Chap 8

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Le lendemain, dès la première heure, il se dirigea vers le lieu de travail d'Alicia – là où même Sandra et Hugo témoignèrent avoir aperçu cette fameuse voiture noire. Il espérait ainsi qu'une caméra de surveillance bien placée l'aurait filmée.

Une fois sur place, il commença d'abord par rechercher des caméras dans l'immeuble où Alicia travaillait. Hélas, celui-ci n'en possédait guère à l'extérieur. Il parcourut ensuite quelques mètres, en recherchant quelques-unes dans l'immeuble d'à côté, puis celui en diagonale, et là, il en trouva finalement une. Elle était plutôt bien dissimulée sur la clôture – passant quasi inaperçue – mais son œil de lynx lui permit de la remarquer ; ça, c'était facile.


Maintenant qu'il en avait trouvé une, il ne lui restait plus qu'à avoir accès aux vidéos filmées par celle-ci – sans mandat, au vu de l'urgence – ça, c'était le plus dur.


Comme il s'y attendait, le vigile responsable des vidéosurveillances était un peu réticent à l'idée de lui donner cet accès. Fort heureusement, il savait comment s'y prendre avec ce genre de personnes.


Sans trop forcer, il réussit à le convaincre à coups d’un joli speech et de quelques billets verts, bien sûr.


— Enfin, on y est ! Une Rolls-Royce noire dans cette partie de la ville ne doit pas être si difficile que ça à trouver ! se
réjouit-il avec une certaine assurance.


Sans perdre une seule seconde de plus, Zola lui communiqua la date à laquelle Sandra, la meilleure amie d’Alicia, disait avoir vu cette fameuse voiture noire.
Finalement, au bout de quelques minutes de visionnage, elle était enfin là, aussi belle qu’il l’imaginait.


Quel chef-d’œuvre, c’était ! Même sur une vidéo de surveillance de qualité moyenne, elle paraissait toujours aussi belle. Ceci dit, ce qui l’intéressait le plus n'était guère la voiture en soi – qui, soit dit en passant, était magnifique. Encore moins le visage du chauffeur, qui, sur la vidéo, était indescriptible. Non, ce qu'il cherchait, c'était la plaque d'immatriculation. Et c’est pourquoi, dès l’instant où la Rolls-Royce apparut sur l’écran, il exigea du vigile, qui visiblement s'y connaissait un peu en informatique, de zoomer et de clarifier l'image.


Au bout de quelques petites modifications, elle était enfin là, plus nette. Sur la plaque, on pouvait bien distinguer le numéro d'immatriculation : 0224AB|10 qu'il se pressa de noter dans on petit carnet. À peine l'avait-il noté qu'il se pressa de contacter aussitôt son contact au sein de la DGI qui gère les plaques de la ville :


— Salut princesse, ça fait un bail, dis donc ! dit-il d'une voix flatteuse.
— Qu'est-ce que tu veux, Zaïre ? lâcha-t-elle sèchement.
— Mais rien du tout, princesse ! Je voulais juste entendre ta belle voix.
Mais celle-ci le connaissait suffisamment pour deviner qu'il avait besoin d'un service.
— Zaïre ! Zaïre ! Zaïre ! Je te connais depuis assez longtemps pour savoir que tu ne m'appelles que lorsque tu as besoin d'aide. Alors, dis-moi, que veux-tu ?
— Mais pas du tout, princesse, je t’assure que je voulais juste t’entendre. Mais puisque tu insistes, disons que j'ai… j'ai un numéro de plaque d'immatriculation d’une bagnole et…
— Tu aimerais que je vérifie à qui elle appartient, n'est-ce pas ?
— Oui, princesse. Je viens de te l'envoyer à l'instant.
— Tu sais, Zaïre, contrairement à ce que tu crois, j'ai beaucoup de travail à faire, l’informa-t-elle en tapant rapidement le numéro sur son ordinateur.


Avec une voix toujours aussi flatteuse, il répliqua :


— Je te revaudrai ça, ma belle. Que dirais-tu des roses ? Je sais que tu les aimes.
— Des roses, hein ! C'est exactement ce que tu m'avais promis la dernière fois que je t'ai rendu un service, et tu sais
quoi, mon beau, je les attends toujours.
— Ça, c’est parce que j’avais prévu de te les livrer personnellement, mais hélas, je n’ai jamais eu le temps de le faire.
— C’est ça ! murmura-t-elle. Alors, voyons voir – 0-2-2. Eh bien, d'après ce que je vois, la plaque est enregistrée au nom d'Allan Simba. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il est assez beau gosse, celui-là !
— Plus que moi, princesse ? dit-il d’un ton sarcastique en écrivant rapidement son nom dans son carnet.
— Sans l'ombre d'un doute, il est à croquer. Bien, je viens de t'envoyer sa photo et… j'attends mes roses, hurla-t-elle.
— T’inquiète pas ma belle, je gère !
Alors qu'il sortait de l'immeuble, il téléchargea la photo de ce fameux Allan Simba :


« C'est vrai qu'il est plutôt beau gosse ! » marmonna-t-il.


