour penser à autre chose. Louise posa sa tête contre son épaule et ensemble, ils attendirent. Les minutes ressemblaient à des heures dans cette petite pièce étroite et froide. Par moment, ils entendaient des bruits de pas non loin de leur porte, mais rien ne se produisait. Il fallut attendre encore et encore jusqu’à ce qu’elle s’ouvre finalement. Louise se redressa aussitôt , se hissant sur ses deux jambes et lança un regard noir à l’homme qui venait d’entrer. Il était mince et son visage était à moitié caché par le tissu noir qui entourait ses cheveux. Malgré le manque de lumière Victor pouvait encore facilement voir les deux yeux azurés qu’il avait et surtout, son petit sourire en coin satisfait. Il tenait dans sa main droit un revolver qu’il ne pointa pas toute de suite sur eux.

Lentement, il s’avança vers Louise toujours avec son sourire agaçant.

«Mademoiselle VanDyke.»

Comme le reste de son équipe de bandits il avait un accent bien différent de celui de Thorgard, un accent qui faisait rouler les r et qui avait beaucoup de mal les a.

«Je ne crois pas qu’on se connaisse, lâcha d’une voix pleine de rancoeurs Louise.»

Elle faisait subitement preuve d’un aplomb déconcertant pour faire face au bandit. Comme si toutes ses peurs et ses doutes s’étaient évanouies.

« Non, répondit le bandit, mais qui ne vous connaît pas, vous commencez à être connue avec votre belle voix.

— Si vous vouliez un autographe, il suffisait de demander.»

Il lâcha un petit rire amusé et s’approcha d’avantage de Louise ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres d’elle. Il prit une des longues mèches de la jeune femme entre ses mains ce qui eut pour effet de la faire reculer d’un pas en affichant une mine dégoûtée.

« J’aurai adoré avoir un autographe, mademoiselle VanDyke, mais malheureusement vous valez très chère.

— Je doute que quelqu’un soit prêt à payer énormément pour moi. Même pour ma voix. Vous perdez votre temps.

— Détrompez vous ma chère ! L’Empire d’Eos est prêt à payer une somme colossale pour vous avoir. Je ne peux décidément pas refuser. J’espère que vous comprenez.

— L’Empire? Mais pourquoi?

— Les voix de l’empereur sont… enfin, vous connaissez leur dicton idiot.»

Il reporta soudainement son regard sur Victor.

« Victor Speckman pas vrai? J’avoue que je suis surpris de vous avoir vous aussi, en vie. L’Empire vous cherche. Une énorme récompense.

— Je peux vous fournir un autographe aussi vous savez, répondit Victor.

— Malheureusement, c’est pour votre cadavre.»

Il pointa son revolver sur Victor sans qu’il puisse réagir.

«Ce sont les affaires, je suis désolé.»

Louise se précipita entre les deux hommes forçant le bandit à baisser son arme pour ne pas blesser son précieux otage. Son sourire disparut aussitôt. Louise l’avait immédiatement agacer.

« Ne lui fait pas de mal.

— Ne reste pas là.»

Louise ne broncha pas, son regard défiant celui du bandit. Alors, d’un geste rapide de la main droite, il frappa Louise à la mâchoire avec son revolver. Elle s’écroula au sol en crachant un peu de sang. Le bandit pointa de nouveau son arme sur Victor. Mais au moment où il s’apprêta à appuyer sur la gâchette, une explosion retentit dehors détournant ainsi son attention. C’était le moment parfait pour Victor. Il donna un violent coup de tête au visage du bandit qui recula de plusieurs pas complètement déboussolé et surpris. Il ne s’arrêta pas là et lui assena un coup de pied au ventre qui le fit basculer et tomber au sol. Il était à sa merci. Alors, il prit son élan et donna un dernier coup de pied dans le visage du bandit. Ce dernier ne se releva pas et demeura au sol inconscient. Victor poussa un soupir de soulagement, puis il se précipita inquiet vers Louise. Il posa un genoux à terre à coté d’elle pour voir son état. Elle cracha un peu de sang au sol mais ne semblait pas sérieusement blessé. Sa lèvre inférieure avait commencé à gonfler sous l’impact du coup mais elle ne semblait pas avoir d’autres blessures.

« Tu vas bien? demanda Victor inquiet.

— Oui, ça va… Quel salaud. »

Victor jeta un coup d’oeil au bandit. Il n’avait toujours pas bougé. Le coup que lui avait porté Victor avait suffit à le mettre K.O pour de bon. Il remarqua cependant un couteau accroché à sa botte. Ils tenaient là leur porte de sortie. Il devait maintenant le récupérer pour se libérer de ces satanés liens. L’opération fut des plus délicate car il ne voyait pas ses mains et du user de son sens du toucher pour le récupérer sans se blesser. Une fois qu’il était sur de l’avoir bien en mains, il ordonna à Louise :

«Viens là, je vais couper tes liens.

