Chapitre 5-7

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Ils marchaient depuis quatre jours. Nahel et Elaena parcouraient plaines et forêts, longeant un chemin peu fréquenté sans toutefois le fouler directement, se dissimulant à la vue des rares voyageurs qui croisaient leur route. Ils progressaient lentement, mais leurs pas étaient décidés, confiants, assurés. Ils faisaient halte lorsque la lumière du jour déclinait, se reposant à tour de rôle afin que toujours un œil demeure ouvert, et reprenaient leur route dès les premières lueurs de l’aube. Ils mangeaient ce qu’ils trouvaient, buvaient l’eau des rivières ou des étangs qu’ils rencontraient parfois. Sans cheval, sans matériel et sans provisions, leur périple était des plus pénibles ; souvent ils souffraient de la soif et de la faim, toujours ils dormaient à même le sol et s’éveillaient couverts de bleus après quelques heures peu reposantes. Pourtant, jamais ils ne perdaient courage car, malgré les événements qu’ils avaient eu à traverser quelques jours auparavant, leurs esprits demeuraient sereins, comblés de tout ce dont ils avaient besoin.

Du moins était-ce ainsi qu’ils leur apparaissaient car, s’ils y prêtaient davantage attention, ils y trouveraient inévitablement certains tourments. L’incertitude et l’angoisse, la peur de l’inconnu qui se dressaient tant face à eux que dans leurs traces, demeuraient enfouis au fond d’eux-mêmes, malhabilement recouverts d’un souvenir heureux, bienveillant, et particulièrement fugace.

Nahel en avait pleinement conscience.

Depuis qu’Elaena lui avait ouvert son cœur en un geste immensément puissant, comblant des attentes auxquelles il n’avait osé songer, elle n’y avait plus guère fait la moindre allusion, le moindre retour. Même si elle avait entretenu une humeur bien plus positive qu’à son habitude, Nahel n’avait pas tenté de lui forcer la main, de la ramener à son propre aveux, de lui faire part de ce qu’elle avait éveillé en lui.

Après tout, lui-même avait eu si peu de temps pour s’y plonger pleinement. Si peu de temps pour penser, depuis leur départ. Il n’en ressentait pourtant aucun besoin, tant tout semblait le pousser dans une direction inconnue, mais si évidente.

Néanmoins il demeurait en son esprit de nombreuses régions obscures. Elaena l’avait laissé seul durant près d’une heure, après ce bref haussement de ton ; elle s’était enfoncée dans une végétation si dense qu’elle s’y était trouvée avalée et était restée dans le ventre de la forêt jusqu’à ce qu’il parvienne à la retrouver, aux abords d’une petite cabane qui n’existait plus qu’à l’état de ruine. Nahel ignorait ce qu’il s’était passé durant cet instant qu’elle passa seule, mais il savait que c’était cet instant qui l’avait poussée à reconsidérer sa décision. Ainsi qu’à en prendre une autre, tout aussi importante. Si pas plus encore.

Après qu’elle lui ait ouvert son cœur, déversant sur lui un amour aussi intense qu’il parut fugace, elle avait annoncé qu’elle souhaitait suivre le conseil du professeur Grimsen et se rendre à la Forteresse d’Argent.

— Allons-y, avait-elle simplement déclaré.

— Où ça ? avait demandé Nahel.

— Rencontrer ce roi.

Nahel ne lui avait pas posé la moindre question ; il n’avait pas tenté d’obtenir de sa part davantage de précisions. Il s’était contenté d’acquiescer, de lui sourire, de la suivre.

D’accepter sa décision, de respecter ses revirements.

De comprendre son désarroi sans jamais s’y immiscer trop profondément.

D’accepter son optimisme, de l’entretenir, de le mener à ce qu’il convoite.

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