Chap 4
Pendant ce temps-là, le lieutenant Zola venait d'arriver chez les parents d'Alicia, les épaules affaissées par le poids de la nouvelle qu'il devait leur annoncer.
Marchant à petit pas, il se dirigeait vers la porte en contemplant ce beau jardin fait de violettes africaines, les mêmes fleurs que chez Alicia, des tournesols, des orchidées ; que des jolies fleurs sur lesquelles s'extasiaient papillons et abeilles... Nul doute, c'était assez accueillant comme résidence. Devant la porte d'entrée, un peu stressé, Zola trouva malgré tout la force de frapper à la porte, tout en ruminant sur ce qu'il allait bien pouvoir leur dire :
- M. et Mme Muya, je suis navré de vous l'apprendre, votre fille a été assassinée dans la soirée d'hier... non, c'est trop classique. Comme on dit, la vie ne tient qu'à un fil... non, trop philosophique. Vous êtes sans ignorer que cette ville est remplie de criminels et hier, l'un d'eux s'en est malheureusement pris à votre fille... hum, peut-être bien !
Il était encore en train d'y penser quand soudain, Mme Muya ouvrit la porte, mouchoir à la main, les yeux tout rouges.
Elle le regardait avec un air si triste qu'il en devina l'origine. À ce moment précis, il sut qu'il n'aurait pas à leur annoncer cette triste nouvelle. Pour une fois, il ne serait pas un oiseau de mauvais augure puisqu'ils les étaient visiblement déjà au courant.
Assis au salon en compagnie de M. et Mme Muya ainsi que Sandra Ngoy, la meilleure amie d'Alicia, un silence plus qu'angoissant régnait dans la pièce. Pendant un long moment, il resta sans mot, observant Mme Muya et Sandra pleurer encore et encore. Il vut combien M. Muya se retenait de toutes ses forces pour ne pas péter un câble... le pauvre était encore sous le choc.
A la télé, les photos d'Alicia passaient en boucle sur le coin supérieur gauche de l'écran pendant l'interview improvisée du jeune sergent Josh.
- C'est donc comme ça qu'ils ont su, remarqua-t-il.
Au bout d'un moment, Zola eut marre de ce silence et décida de briser la glace :
- M. et Mme Muya, vous êtes visiblement déjà au courant de la raison de ma présence, mais je tiens quand même à vous dire que je suis...
- Savez-vous qui a tué ma fille ? s'enquit M. Muya, le visage serré.
- Hier encore je dînais avec elle au restaurant, commenta Mme Muya, les yeux pleins de larmes. Je n'arrive pas à croire qu'elle soit morte. Mais qui est ce monstre qui a bien pu lui ôter la vie ?
La voix un peu enrouée, Sandra prit soudainement la parole :
- Je parie que c'est Hugo, son ex-petit-ami ! Oui, ça ne peut être que lui ! affirma-t-elle comme si elle venait d'être illuminée. Ce minable n'arrêtait pas de la harceler depuis leur séparation. Il refusait de croire que c'était fini entre eux. J'aurais dû lui demander de faire plus attention, j'aurais dû ! se lamentait-elle.
Soudain, d'un coup de poing sur la table, M. Muya laissa exploser toute sa rage :
- Comment ! Alors comme ça, ce minable harcelait ma fille ! Je vais le tuer ce salopard, gueulait-il en indexant le lieutenant. C'est lui qui a tué ma fille, hein. C'est bien lui, n'est-ce pas ? Dites-le-moi, bon sang !
D'un ton hystérique, Mme Muya appuya son époux :
- Mais pourquoi diable ne l'avez-vous pas encore arrêté ?
Cet homme est un monstre. Vous devez l'arrêter, vous m'entendez ? Vous devez l'arrêter, répétait-elle.
Ils hurlaient tellement que durant un court instant, Zola faillit s'énerver à son tour. Mais grand professionnel qu'il était, il réussit à se maîtriser.
- Écoutez, ce qui est arrivé à votre fille est tragique et votre réaction est tout à fait logique. Vous voulez retrouver autant que moi le meurtrier de votre fille, mais comprenez que pour arrêter qui que ce soit, il ne suffit pas d'avoir des suspicions ; non, il nous faut des preuves...
- Des preuves, vous dites ! Je vais vous en donner moi des
preuves !sursauta Sandra. Savez-vous au moins pourquoi elle l'a quitté ?