— Tu es sûr?»

Louise était loin d’être rassurée par l’idée de Victor. Mais lui ne doutait pas un seul instant de son plan. Il savait qu’il allait réussir et de toute façon c’était leur seul moyen de se défaire de leurs cordes. Finalement, elle s’approcha doucement et se mit dos à dos avec lui. Victor prit son temps et resta le plus calme possible pour ne pas faire un faux moment. Au bout de quelques minutes la corde qui maintenait les liens de Louise se rompit. Elle se saisit aussitôt du couteau et libéra à son tour Victor. Sans perdre un instant il prit l’arme du bandit qui était encore chargé. Son entraînement de soldat allait lui servir. Il n’avait plus qu’à espérer que la détonation dehors leur permettrait de s’échapper facilement de la planque des bandits. Il n’avait pas peur, au contraire il affichait un calme olympien. Cette fois, c’était la bonne. Avec son entraînement et la diversion, ils allaient pouvoir sortir d’ici. Il était parfaitement prêt pour ce genre de situation. En revanche, il voyait bien que Louise n’était pas aussi confiante. Si elle avait preuve d’un immense courage un peu plus tôt, elle commençait doucement à paniquer à l’idée de voir des échanges de coups de feu. Victor réalisa à ce moment précis qu’elle n’était qu’une civile. Et bien qu’elle vivait dans une région dangereuse où la violence était courante, notamment en dehors des Cités Libres, elle n’avait jamais connue une situation aussi extrême. Il s’approcha d’elle et posa une main réconfortante sur son épaule :

«Reste près de moi d’accord? Et ne t’inquiète pas, je sais ce que je fais.»

Victor savait qu’il affichait une confiance inhabituelle. Une confiance que Louise n’avait encore jamais vu chez lui jusque là. Et pourtant, elle acquiesça avec conviction montrant ainsi qu’elle lui faisait confiance. Elle le suivit lorsqu’il s’engagea en dehors de la pièce. Le bruit des combats parvenait jusqu’aux oreilles du jeune homme. Au loin, peut être dehors, de violents affrontement avaient lieu. Il pouvait entendre entre deux explosions le bruit du métal qui se tord. C’était là leur chance. Il avança prudemment pour ne pas se faire surprendre. Il ne fallait pas se précipiter s’il voulait sortit d’ici indemne. Il ratissa les murs au fur et à mesure qu’il progressait dans les couloirs du repaire. Louise le suivait en silence derrière lui. Quelques minutes s’écoulèrent pendant leur trajet sans qu’ils ne croisent personne. Tout le monde devait être occupé avec le combat. Et plus ils approchaient de la sortie, plus ils entendaient distinctement les bruits des combats. C’était des méchanicus. Victor avait reconnu le bruit. Il pressa le pas pour sortir mais c’est alors qu’ils tombèrent sur un des bandits. Il entra en courant dans la pièce sans doute pour échapper aux tumultes du combat. Victor réagit aussitôt et tira sans sommation sur lui. Trois balles qui le touchèrent en plein torse. L’homme s’écroula au sol pour se vider de son sang. Louise regardait le corps de l’homme gisant au sol, et Victor du la tirer par la main pour la faire avancer. Il savait pertinemment que c’était dangereux de sortir, mais il n’avait pas d’autre choix. Il fallait quitter au plus vite la forteresse. Alors il sortit sans perdre un instant. La cour de la forteresse était un champ de bataille sans nom. Des méchanicus se livraient une bataille acharnée. Les bras en métal s’entrechoquaient dans un fracas assourdissant. Les bras munies de canon tiraient des balles à des cadences infernales tapant dans tous les murs et les caisses qui se trouvaient là.

«Oh merde.»

Il se dépêcha de trouver une couverture derrière une des caisses proche de lui. Il courut emmenant avec lui Louise qui n’avait pas d’autre choix que de le suivre. Elle se posa à ses cotés tandis que Victor regardait autour de lui. Il n’avait aucun moyen de passer. Le combat était bien trop violent pour se risquer à sortir. Victor jura une seconde fois et jeta un rapide coup d’oeil à Louise. Elle avait fermé les yeux et posait ses mains sur ses oreilles dans l’espoir futile d’atténuer les bruits de combat autour d’eux. Tout ce que pouvait faire Victor durant ce moment c’était de tirer sur les hommes sans méchanicus. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’avait pas perdu de son adresse. Il arrivait à être précis comme s’il n’avait jamais cesser d’être un soldat. Aucun mécha n’avait remarqué sa présence, il faut dire que les méchanicus des bandits étaient aux prises avec d’autres machines toutes peintes en rouge.

