Cyril et le client mystère

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Même si je n'ai pas choisi de faire carrière dans la vente de vêtements pour ça, le fait de pouvoir mater et tripoter de beaux mecs était un petit bonus non négligeable. J'ai longtemps travaillé pour une grande marque de prêt-à-porter masculin qui était très en vogue, ce qui offrait une grande diversité dans la clientèle. Mais après un déménagement, je me suis retrouvé responsable d'une petite boutique pour une marque peu connue. La clientèle se fit plus rare et plus âgée, jusqu'au jour où "il" est entré.

J'étais absorbé par des documents financiers que je devais finaliser dans la journée, lorsqu'un « bonjour » anodin me tira brusquement de mes pensées. Mon cœur se figea, tandis que j'apercevais ce dieu grec colossale. Ma taille approchant le mètre quatre-vingt-dix, il m'était rare de croiser la route d'hommes plus grands que moi, surtout avec une présence aussi imposante. Il n'avait pas plus de la moitié de mon âge, début de vingtaine, et était d'une beauté simple et naturelle. Brun avec une coupe mohawk mi-longue négligée, de magnifiques yeux caramel en amandes, un délicieux sourire charmeur et un visage long et taillé à la serpe.

Je me suis levé de mon siège, abasourdi par son charisme et son charme tranquille, presque banal. Avec un sourire en coin et les yeux pétillants, il s'est avancé vers moi.

— Pardon de vous déranger, je cherche un bermuda pour un mariage décontracté.

Son intense regard plongea dans le mien avec une telle insistance que je ne pus m'en détourner.

— Bien sûr… vous avez une idée de ce que vous voulez ?

Je me suis fait violence pour ne pas laisser transparaître mon trouble, mais il sourit de plus belle.

— Non, pas vraiment. J'ai une chemise blanche et je voudrais un bermuda sympa que je pourrais reporter par la suite.

Sa seule présence me donnait chaud, impossible de freiner l'attraction charmeuse qu'il dégageait.

Nous avons fait le tour des modèles et il en choisit trois qu'il souhaita essayer. C'est alors que je me suis penché sur son physique pour déterminer la taille adéquate à lui donner, remarquant son corps massif. Il avait le haut du corps carré, mais plutôt fin, pas de gonflette ou de musculation à outrance, avec un mignon petit bidon qui tirait légèrement sur son t-shirt vert. Mais le plus impressionnant était ses jambes : larges, épaisse, musclées par la course et probablement un sport comme le rugby. Des cuisses massives, suffisamment fortes pour pulvériser une pastèque sans effort, ainsi que des fesses rebondies et fermes qui étirait son petit short de sport.

Il enfila les différents modèles et j'en profitais pour "vérifier" qu'ils lui siéent correctement. Ses fesses et ses cuisses étaient si développées qu'il lui fallut une taille supérieur juste pour les faire rentrer, ce qui me permit d'apercevoir son boxer rouge tandis que j'effleurais son dos en relevant son t-shirt pour jauger sa taille.

— Vous allez devoir porter une ceinture pour ne pas risquer de le perdre. Vous avez de très belles… gêné, je déglutis puis repris, les cuisses et les fesses musclées ont tendance à élargir la taille.

— Ce n'est pas grave, j'ai l'habitude, avait-il nonchalamment répondu comme si c'était une évidence.

— On ne peut pas être grand et bien bâti sans contrepartie.

La fougue de mon sourire et de mes paroles me surprit et le rouge me monta aussitôt aux joues. Je ne sais pas s'il le remarqua, mais il resta plusieurs secondes à se regarder dans le miroir, me lançant de petits regards en coin tout en souriant.

— J'hésite pour la couleur. Est-ce que ça vous embête si je repasse, le temps de réfléchir ?

— Bien sûr que non, prenez le temps de la réflexion et repassez avec la chemise pour tester la tenue complète.

J'eus beaucoup de mal à contenir mon enthousiasme à l'idée de le revoir. En vingt ans de carrière dans la vente, j'en ai vu passer des mecs que j'ai trouvés beaux ou séduisants, mais lui était d'un tout autre niveau. Plus que son aspect physique, il y avait une force, une sorte d'attraction naturelle qui se dégageait du moindre de ses gestes. Sa présence emplissait l'air d'une tension sensuelle et sexuelle presque palpable.

— Vous avez un numéro où je peux vous joindre, si éventuellement j'ai besoin d'en faire mettre un de côté ?