- Non, mais je présume que vous allez me le dire.
- Elle l'a largué parce qu'il la battait...
Et ce petit moment chargé de révélation troublante fut soudainement interrompu par un bruit cassant, M. Muya venait de récidiver. D'un coup sec, il venait de balancer sa tasse de thé sur le mur.
- Excusez-moi, je vous prie, susurra-t-il, les yeux rivés vers le plafond.
- Je comprends M. Muya, je comprends !
Puis, Zola se tourna vers Sandra :
- Veuillez poursuivre, je vous prie ! Vous disiez que Hugo Malanda maltraitait Alicia ?
- Oui, c'est exact, lieutenant !
- Et avait-elle porté plainte contre lui ?
- Non lieutenant. Elle... elle l'aimait trop et espérait pouvoir le changer, jusqu'à ce qu'il lui casse l'avant-bras.
Étonnée, Mme Muya sursauta :
- Elle m'avait dit qu'elle avait fait une chute !
- Oui, c'est aussi ce qu'elle m'avait raconté au départ, mais...
- Alors, comme ça vous saviez que ma fille se faisait battre par ce minable depuis tout ce temps et vous n'avez pas jugé bon de nous en parler ! hurla M. Muya.
Sandra rétorqua aussitôt, dans un déchaînement d'émotion :
- Non M. et Mme Muya, vous n'y êtes pas du tout ! Pour tout vous dire, j'ignorais moi-même qu'elle se faisait maltraiter. Je ne l'ai su qu'après qu'elle a quitté. C'est là qu'elle m'a tout raconté. Je suis terriblement désolé !
En pleurs, Sandra s'approcha de Mme Muya et les deux femmes se câlinèrent passionnément, histoire de se consoler mutuellement, Dieu sait combien elles en avaient besoin.
M. Muya, lui, gardait les mains sur ses hanches, la tête baissée, regrettant sans doute de ne pas avoir su protéger sa fille bien-aimée :
- Depuis... depuis tout ce temps, ma fille se faisait tabasser par cet Hugo, et moi je n'ai rien vu ! se lamentait-il.
Et avec un ton progressivement montant, il se déchaîna à nouveau :
- Vous savez, quoi, lieutenant, cet Hugo, vous avez vraiment intérêt à le trouver avant moi, parce que si par malheur je le retrouve en premier, je jure devant Dieu que je vais le massacrer. Oui, je vais lui faire tout ce qu'il a osé infliger à ma fille. Puisse Dieu me le pardonner, mais je vais le tuer, ce monstre, et tant pis si je vais en enfer !
Le moins qu'on puisse dire est que Z. Zola savait toujours trouver les mots afin d'apaiser le chagrin des proches des victimes.
- Calmez-vous M. Muya. Vous save, au cours de ma longue et glorieuse carrière, j'ai rencontré des tas de types bien qui ont payé les frais en commettant l'irréparable. Et vous savez quoi ? Comme vous à cet instant, ils étaient en colère et criaient vengeance. Leurs regards reflétaient pleinement des pulsions meurtrières ; alors ressaisissez-vous, M. Muya, pendant qu'il en est temps. Laissez la police faire son travail. Prenez soin de votre famille qui a tant besoin de vous en ce moment. Ne gâchez pas votre vie à cause de quelqu'un qui n'en vaut pas la peine. Laissez-moi prendre toute cette haine que vous ressentez en ce moment afin d'en faire une source de motivation inépuisable. Je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir afin de retrouver le meurtrier de votre fille et de le traduire en justice.
Face au chagrin des proches d'Alicia, accusant Hugo Malanda, le lieutenant Zola resta indifférent car sa profession le lui obligeait. Expérimenté, il savait pertinemment qu'à ce moment-là de l'enquête, aucune piste ne pouvait être négligée. Ainsi, il continua son interrogatoire comme si de rien n'était :
- Dites-moi, Mme Sandra, vous qui étiez sa meilleure amie, nous avons retrouvé un bouquet de fleurs dans son appartement, ce qui nous pousse à penser qu'elle avait un admirateur. Savez-vous qui ça peut bien être ?
- Euh... non, ou plutôt oui, enfin, je crois ! bégaya-t-elle d'un air incertain.
Perplexe, Zola insista :
- Je... je ne suis pas sûr de comprendre.
- Eh bien, lieutenant, je crois qu'elle avait un nouveau petit copain.
