Chap 5
Malgré la fatigue que le lieutenant Zola ressentait, l'obsession pour la vérité prit le dessus, chassant somnolence et courbatures.
Il était tellement impatient de connaître ce que le médecin légiste venait de découvrir pendant l'autopsie qu'il pressa d’aller à sa rencontre, Malgré le temps, la circulation était fluide, si fluide qu'il se permit de rouler aussi vite qu’autorisé. Au bout d'une heure, il arriva finalement à destination et se pressa aussitôt vers le bureau du légiste. C'était un homme de taille moyenne et mince tel un cachectique. Ses cheveux étaient crépus et sa peau, d'une couleur pâle.
— Le genre à adorer ouvrir des cadavres, cogita-t-il.
Si son apparence laissait à désirer, son intellect, lui, valait largement le déplacement du lieutenant :
— Bonjour, lieutenant. Venez donc, je vous prie.
Et ils se présentèrent devant le corps d'Alicia couvert jusqu'aux épaules. Le froid glacial du lieu irritait fortement Zola qui était pressé d'en finir :
— Alors Doc, vous m'avez demandé de venir… je suis là !
— Et je vous remercie d'être venu aussi vite. Je sais que vous êtes un homme très occupé…
— Très occupé, en effet !
— Je vais donc éviter de vous faire perdre votre temps. Sans plus tarder, je vous invite à jeter un coup d'œil juste là, dit-il en indexant la joue d'Alicia.
Zola, qui commençait à frissonner, était trop occupé à se frotter les mains pour voir le détail que le légiste lui montrait :
— Brrr ! Alors comme ça, vous m'avez fait finir ici pour me montrer la joue de la victime ! J'avais déjà remarqué ces ecchymoses sur la scène du crime, je vous signale !
— Mais, non lieutenant, vous n'y êtes pas du tout. Veuillez regarder de plus près. Peut-être que vous verrez mieux avec plus de lumière.
Et il prit la lampe qui traînait juste à côté et éclaira la joue droite d'Alicia. Et là, ce détail pour lequel il l’avait contacté apparut comme par magie sous le regard étonné de Zola.
— Attendez, on dirait… c’est quoi ces traces sur sa joue droite ? Je ne me souviens pas les avoir vues cette nuit.
— C'est ce qu'on appelle des traces post mortem, lieutenant ! Comme son nom l'indique, elles se forment un certain temps après la mort, reprit le légiste avec un faciès satisfait. Mais dites-moi, lieutenant, que voyez-vous d’autres ?
En baissant davantage la tête vers la joue d'Alicia, Zola y vit plus clair.
— Euh, je crois distinguer un cercle avec des feuilles en périphérie, observa-t-il.
— Exact, lieutenant. Je miserais sur des feuilles de laurier. Est-ce là tout ce que vous voyez, lieutenant ?
— N… non. Tout au centre, je vois également des lettres. Oui, c'est bien ça, ce sont bien des lettres ! À première vue, je dirais « P.A.S. » ... non, plutôt « R.H.S. » ou encore « P.H.S. ». Ouf, j'avoue avoir un peu de mal, là !
— Oh, ça, c'est tout à fait normal, lieutenant ! J'ai eu le même problème au début, mais j’y ai vu plus clair dès que j'ai utilisé une loupe.
Et il prit la loupe qui se trouvait juste à côté.
— Venez donc, lieutenant, je suis sûr qu'avec ça, tout sera plus net.
Zola s'approcha et tenta à nouveau de décrire ce qu'il voyait.
— En effet, c'est tellement plus clair !
— Alors, que voyez-vous, lieutenant ?
— Je vois les lettres « P.H.S. » au centre.
— En effet, lieutenant ! Le cercle que vous voyez là mesure environ 4 cm de diamètre et les motifs qu'il contient mesurent à peine 3 cm de large, 2 cm de longueur et 1 mm de profondeur.
— Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Vous le savez-vous ?
— Pour tout vous dire, je l'ignore. Tout ce que j'ai, c'est une théorie farfelue, lâcha-t-il en couvrant complètement le corps d'Alicia.
— Oh doc, on ne vous a jamais dit que j'adore les théories farfelues ?
— Eh bien, selon moi, le jour de sa mort, la victime a été en contact avec un objet portant ces motifs. Cela pourrait être directement, par un coup de poing par exemple, ou indirectement, en tombant sur ce même objet. Mais, puisqu'aucun truc de ce genre n'a été retrouvé sur la scène, on peut donc supposer que le meurtrier l'a emporté.
Stupéfait, le lieutenant voulut en savoir plus sur ces fameuses traces :
— Avez-vous une idée sur l'objet qui aurait pu laisser ces traces ?
— Pas vraiment, mais j'ai d'ores et déjà entamé des recherches afin de l'identifier. Cela pourrait être une chevalière, la boucle d'une ceinture, et j'en passe. Mais, comme je vous l'ai dit, aucun objet ayant ces motifs n'a été retrouvé sur la scène du crime.
— Si jamais vous avez un résultat, faites-le-moi savoir, s'il vous plaît.
— C’est noté.
Dès qu'il eut fini, Zola rentra chez lui inquiet, exténué et avec quelques zones d'ombres.

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