Chapitre XXI 2/3

5 minutes de lecture

- J’ai envie de marcher un peu. Tu connais un endroit sympa à la lisière des dunes où on pourrait laisser nos chevaux ?

- Oui. Plus haut sur la gauche, il y a un vieux tronc d’arbre refoulé par les tempêtes. C’est là où je vais d’habitude quand j’ai envie de m’abandonner à la nature, de souffler et de profiter de la vue panoramique sur la mer. Tu vois la crique de sable en bordure des dunes ? C’est à côté. On y va ? Le premier arrivé a gagné.

Et Alice part au galop en riant sans même me laisser le temps de protester. « Pépère » imperturbable, la regarde s’éloigner avant de prendre son allure de sénateur. Perdu pour perdu, autant que ce soit la tête haute, avec dignité, panache et noblesse. Quelques minutes plus tard, je rejoins Alice qui nous attend debout à côté de sa monture, tout sourire.

- J’ai gagné, tu as perdu lamentablement s’écrit-elle joyeuse.

- Tricheuse. Tu n’es qu’une tricheuse mon cœur.

Je pose le pied à terre. On attache « Pépère » à l’arbre mort à quelques distances de « Voie-Lactée » pour éviter qu’ils ne se chamaillent et nos lèvres séparées depuis trop longtemps déjà, ne demandent qu’à se retrouver en toute simplicité. J’aime le goût de ses lèvres. J’aime lorsqu’elles s’envient, lorsqu’elles se désirent, lorsqu’elles se rencontrent, lorsqu’elles s’enivrent en toute impudicité.

- Merci pour ce moment magique mon chéri. C’était vraiment fantastique. Merci. Merci mille fois.

Je soulève mon amoureuse qui s’accroche à mon cou avant de protester mollement.

- Hep ! Tu fais quoi ? Veux-tu me lâcher vil mécréant ? Et en plus tu es tout mouillé.

- T’inquiète, ça va sécher, c’est toi qui me l’a dit.

Mon amoureuse dans les bras, je dessine avec mes pieds, sur le sable humide un grand rond avec sur le dessus une rehausse un peu plus épaisse.

- Devine ce que c’est ?

- Trop facile, c’est un cercle.

- Pas douée ma chérie. Regarde mieux !

Au centre du rond, je trace le contour d’un cœur.

- Alors ?

- Un cœur dans un rond ? Non je ne vois pas ! Je donne ma langue aux chats.

- Je t’aide. Le cœur, c’est la représentation sentimentale de l’objet.

- Euh … un anneau… Non, une bague alors ?

- Il était temps que tu trouves parce que je commençais à fatiguer.

- Et c’est quoi le rapport ?

- Chut ! Interdiction de poser des questions.

Je dépose Alice à proximité, dans un creux de dune, là où nous pouvons garder un œil sur nos montures. Son sourire est tout aussi méfiant qu’interrogateur.

- Ferme les yeux. Interdiction de les ouvrir tant que je ne t’ai donné le signal.

Alice ferme ses jolies paupières. J’admire ce visage enfantin confiant, si pur, si rayonnant, où le bien-être transpire sur son teint clair. Je dépose un baiser sur chaque paupière et son sourire curieux se creuse pour la rendre encore plus resplendissante, plus désirable. Je prends sa main gauche. Je la caresse en passant par chaque doigt.

- Arrête, ça chatouille.

- Chut ! Petite indisciplinée. Tu ne mérites qu’une énorme fessée.

Je sors la bague de ma poche et je la lui glisse sur son annulaire. L’anneau vient se positionner à merveille en butée sur le doigt avec très peu de résistance, juste ce qu’il faut pour rester en place.

- Tu fais quoi ?

- Chut ! Pas de question on a dit.

Je prends sa main et je dépose un baiser d’amour sur chacun de ses doigts.

- Maintenant tu peux ouvrir les yeux ma puce.

