Seul dans le noir, dans un étrange mélange de fatigue et d'apaisement, je tenais dans ma main une mystérieuse enveloppe kaki. Malgré l'obscurité, je parvins tout de même à lire l'essentiel du message qui y était inscrit.
« DES-ILLUSIONS : au bout du tunnel, la vérité sera tienne. »

Espérant y trouver un chèque rempli de zéros, je fus très déçu de constater qu'elle ne contenait qu'une simple clé USB. Mais impatient que j'étais d'en connaître le contenu, je l'insérai rapidement dans mon ordinateur portable. Et là, surprise : elle ne contenait qu'un seul fichier – une vidéo, pour être plus précis. Une fois la vidéo lancée, je fus tellement heureux de revoir ce beau visage après un si long moment.

Je salivais déjà à l'idée d'entendre à nouveau sa voix si autoritaire. Je croyais fermement que cet enregistrement d'à peine une heure raviverait de beaux souvenirs lointains, mais hélas, j'étais loin du compte. Dès les premières secondes, je me rendis compte de toute l'absurdité de mes espérances. Dès la première minute, j'eus l'intuition que les révélations qui y seraient faites bouleverseraient ma perception des choses.

Et sans vraiment savoir pourquoi, je sus que cela changerait ma vie. Effrayé d'entendre la suite, je pris la liberté de la mettre en pause, puis je pris quelques instants afin d'y réfléchir calmement. Soudain, sans vraiment que je le veuille, je me revis deux ans plus tôt ; fleurs à la main et chapeau sur la tête, me dirigeant d'un air triste vers la tombe de cet être qui m'était tellement cher.

Ce matin-là, ce petit cimetière était curieusement rempli d'hommes et de femmes, venus également rendre un dernier hommage à leurs proches. Si certains manifestaient clairement leur douleur en pleurant toutes les larmes de leur corps, d'autres, par contre, restaient là, bouche bée, comme si, pour exprimer leurs chagrins, ils n'avaient plus les mots.

Craignant d'arriver à destination et d'être face à l'évidence, je marchais à petit pas, en m'interrogeant sur la réaction que j'aurais une fois devant sa tombe.
« Vais-je également pleurer ? », me demandai-je.

La tête baissée, chaque pas que je faisais me rapprochait un peu plus de ma triste réalité, chaque petit pas faisait davantage remonter mon chagrin. Chaque pas ravivait des souvenirs enfouis, que je tentais désespérément de contenir afin d'éviter de pleurer. Une fois arrivé devant sa tombe, mes yeux trempés de larmes m'empêchaient de distinguer les autres personnes présentes autour de moi, venues elles aussi lui rendre un dernier hommage.

D'un coup de mouchoir, j'essuyai mes larmes, puis je m’approchai délicatement pour déposer les fleurs que j'avais apportées. J'aurais tant voulu dire quelques mots. Sans doute les derniers avant que son corps ne soit enseveli. Mais le gosse, tétanisé par le chagrin que j'étais, était hélas sans voix. Seul dans le noir, je réussis finalement à reprendre le dessus, en chassant cet horrible cauchemar de mon esprit. Mais le mal était déjà fait. Le simple fait d'y avoir pensé, même après tant d'années, avait ouvert des brèches que je ne pus malheureusement pas refermer.

Alors je décidai de relancer la lecture de la vidéo, tout en noyant mon chagrin autour d'un verre. À chaque gorgée, je me rappelais de la vie que j’avais deux ans plus tôt. Chaque mot qui sortait de sa bouche m'aidait à reconstituer le puzzle et à me rappeler combien ma vie était plus ou moins équilibrée, bien avant cette maudite soirée où tout bascula.

Alors, je me retrouvai transporté deux ans en arrière, assis avec ma famille sur ce canapé bleu, durant notre soirée ciné. Je me revois quelques heures plus tôt, avant le point culminant qui conduisit à la perte de cet être cher.