Chapitre 8-6
Un jour viendra un soldat
Et son épée mystique !
Il chassera tous les chiens
Dans leur sombre pays !
Le jeu des musiciens redoublait d’intensité, inondant le bar de son rythme entrainant. Les instruments vibraient de toute leur joyeuseté, ils semblaient danser au cœur des notes qui virevoltaient dans les airs. Les couplets résonnaient gaiement aux oreilles des fêtards hilares, les entrainant volontiers dans une valse hétéroclite. Alors que Nahel était gagné par la musique, laissant sa tête en adopter la cadence, il aperçut le sourire d’Elaena dont les yeux étaient posés sur le petit orchestre, et la main dans la sienne qui peu à peu se laissait séduire par la mesure.
Un jour viendra un artiste,
Et son pinceau magique !
Il ramènera la splendeur
Dans les yeux des petits !
Elaena se leva d’un bond, laissant là le verre qu’elle avait entamé, entrainant Nahel dans sa ferveur. Elle s’élança au travers des tables, au-devant de la scène, par-delà la musique. Les musiciens redoublaient d’entrain alors qu’elle se mouvait avec eux, laissant habilement son corps s’accorder à la joyeuse mélodie. Elle ne se séparait pas des mains de Nahel, elle ne les laissait pas fuir sa félicité, elle les guidait vers ses propres pas. Leur danse, de mouvements jumeaux, semblait pure harmonie.
Un jour viendra un souverain
Et ses yeux magnifiques !
Il conduira le destin
Vers un bel avenir !
Nahel ne pouvait libérer son regard du sien. Leurs yeux emplis de vie se noyaient dans l’envie, dans la folie. Leurs mains s’éloignèrent le temps d’une valse, alors Nahel se délecta de sa silhouette, de ses postures, de ses tournures. Il la découvrit plus belle que jamais il ne l’avait découverte, plus heureuse que jamais il ne l’avait discernée, plus vivante que jamais elle n’avait vécu. Il la découvrit insouciante, pour la première fois, indifférente au monde, évaporée du jour, libérée du passé et du futur. Il la découvrit sereine, et infiniment belle. Infiniment désirable. Infiniment, tout simplement.
Un jour viendra une âme sœur
Et l’union éternelle.
Elle réchauffera le cœur
De son aimée de givre.
Lorsque leurs mains se joignirent à nouveau, elles furent saisies par une immense chaleur.
Nahel regarda Elaena. Elaena regarda Nahel.
Et, à cet instant, chacun sut ce qu’étaient ces sentiments. Chacun comprit le sens de ces émotions.
Par-delà la musique, par-delà le rythme, par-delà la cadence, ils se rejoignirent.
Et, outre les regards, outre la musique, ils s’embrassèrent.
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