- Waouh, mais tu es fou mon chéri. Elle est belle mais tu sais bien que je n’ai pas besoin de cela. Tu es là, avec moi et ici en plus, c’est le plus beau des cadeaux que tu puisses me faire.

- Oui, je sais mon amour mais c’est pour une occasion toute particulière.

- Ah ? Et c’est quoi cette occasion spéciale ?

- Une nuit j’ai rêvé que je demandais à une très jolie fille si elle pouvait envisager d’être ma fiancée avant de devenir ma femme. J’ai cherché et sans difficulté, j’ai trouvé la bague qu’il y avait dans mon rêve. Ensuite, j’ai pris la première infirmière venue pour qu’elle puisse la porter et pas de chance, c’est tombé sur toi.

- La première venue, n’importe quoi ,dit-elle en feignant d’être outrée.

- Dans mon rêve elle avait les larmes aux yeux.

- Comme maintenant ?

- Oui comme maintenant ma puce.

- Et si je dis non ?

- OK. Alors rends la bagouse, je vais trouver une autre fiancée moins difficile.

- Que nenni. Je la garde. Elle est trop belle. Et pour répondre à la question que tu ne m’as pas posée. Oui évidemment que je veux être ta fiancée. Mais là encore, rien ne nous oblige à passer par les procédures conventionnelles. On pouvait très bien rester comme on est. Moi ça m’allait aussi à partir du moment où tu es là avec moi. Embrasse-moi. Tu me rends folle de bonheur. C’est trop mon amour. Et puis même si on y voit beaucoup plus clair, je ne suis pas encore sortie de l’auberge. Il faudrait reprendre cette discussion un peu plus tard, après mon opération. Tu ne crois pas ?

- Parce que ça changerait quelque chose ?

- Je ne sais pas. Je t’aime, ça je le sais. Et puis je n’ai pas envie de trop me poser de questions. Je veux juste savourer le moment présent, cette balade merveilleuse. Si je m’attendais à une demande en mariage aujourd’hui. Même si avec toi je commence à me méfier, tu as le don de me surprendre à chaque fois. Oui, mon cœur. Je veux vivre avec toi, dérouler ensemble notre bonheur qu’on foulera allègrement à deux tous les jours de notre existence. C’est fantastique, presque irréel pour être vrai.

- Ma puce. Il n’y a rien d’irréel. C’est avec toi que je veux moi aussi partager ma vie. Je t’aime trop. C’est avec toi que je veux avoir des enfants. J’ai vraiment envie de cet avenir qu’on va pouvoir construire ensemble. Et il me semble maintenant de plus en plus accessible, à portée de main.

Alice vient se coller à moi. Elle pose sa tête sur mon épaule.

- Tu es fou. Tu vas encore me faire pleurer. J’étais déjà si heureuse et toi tu en rajoutes encore, comme si cela ne suffisait pas.

On reste comme cela un long moment sans rien dire en s’échangeant des petits baisers furtifs, l’un contre l’autre, un bras autour de sa taille. Le soleil se cache derrière un nuage.

- On y va ?

- OK, mon chéri. Tu me portes jusqu’à « Voie-Lactée » ?

Je dépose Alice devant sa jument.

- « Voie-Lactée », je te présente mon fiancé. Tu tâcheras d’être sympa avec lui pendant mon absence.

- « Voie-Lactée », voici ma fiancée. Tu la connais très bien. Elle s’appelle Alice et elle est magnifique mais ça tu le sais déjà. A trois, on forme déjà une petite famille. Tu prendras bien soin d’elle.

- Bon, les présentations sont faites, on peut peut-être y aller ?

Alice m’aide à remonter sur « Pépère ». Elle enfourche sa jument avec une aisance fantastique et nous reprenons le chemin du retour. « Pépère » donne le pas, de son galop tranquille. Je commence à m’y faire.

- Mon cœur, il faudrait que tu continues les cours d’équitation. Ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.

- Oui, tu as raison ma puce, j’en parlerai à Julie.

- °° -

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire jkf ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0