Face à son sourire, ses yeux qui me transpercèrent en maintenant contre ma propre volonté mon regard dans le sien, j'ai esquissé un vague "oui" avant de lui tendre la carte du magasin en espérant de tout cœur son appel.

— À bientôt alors.

— Oui… au plaisir de vous revoir…

— Au plaisir de vous revoir également.

Il est parti sans un mot de plus, me laissant essoufflé par cette rencontre électrisante.

Durant les jours suivants, j'eus beaucoup de mal à le chasser de mes pensées. Il lui est même arrivé de me rejoindre en rêve, dans des moments fantasmagoriques ou mon imagination débordante se laissait aller à des scénarios tous plus improbables les uns que les autres.

Je suis en couple depuis de nombreuses années et fidèle à mon époux et même si cette rencontre m'avait quelque peu chamboulé, je n'avais aucune intention d'aller plus loin. Fantasmer sur d'autres personnes ne signifie pas qu'on souhaite avoir de véritables rapports sexuels avec elles et de toute façon, je ne m'estimais pas du même niveau que mon mystérieux inconnu, ne serait-ce que par notre différence d'âge et son physique bien plus avantageux que le mien.

Les jours passant, j'oubliais un peu plus mon bel inconnu et repris le cours normal de mes activités, jusqu'à ce samedi après-midi.

— Bonjour ! Vous vous souvenez de moi ?

Un large sourire s'étira sur mon visage tandis qu'il passait la porte. Immédiatement, sa présence s'imposa et je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer.

— Bonjour ! Évidemment, comment vous oublier…

Ne me demandez pas pourquoi j'ai dit cela, les mots sont sortis tout seuls, forcés hors de ma bouche par l'effet de son attraction naturelle sur mon être tout entier.

— Vous avez apporté votre chemise pour essayer la tenue complète ?

J'ai essayé de détourner son attention de ma maladresse verbale, mais l'expression sur son visage m'indiqua clairement que mon trouble l'amusait. Nous avons refait le tour des différents modèles qu'il avait sélectionnés et je lui ai donné sa taille. Il n'y avait pas d'autre client dans le magasin et au moment où il pénétra dans la cabine, il ne tira le rideau qu'à moitié. Une fenêtre ouverte sur l'objet de mes fantasmes dont je ne me suis pas privé de profiter.

Comme pour attiser un peu plus son emprise sur mes sens, il retira son t-shirt avec une sensualité incontestablement volontaire, dévoilant son torse imberbe, dessiné juste ce qu'il fallait. Troublé par la délicatesse de son effeuillage, je fis de mon mieux pour ne pas être trop flagrant dans mes regards, tout en essayant de rester professionnel. Puis, avec une aisance à la limite de l'obscène, il baissa doucement son short, m'offrant toutes les rondeurs dépassants de son boxer noir, de ses fesses magnifiques à ses cuisses titanesques dont je ne pus détourner le regard tant elles m'impressionnaient. Lorsqu'il enfila le premier bermuda, c'est une autre protubérance qui me sauta brusquement aux yeux. Prenant conscience de mon insistant regard sur cette partie de son intimité et de l'indécence de mon attitude, je me tournai vers la caisse en mimant d'y regarder quelque chose, les joues en feu et l'entre-jambe chatouilleuse.

Le temps de retrouver suffisamment mes esprits, il sortit de la cabine en finissant de boutonner nonchalamment sa chemise en lin blanc. Il se planta face à moi, un large sourire aux lèvres, et passa ses mains dans ses cheveux mi-longs, désinvolte sans le vouloir. Il était grandiose, la plus belle création universelle qui m'ait jamais été donné de voir de toute ma vie. Abasourdi, je lui souris à mon tour, tout en plongeant dans ses iris dorées.

— Qu'est-ce que vous en pensez ?

— Vous êtes… magnifique…

Ma réponse aurait pu être parfaitement anodine si j'avais seulement pris le temps de détacher mon regard du sien. Mais cela me semblait impossible, à tel point que je sentis toutes mes barrières tomber, toutes mes appréhensions s'évanouir.

— Vous êtes très gentil, répondit-il avec une moue faussement timide. Mais je parle de la tenue.

— Alors, je dirais que vous mettez ces vêtements en valeur.

Il se tourna vers le miroir et s'observa un moment, me lançant de petits regards en coin lourd de sous-entendus.

