Chapitre 3
Quelques détours plus loin, Audric remarqua de magnifiques fleurs multicolores et s'en approcha en écarquillant les yeux.
—Tu as vu ça, Eïlie ? Elles sont troooop... multicolore ! C'est génial !!
Au moment où il s'en approcha en sautillant, l'une d'elles ouvrit sa corolle et fit jaillir un petit nuage de pollen multicolore. POUF-PROUT !
—Ouahou ! C'est magique, ça doit sentir super booooon !
Audric huma le nuage.
Mauvaise idée.
Aussitôt, il devint tout vert puis se pinça le nez.
—POUAH ! Ta sent le bieux brout tout bourri !
Le fumet du nuage arriva à mes narines. Ça sentait le prout en bien pire. On aurait dit un mélange de... snif snif... d'égout... snif snif... de vase... et de... snif snif... de... crotte d'éléphant ! C'était horrible. Ça a pas fait un pli, je me suis pincé le nez en vitesse !
Et puis, ça a dégénéré en bagarre de « qui a fait ce prout ».
—T'es déboûtant, ta ! Aubric, tu aurais bu de redenir !
—Beh, t'est ba boi !
Une autre fleur. POUF-PROUT !
—Et ça don blus ?
—Bah don...
—C'est qui abors ?
—Les fleurs.
—J'ai jabais endendu une excude aussi bidon !
Soudain, une autre fleur en face de moi ouvrit sa corolle et fit jaillir un nuage de pollen sous mon nez.
POUF-PROUT !
—Ah, bé t'est pas doi qui a fait te bruit !
—Don ! T'est ce que je de dit !
—Addez, on reste pas ici.
Nous avons marché vite pour nous éloigner de cette abomination. Mais plus nous avancions et plus...
POUF-PROUT ! POUF-PROUT ! POUF-PROUT !
De nouvelles corolles s'ouvraient sur notre route et diffusaient leurs nuages de pollen méphitique. Ça envahissait tout l'espace. Il y n'y avait plus une place d'air frais !!
Tout à coup, Audric s'est arrêté net. J'ai bien failli lui rentrer dedans.
—Rebarde là-bas !
Il observa une sorte de petite souris bleue avec des oreilles de lapin. Elle trouva refuge dans la corolle d'une fleur noire. Audric cueillit près de lui une fleur noire. Il la huma et me lança :
—Je ne sens plus la mauvaise odeur ! Vas-y, essaie !
Je suivais son conseil. C'était incroyable, j'avais même l'impression de découvrir l'odeur de l'air pur. On était un peu ridicules avec nos masques-fleurs anti-gaz-de-prout. Mais au moins on a repris tranquillement notre route. J'ai prévenu Audric de faire attention car la faune et la flore semblaient pleines de surprises. Mais c'est mal connaître mon frère... Il s'approchait de la moindre petite bestiole sans se poser de questions.
En prenant un nouveau chemin, je remarquais qu'il n'y avait plus rien d'autre que des palmiers. Fini les fleurs qui empestaient ! Alors, je retirais la fleur noire de mon nez et respirai un grand coup. Je me retournais vers mon frère en souriant et en jetant la fleur en l'air.
—Ah ah ! Tu peux enlever ton masque, on n'en a plus besoin !
—Dommage... Moi je le trouve rigolo, répondit Audric en essayant de mettre la corolle de la fleur en équilibre sur son nez.
Je regardais la carte. On se trouvait aux deux tiers du trajet, dans une clairière. Là où étaient dessinés des cercles jaunes. La lumière du jour avait diminué. On n'y voyait presque plus rien.
—Et donc là, on passe par où ?
Audric fixa la carte.
—On prend le chemin de droite et pis droite, gauche, gauche et droite.
—T'es sûr ?...
J'avoue que je n'étais plus très rassurée.
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