Chapitre 4

4 minutes de lecture

La nuit noire est apparue d'un coup. C'était très bizarre. Comme si quelqu'un avait éteint le soleil. On n'y voyait plus rien. C'est alors qu'on a découvert un autre paysage : des lignes, des cercles, des carrés, des losanges, des triangles phosphorescents volaient.

—Ouahouuuu ! C'est troooop beau !

En fait, il s'agissait de motifs sur les corps et carapaces des animaux nocturnes. Audric était bouche bée devant les insectes volants. Il leur courait derrière en sautillant et en riant.

—Ouais, super beau. Mais faut qu'on trouve vite la sortie, dis-je, clairement moins enthousiaste que lui.

Les formes géométriques qui ne bougeaient pas provenaient des plantes. Cela nous indiquait le chemin. On s'est remis en route.

—Par ici, allez ! Papa et maman vont commencer à s'inquiéter.

—Raaah... T'es jamais contente, toi. On reverra plus jamais ça !

—Ou au contraire, on restera ici à jamais et on aura droit à ce spectacle tous les soirs !

—Pffff... Tu penses toujours qu'aux malheurs, rétorqua Audric en haussant les épaules.

Une luciole émettant une lumière jaune passa devant Audric. Il essaya de l'attraper dans le creux de ses mains. De mon côté, je marchais en regardant un papillon dont les lignes phosphorescentes changeaient de couleurs.

—Non, je suis juste réaliste. Si on regarde la situation, il n'y a que deux options : on y arrive ou on n'y arrive pas. Et si on n'y arrive pas, ben...

Pendant que je parlais je n'ai pas remarqué que mon frère avait dans ses mains la luciole.

Soudain j'entendis un bruit : CROC ! Suivi d'un :

—AAAAAH ! ELLE M'A MORDU !!!! hurla Audric.

Le pauvre avait les larmes aux yeux de douleur et tenait l'un de ses doigts d'où sortait une goutte de sang. Quant à la luciole, elle repartit en s'envolant.

—Qu'est-ce que tu racontes. Les lucioles, ça ne mord pas et ça ne pique pas. En même temps, c'est vrai qu'on n'est pas dans une forêt normale...

Je ne pensais pas si bien dire. Nous n'avions pas eu le temps de repartir qu'une nuée de lucioles foncèrent droit sur nous. Et, je vous jure, on entendait leurs crocs acérés claquer !! Nous n'avons pas attendu de vérifier si ces insectes avaient bien des crocs pour prendre nos jambes à nos cous. 

Et là vous savez quoi ? Audric s'est mis à courir les bras en l'air en zigzaguant et en hurlant le plus fort possible. Comme si quelqu'un allait venir nous sauver... Moi, j'avais surtout peur qu'il attire un autre genre de monstre.

—Calme-toi, on va essayer de les semer.

Et là, vous devez vous dire : mais c'est une fée ! Pourquoi elle vole pas pour aller plus vite ? Et ben parce qu'à neuf ans, mes ailes ne sont pas assez grandes et assez fortes. Et quand je vole, je rase les pâquerettes à l'allure d'un escargot... Donc pour l'instant, le moyen le plus efficace d'aller vite, ce sont mes jambes. Audric, lui, il n'avait pas encore d'ailes. Il était trop jeune, elles n'ont pas poussé. Alors, il n'avait pas vraiment le choix.

Au lieu de tourner pour prendre la bonne route, on a été tout droit et on s'est planqué derrière un arbre. Les lucioles ne nous ont pas vu et ont continué tout droit. Alors on est revenus en arrière et on a pris le bon chemin.

—Et on arrive où à la fin du chemin ? Me demanda Audric essoufflé.

En reprenant son souffle il vit des petits points jaunes venir dans notre direction.

—Oh non ! Elles nous ont retrouvé ! dit-il en repartant.

Tout en courant — et je peux vous dire que c'est pas pratique du tout ! — je regardais la carte. Le prochain endroit était l'emplacement où étaient dessinées des vagues bleues.

—On va au lac. Le chemin ne va pas plus loin.

—Mais on sera pas à l'abri !

—Peut-être que si on saute dans l'eau, ça arrêtera les lucioles ?

Bon, je tentais cette idée pour le rassurer, mais je me doutais que la solution ne serait pas aussi simple. Je sentais bien que mon frère avait peur. Et les lucioles-piranhas commençaient à se rapprocher dangereusement de nous.

En continuant de courir, j'ai pris une poignée de cailloux du sentier et l'ai jetée en direction des insectes carnivores. Quelques cercles jaunes se sont éteints. Audric a fait pareil. Mais c'était comme lancer des feuilles sur un ours. Ça ne servait à rien. Il y avait trop de bestioles.

—Oh non ! Elles vont nous dévorer !

Je sentis une lueur d'espoir en regardant devant.

—Le lac est juste là ! dis-je à bout de souffle.

Comme il faisait nuit, on ne le voyait pas vraiment. C'était plutôt une grande étendue d'un noir profond. Quand on est arrivés au bout du chemin, j'ai pris la main d'Audric et nous avons sauté ensemble. Bien sûr, je m'attendais à tomber dans l'eau du lac. Ce serait froid et humide, mais au moins, on aurait plus ces mini-monstres à nos trousses. Mais au lieu de ça...

—AAAAAAAAAAAAH !!!!!! 

Ça c'était nous qui nous sommes égosillés en chœur car nous tombions, tombions, tombions.

Notre chute était vertigineuse.

Elle semblait...

É

TER

NELLE

!!!

Annotations

Vous aimez lire Françoise ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0