— Vous pensez que je devrais mettre la chemise dans le bermuda ?

Sans répondre et lui laisser le temps de la réflexion, je me suis approché derrière lui pour retrousser le bas de la chemise afin de lui montrer le rendu. La légère odeur de sa transpiration m'excita aussitôt les narines tandis que j'effleurais sa peau en passant mes mains autour de sa taille.

— Cela mettrait encore un peu plus votre carrure en valeur, c'est certain. Mais vous y perdriez en aisance et cela vous obligerait à la remettre régulièrement en place.

En l'admirant dans le miroir, je remarquai un détail anodin qui ne parlera qu'aux aficionados de la mode. Je me mis à genoux pour retrousser légèrement le bas du bermuda, m'offrant son délicieux postérieur à hauteur d'yeux. La fermeté de ses cuisses me donna une décharge qui traversa mes doigts jusqu'à mon entre-jambe.

— C'est un petit détail qui fait une différence, non pas que vous en ayez vraiment besoin.

Toujours à genoux, je le vis me sourire dans son reflet, charmeur et coquin. Puis, sans semonce, il se retourna en mimant d'admirer ses fesses, me projetant son proéminent bas ventre au visage. L'air me manqua et je déglutis avec difficulté tandis que l'odeur de son intimité me chatouillait les sens.

Je me relevai rapidement et tombai nez à nez avec son regard de braise. Son sourire et son souffle m'échauffèrent un peu plus le visage. Pour masquer mon trouble de plus en plus voyant, je me raclai la gorge et me reculai en mimant de vouloir l'observer sous un autre angle.

— Je pense que c'est la couleur qui vous va le mieux.

— Je vais quand même essayer les autres, si cela ne vous dérange pas.

— Non, bien évidemment, avec plaisir, prenez tout votre temps.

Une cliente passa la porte au même moment et alors que je m'occupais d'elle, je ne pus m'empêcher d'observer mon bel inconnu du coin de l'œil. La cliente ne tarda pas à trouver son bonheur et après l'avoir encaissée, je suis retourné le voir. Le rideau de sa cabine à moitié ouvert, je remarquai qu'il avait des difficultés à remonter la braguette du bermuda.

— Il y a un problème ?

— Je crois que j'ai cassé le zip, regardez.

Alors que je pénétrai dans la cabine et m'agenouillai devant lui pour vérifier ses dires, j'eus une bouffée de chaleur en prenant conscience de l'endroit où je posais mes mains et mon regard.

— Ce n'est pas… pas grave. Retirez-le et je vais voir si j'en ai un autre dans votre taille, bégayai-je en me relevant.

Avant de pouvoir m'enfuir, il posa ses mains sur mes hanches avec fermeté. Tétanisé par l'audace de son geste et la tension qui circulait entre nous, je levai vers lui un regard incertain, le souffle court.

— C'est… c'est la première fois que… il déglutit, haletant. Je n'ai jamais ressenti ça pour… un garçon, souffla-t-il, vraisemblablement aussi nerveux que moi.

Le son de la porte automatique donnant sur la rue animée nous tira de notre contemplation et il lâcha son emprise. J'eus un mal de chien à articuler devant les clients qui venaient d'entrer. Il tira le rideau et se rhabilla, avant de patienter à la caisse en remuant nerveusement la jambe. Lorsque les autres personnes quittèrent le magasin, je pris une grande inspiration avant de retourner encaisser ses articles. Son regard avait changé du tout au tout, la fierté et l'amusement avaient laissé place à de la gêne, ce qui le rendait encore plus séduisant.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû m'approcher et vous toucher, m'excusai-je le plus sincèrement possible. C'était inapproprié de ma part, je vous demande pardon.

— Ne vous excusez pas, c'est moi qui ai profité… en voyant à quel point je vous troublais, ça m'a amusé et je ne pensais pas être troublé à mon tour.

Son sourire désolé et la candeur de ses paroles m'étirèrent les lèvres. Il était encore plus beau avec cette fragilité nouvelle, cette innocence presque juvénile qui brillait dans ses magnifiques yeux.

— En plus… je suis un homme marié…

— Et alors ? murmura-t-il, comme si notre attirance était la seule à prévaloir.

Délicatement, il posa sa main sur ma nuque et m'attira vers ses lèvres, déposant un baiser d'une douceur et d'une force instinctives que je fus incapable de refuser.

Puis il quitta le magasin et je ne le revis jamais.

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