- Vous croyez ou vous en êtes sûr ? lâcha pressement M. Muya.
- Pour tout vous dire, je n'en sais rien.
En vrai, depuis quelques semaines, Alicia fréquentait un mystérieux homme, mais elle ne me l'a jamais présenté.
- Alors, comment savez-vous qu'elle fréquentait quelqu'un ? s'insurgea Mme Muya.
- Je le sais parce que, depuis un certain temps, elle avait complètement changé ses habitudes. Elle était, comment dire... un peu plus mystérieuse. Elle recevait des appels anonymes et s'éclipsait avant de décrocher. Elle arrivait en retard au boulot, chose qui était assez inhabituelle chez elle. Et quand je l'ai interrogée sur le sujet, elle m'a simplement répondu que je me faisais des idées. Du coup, par curiosité, le jeudi dernier, je l'ai suivi après le boulot en espérant découvrir ce qu'elle cachait. Elle se dirigeait vers l'arrêt de bus comme d'habitude, avant de changer subitement de direction pour enfin monter à bord d'une voiture noire.
Sentant qu'elle était sur le point de lui donner une piste, Zola ne put s'empêcher de sursauter :
- Une voiture noire, vous dites ? Quelle en était la marque ? Avez-vous pu voir le conducteur ou mieux encore, la plaque d'immatriculation ?
- Non, non et non, lieutenant ! Vous l'ignorez sans doute, mais sachez que les voitures et moi, ça fait deux. Ceci dit, il y avait un chauffeur qui attendait juste à côté et qui lui a gentiment ouvert la porte dès son arrivée. Et c'est là que j'ai aperçu un homme ; oui, je suis sûr que c'était un homme.
- Et pourriez-vous me décrire l'homme qui attendait dans la voiture ? lui questionna-t-il.
- Tout ce que je peux vous dire à son sujet est que c'était un homme brun de peau, de taille moyenne et portant un costume bleufoncé, enfin, je crois. Je suis désolé, lieutenant, j'étais beaucoup trop loin pour voir son visage.
- Ne vous inquiétez pas, vous venez déjà de m'aider dans mon enquête. Je sais que cela peut vous paraître étrange que je pose des questions sur son petit copain au lieu de me concentrer sur Hugo Malanda. Sachez simplement que j'ai pour habitude de suivre toutes les pistes. Ceci étant dit, M. et Mme Muya, Mme Sandra ; merci pour votre collaboration. Je vous présente mes sincères condoléances et je vous promets de faire tout ce que je peux afin de retrouver son assassin.
Et il se dirigea vers la sortie en observant discrètement les
photos d'Alicia qui étaient accrochées au mur. Exténué, il comptait rentrer chez lui et prendre une douche quand il reçut un appel inattendu du lieutenant Lokwa :
- Salut, Az. Tu es où ?
- Salut John, je suis chez les parents d'Alicia Muya et là je compte rentrer chez moi, prendre une douche et me reposer, car la nuit a été très longue.
- Rentrer chez toi, tu dis ! Je crois que cela va devoir attendre !
- De quoi est-ce que tu parles ?
- Nous venons de localiser le portable d'Hugo Malanda et là, nous sommes en train de le suivre grâce au signal GPS de
son portable. Alors ramène ta tête en vitesse.
Fatigué, Zaïre Zola avait de plus en plus de mal à rester concentré, il commençait à somnoler. Entre deux clignement des yeux, son attention fut perturbée par des flash-back de cette fameuse nuit. Il se vit à nouveau piégé dans cette voiture en feu où la fumée s'accumulait de plus en plus, rendant difficile la respiration. Il revivait la même scène comme s'il y était encore, créant ainsi un silence plus qu'embarassant.
En réponse à ce mutisme, le lieutenant Lokwa s'inquiéta et insista.
- Allô Az ! Ici la Terre ! Tu es toujours là ?
In extrémis, il reprit ses esprits.
- Kof ! Kof ! Désolé, j'ai été distrait par le vol majestueux d'un papillon. Sinon, où est-il ?
- Le portable du suspect a été localisé sur une station-service proche de la route Matadi.
- Vraiment ! Laisse-moi deviner, il fait le plein avant de quitter la ville, n'est-ce pas ?
- Probablement, réagit-il. Vu sa position actuelle, il n'est pas loin de la route nationale numéro 1 qui lui permettrait de quitter aisément la ville.