Une milice? Celle de Sham’ra?

Si c’était belle et bien le cas, Victor était bien chanceux. D’autant plus que le combat ne tournait pas en faveur des bandits. Les méchanicus tombaient les un après les autres face à l’armada technologie qui se dressait face à eux. Les méchanicus des bandits ne pouvaient rien faire face aux lames affûtées et aux mitrailleuse lourdes qui ne leur laissaient pas une minute de répit. À tel point que l’une des machines commença à brûler d’une feu vert. L’éther contenu dans ce dernier commençait à brûler, signe que les conduits qui acheminer le précieux liquide avait été percé. Le conducteur sortit le plus vite possible de sa machine pour fuir l’explosion qui allait suivre. Victor lui n’avait pas le temps de courir. Il se mit à couvert derrière sa caisse. Craignant aussi pour Louise, il l’attrapa et la força à se plaquer contre lui. Sa tête vint se plaquer contre son torse empêchant ainsi quelconques projections d’éther d’atteindre ses yeux. L’explosion fit trembler le sol et relâcha un immense panache de fumée teintée de vert. Une violente odeur nauséabond se répandit dans l’air à cause de l’éther brûlé. Victor grimaça en la sentant puis il se décolla de Louise. Elle n’avait pas était touchée par des projections et il en était de même pour Victor. Il se risqua à jeter un coup d’oeil en sortant de sa cachette. Un étrange calme régnait désormais après le combat. Les bandits avaient fui le combat et il ne restait désormais que les méchanicus rouges dans la forteresse. Victor poussa un immense soupire de soulagement, c’était enfin terminé.

« Ne bougez pas!»

Victor leva aussitôt les mains en l’air et lâcha le revolver qu’il tenait dans l’une d’elles. Une femme le tenait désormais en joue avec son fusil. Elle avait une capuche noir qui recouvrait ses cheveux, ne laissant dépasser que quelques mèches noires sur son front. La capuche était complétée par un tissu noir qui venait couvrit sa bouche et son nez pour ne laisser voir que ses deux yeux marrons.

« Qui êtes vous?»

Elle avait le même accent que ceux que Victor avait croisé. Mais elle n’était définitivement pas avec eux.

« Je suis Victor. On a été kidnapper.»

Elle baissa aussitôt son revolver et s’approcha de lui. Elle l’inspecta en silence puis elle remarqua Louise, toujours cachée derrière la caisse. Lorsqu’elle comprit qu’on la regardait, Louise se releva doucement en levant les mains en l’air.

« Tout va bien, vous êtes maintenant en sécurité.»

La voix de la femme était soudainement devenue plus douce.

« Je suis Jazmine Ise’ra. La reine de Sham’ra.

— la reine? Demanda Victor.

— Oui, nous voulions repousser les bandits qui s’étaient installés ici. Ils s’en prenaient à nos gisements d’éther. Heureuse de savoir que nous avions choisit le bon moment.

— Clairement, on vous est éternellement reconnaissant, souffla Louise.

— Il y a d’autre gens dans le complexe, avertit Victor. On faisait partit d’une caravane qui devait se rendre chez vous.

— Vous ne ressemblez pas à des marchands pourtant.»

La reine de Sham’ra regarda de haut en bas Victor avant de continuer :

« Vous ne venez pas à Sham’ra pour affaires.

— Pour être honnête, on a fait un marché avec la caravane, expliqua Louise, je dois me rendre à Neokorr.

— Les régions sont dangereuses ces derniers temps, expliqua Jazmine, vous auriez du choisir un autre chemin.

— Ravi de voir que l’instabilité est une marque de fabrique des Cités Libres, soupira Victor. On avait pas d’autre choix.»

Elle resta un instant à considérer les deux jeunes gens. Puis elle soupira avant de tourner les talons.

« Nous allons vous emmener à Sham’ra. Et je vais envoyer quelques hommes prévenir le reste de votre caravane. Si vous souhaitez toujours rejoindre Neokorr, vous pourrez. Demain.»

Victor et Louise acquiescèrent ensemble et repartirent avec les hommes de la reine. Ainsi, ils passèrent la nuit à Sham’ra, la cité du désert en compagnie du reste de la caravane. Une courte nuit néanmoins réparatrice avant de filer vers leur destination, la plus grande des Cités Libres : Neokorr.

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