En effet, en plus d'être riche et charmant, Allan était également l'une des personnes les plus puissantes de la ville.


Descendant d'une longue lignée de puissants entrepreneurs, il était né avec une cuillère en or dans la bouche, et sa célébrité n'avait pas de frontière. Rien de plus normal que son visage parut si familier à Zola, qui se ruminait depuis, sur le lieu où il avait bien pu voir ce visage :


— Tiens tiens, ce visage me dit quelque chose ! Je crois l'avoir déjà vu quelque part, mais c’est étrange, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Serait-ce dans un gala de charité ? Mais qu'est-ce que tu racontes, Zaïre, tu n'y vas jamais. Euh, dans un restaurant ? Non plus, je doute fort qu'il soit du genre à fréquenter des fastfoods. Enfin bref, ma mémoire me joue encore des tours, mais heureusement que Google existe, tiens !

Incapable de se rappeler où il avait bien pu voir Allan, le lieutenant Zola prit son téléphone portable et fit des recherches
sur Internet :


— Voyons voir : Amman dimva… Non, plutôt Akkab Domba.. Eh merde, je crois qu'il me faut des lunettes.
Après quelques tentatives ratées, il réussit enfin à l'écrire correctement.


Très vite apparut un tas de résultats. Tant de mots pour décrire un seul homme. Il peinait à voir tout ce qui était écrit, mais au bout de beaucoup d'effort d’accommodation, il parvint malgré tout à lire l'essentiel :


— Allan Harvey Simba… Fils d'Edgar Simba, né le… à Matadi. Directeur financier de Simba Oil. Eurêka, je te tiens ! gueula-t-il. On va enfin pouvoir savoir pourquoi tu te caches.


Maintenant qu'il connaissait l'identité de l'ex-petit ami d'Alicia, il ne lui restait plus qu'à le faire sortir de son trou, mais ça, c'était une autre histoire. Heureux qu'il était, il contacta rapidement son coéquipier afin de lui en informer :


— Salut John.


Et sans y aller par quatre chemins, il lui annonça la bonne nouvelle :


— Allan Simba.
— Qui ça ?
— Allan Simba, bon sang ! Tu sais, le millionnaire beau gosse appartenant à la famille Simba.
— Je sais qui est Allan Simba, mais ce que j’ignore, c'est la raison pour laquelle tu me parles de lui.
— Eh bien, je t'informe que c'est lui le fameux petit ami d'Alicia. Ne me demande pas comment je l'ai su, c'est une très longue histoire.
— Sans blague ?
— Ouais, sans blague !
— Eh merde, la famille Simba, tu dis ! Ces gens-là sont du genre à exiger la présence de leur avocat dès qu'un flic leur dit bonjour, se lamenta Lokwa.
— Ça, je le sais, réagit-il en faisant les cent pas.
— Alors, comment espères-tu l'approcher ?
— Oh, ça, je le sais déjà ! affirma-t-il d'un ton sarcastique.
— Je reconnais cette voix ! C'est celle que tu as lorsque tu as un plan diabolique derrière la tête, je me trompe ?
— Pas vraiment.
— Dans ce cas, dis-moi comment comptes-tu t'y prendre.
— Rien de plus simple, c'est lui qui viendra à nous.
Un peu perplexe, Lokwa se gratta la tête :
— Là, je suis largué, mon ami.
— Ne t’inquiète pas, tu le sauras bien assez tôt.


Dès qu’il raccrocha, il mit son plan en exécution en envoyant le nom d'Allan au procureur général, Benjamin Yala.
C'était un secret pour personne que ce dernier avait une dent contre la famille Simba – qu'il jugeait par ailleurs impliquée dans différentes affaires pas nettes. Dès qu’il apprit qu'il s'agissait d'un Simba, il se fit un malin plaisir de le citer à comparaître.


La simple perspective d’embêter un Simba le réjouissait au plus haut point. Et pour augmenter davantage la pression sur Allan, le lieutenant laissa fuiter son nom à la presse, si bien que, dans les heures qui suivirent, on ne voyait plus que sa belle gueule sur toutes les chaînes de télévision, ainsi que sur les réseaux sociaux.


— Rebondissement dans l'affaire Alicia Muya : Le Directeur financier de Simba Oil, Allan Simba serait le petit ami d'Alicia Muya, lisait-on à la une de Quid Magazine.
— Le Mystère du silence : le petit ami d'Alicia, Allan Simba, reste muet après le meurtre. Que cache-t-il ? pouvait-on lire à la une du journal Bosolo News.
— Le Troublant Silence : le petit ami d'Alicia serait impliqué dans le meurtre, mais aucune déclaration. Serait-ce un écho de culpabilité ou de peur ? À la une du journal Ba Sango na Biso.

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