- Dans ce cas, choppez-le, avant qu'il ne l'atteigne, gueulat-il.
- Relaxe Az, un flic qui était tout près est déjà sur les lieux. Il a reçu l'ordre de m'attendre et de ne passer à l'action que si le suspect est sur le point de s'en aller avant mon arrivée.
Il n'avait pas fini que ledit policier le contacta par talkie-walkie :
- Sergent Dikembe, au lieutenant Lokwa, vous me recevez ?
- Attends, Az, je te relance. Je vous reçois cinq sur cinq, sergent. Alors, vous en êtes où avec le suspect ? Il est toujours en train de faire la queue en attendant de pouvoir faire le plein de sa voiture ?
- Négatif, lieutenant.
- Comment ça, négatif !
Avec un soupçon de regrets, le sergent se gratta la tête, puis commença à relater ce qui venait de se passer.
- Lieutenant, j'avais reçu l'ordre de passer à l'action que si jamais il comptait partir avant votre arrivée, n'est-ce pas ?
- Affirmatif.
- Eh bien, comment dire ; il... il avait fini de faire le plein et comptait s'en aller. Alors... alors, j'ai été contraint de passer à l'action.
- Et là, vous l'avez arrêté, n'est-ce pas ? S'il vous plaît, par tous les saints, dites-moi que vous l'avez arrêté.
En sueur, la voix pleine de honte, il déclara :
- Négatif, lieutenant. Je comptais l'arrêter quand il m'a repéré. Et, avec une vitesse impressionnante, ce salopard a sorti son magnum. Il s'en est suivi des échanges de coups de feu, mais hélas, il a réussi à m'échapper en volant une moto.
Furieux, Lokwa laissa exprimer toute sa frustration en tapant successivement le volant de sa voiture :
- Merde, merde, merde, eh merde !
Ayant entendu un aperçu de la colère du lieutenant Lokwa, le pauvre sergent tenta de rattraper sa bourde :
- N'ayez crainte, lieutenant, il n'ira pas très loin. Nous allons installer des barrières un peu partout aux différentes sorties de la ville. Sur ce, il n'ira nulle part.
- Vous avez intérêt à le retrouver, meugla Lokwa avant de relancer Zaïre Zola.
- Tu es toujours là, Az ?
- Mais où veux-tu que je sois, bon sang ! Ça fait des lustres que j'attends, brailla-t-il en démarrant sa voiture. Alors, on en est où ?
- Eh bien Az, à ce sujet, on a un petit problème, mon vieux.
- Un problème, tu dis ?
- Oui.
- Dis donc, John, je n'ai pas toute la journée, alors crache le morceau, tu veux !
- D'accord. On l'a perdu. Je veux dire, le sergent Dikembe, le flic qui était sur place, l'a perdu.
Zola freina brusquement et, à l'instar de son coéquipier tout à l'heure, brama si fort qu'on pouvait l'entendre à des mètres.
- Putain de bordel de merde, merde ! Comment une telle chose a bien pu arriver ?
- C'est une longue histoire, Az, je t'en épargne les détails.
Et le sergent Dikembe reprit contact :
- Vous êtes toujours là, lieutenant Lokwa.
- Affirmatif, sergent. Qu'y a-t-il ?
- J'ai trouvé des trucs qui devraient vous intéresser, à mon avis.
- Bien reçu, je vous relance. Navré, Az, mais il va falloir que tu patientes encore un moment, puisque le sergent
Dikembe vient de me recontacter...
- Dans ce cas, mets-moi sur haut-parleur, j'ai très envie d'entendre ce qu'il a à dire, celui-là !
- Soit. Sergent Dikembe, je tiens à vous informer que mon coéquipier, le lieutenant Zola, est sur haut-parleur.
Dès l'instant où il entendit le nom du lieutenant Zola, il eut tellement peur que cela se faisait entendre dans sa voix :
- Le... le lieutenant Zola, vous dites ?
- Affirmatif, répondit sèchement Zola. Et je suppose que vous êtes celui qui a merdé en laissant filer le suspect.
Habité par la honte, le sergent se tapota le front.
- Au fait, lieutenant, pour tout vous dire, ça ne s'est pas
vraiment passé comme ça...
- Sergeant, ne faites pas attention au lieutenant Zola, répliqua Lokwa. C'est dans sa nature d'être désagréable.
Poursuivez, je vous prie.
