Chapitre 1-2

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L’obscurité avait rejoint la ville, la plongeant dans une ambiance saisissante. Les marchands, les chevaux et les passants se taisaient ; aussi pouvait-on distinguer plus clairement la marche des gardes qui faisaient çà et là leur ronde. Il était également manifeste que l’eau du lac de l’Académie ne s’était toujours pas calmée.

Elaena visualisa une dernière fois l’itinéraire qu’elle avait préparé quelques heures auparavant. Il ne serait bien sûr pas aisé de rejoindre le centre du lac, mais elle ne pensait pas la tâche irréalisable.

Elle s’assura d’un bref regard que personne ne l’épiait, escalada le muret de pierres qui se trouvait là et s’élança sur la pente raide qui menait jusqu’à l’eau, quelques mètres en contrebas. Avant qu’elle ne puisse même l’atteindre, son pied glissa sur une pierre plus irrégulière que les autres. Elle perdit l’équilibre et bascula, s’écorchant un genou.

— Bon début, ironisa-t-elle, pestant contre elle-même.

Heureusement, la blessure était suffisamment légère pour ne pas contrevenir à son plan. À présent qu’elle se tenait au bord de l’eau, il lui suffisait d’y plonger afin de rejoindre le mur de l’Académie. Voilà qui ne devrait pas être trop délicat, se dit-elle, cependant peu confiante.

Elle constata très rapidement l’ampleur de son erreur. À cette heure de la nuit, l’eau était réellement glaciale. Les courants étaient bien plus puissants que ce à quoi elle s’était attendue : les vagues la submergeaient régulièrement, l’empêchant de se situer. Ses vêtements déjà trempés l’entrainaient vers le fond, si bien qu’elle eut à se débarrasser de ses chaussures pour avancer, toujours aussi péniblement que si elle avait été estropiée. Alors qu’elle luttait pour que ses yeux restent à la surface, elle se rendit compte que le mur d’enceinte de l’Académie se trouvait bien plus loin dès lors qu’il s’agissait de le rejoindre à la nage. Elle redouta de ne jamais avoir assez de forces pour combattre les courants sur une telle distance.

Pour la première fois depuis son arrivée à Azur, Elaena douta de ses chances. Cet instant d’hésitation suffit à une vague trop puissante pour la projeter en arrière, contre les rochers, avant de l’attirer à nouveau vers le lac. Sa vue se brouilla, ses forces la quittèrent. Afin de ne pas se noyer, elle cessa tout mouvement. Le visage tourné vers un ciel sans étoiles, elle se laissa ainsi guider. Immobile dans l’eau froide, elle songea à abandonner. À laisser le courant la mener où bon lui semblait jusqu’à ce que la faim l’emportât — ou le soleil, ou le froid, ou même la noyade.

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