- Bien, merci, lieutenant. Je tenais simplement à vous informer que je viens de retrouver un téléphone portable, la carte d'identité d'Alicia Muya ainsi qu'un sac rempli d'argent dans la voiture du suspect.
- Probablement toutes ses économies, commenta le lieutenant Lokwa.
- Sans argent, il n'ira nulle part, souligna le sergent. Et la cerise sur le gâteau est que j'ai également retrouvé ce qui semble être l'arme du crime - un couteau de cuisine tâché de sang.
- En voilà une bonne nouvelle ! s'écria Lokwa. Tu entends ça, Az ? Avec ça, on va sûrement pouvoir boucler cette enquête en deux trois mouvements. Beau boulot, sergent.
Mais Zola n'était pas du tout de cet avis, et le fit savoir.
- Tu parles d'un beau boulot ! Je te signale que s'il n'avait pas merdé, on aurait un suspect derrière les barreaux en plus des preuves tangibles.
- Dis donc, ça t'arrive d'être gentil !
- Mais je suis gentil là, répliqua-t-il. Je ne l'ai pas encore traité d'incompétent, je te signale.
- Tolérance Az, tolérance !
- Cela dit, c'est merveilleux qu'Hugo ait laissé tout son fric dans sa bagnole, ce qui veut dire qu'il ne pourra pas quitter la ville, en tout cas pas en étant fauché.
- En effet, Az, s'il veut partir, il lui faudrait au moins du carburant pour la moto qu'il a volée et des vivres pour sa survie.
Et vint le tour du sergent Dikembe d'intervenir :
- On peut donc partir du principe qu'il devra rester en ville en attendant de trouver le nécessaire. Hélas, ça ne sera pas facile de le retrouver, puisqu'il pourrait être partout maintenant.
- Homme de peu de foi, vous êtes encore là, vous ! reprit Zola.
Une fois de plus, le lieutenant Lokwa s'interposa :
- Az !
- D'accord, tu as gagné, John. J'arrête de le taquiner.
Avec un sourire quasi machiavélique, il poursuivit :
- Tout bien réfléchi, je crois avoir un plan pour l'appréhender.
- Vraiment !
- C'est assez simple, il suffit juste de... Un instant. Excusez-moi, j'ai un double appel.
Le numéro étant inconnu, Zola crut qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un journaliste qui avait réussi l'exploit de trouver son numéro :
- Ici le lieutenant Zaïre Zola, et non, je ne vous accorderai pas une interview...
- Bonjour, lieutenant, dit son interlocuteur. C'est le docteur Joël Ngala, le médecin légiste chargé de l'affaire Alicia Muya.
Bouche bée, il lui fallut quelques secondes pour se remettre de ce moment plus qu'angoissant :
- Oh, toutes mes excuses, docteur ! Mais je croyais que c'était Rachel qui s'en occupait ?
- C'était le cas, mais elle a eu un imprévu.
- Quel imprévu ? appuya-t-il.
- Elle est actuellement au chevet de sa sœur qui vient de tomber malade. Sur ce, c'est moi qui reprends l'affaire. Ceci étant dit, je vous prie de bien vouloir passer au bureau, j'ai quelque chose d'intéressant à vous montrer, conclut-il.
- C'est noté, docteur, j'arrive donc.
Puis, il reprit le fil de la discussion avec Lokwa et le sergent Dikembe :
- Vous êtes toujours là ?
- Mais où veux-tu qu'on soit ? rétorqua le lieutenant John d'un ton sarcastique. Désolé, il fallait que je me venge. Tu peux continuer, je t'en prie.
- Je disais donc avoir un plan pour arrêter le suspect.
- Quel est votre plan ? exigea le sergent Dikembe. Comptez-vous essayer de localiser à nouveau son portable ? Parce que je vous rappelle que nous l'avons également retrouvé dans sa voiture.
- Mais pas du tout. Le suspect est un homme seul, activement recherché, fauché et sans domicile. Et, pour couronner le tout, son visage va désormais passer sur toutes les chaînes de télévision. La question, c'est de savoir que fait un homme quand il se trouve dans une telle impasse ?
- Il cherche un refuge, insinua Lokwa.
- Exactement ! Alors à votre place, je surveillerais surtout les personnes les plus susceptibles de l'héberger. Sa mère, son frère et j'en passe, conclut-il avant de raccrocher.

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