Chapitre 6

4 minutes de lecture

Ludovic Leclerc se pencha une fois de plus sur son bureau encombré, une pile de photos éparpillées devant lui. Il avait passé des jours, peut-être des semaines, à scruter chaque détail de ces clichés, cherchant désespérément à comprendre l’étrange figure de cet homme en rouge et blanc qui hantait son enquête. Ce qui, au départ, semblait être un simple criminel avait pris une tournure bien plus troublante.

Les photographies plus récentes, datant des dernières décennies, montraient clairement Charlie, ou L’Invisible, apparaissant furtivement dans des lieux différents, toujours près des scènes de crime. Mais ce que Ludovic venait de découvrir le plongeait dans une perplexité encore plus grande. En fouillant dans des archives anciennes, des bibliothèques et même des collections privées, il avait trouvé des images plus anciennes, des clichés en noir et blanc, des gravures et même des peintures. Et chaque fois, l’homme en rayures rouges et blanches y figurait, comme un fil conducteur à travers l’histoire.

Tout avait commencé avec une vieille photo découverte dans les archives de la ville. Elle montrait une rue animée dans les années 1920, un marché bondé, presque identique à celui où Jacques Morin avait été retrouvé mort. Ludovic scruta les visages, les bâtiments, puis il le vit. À l’arrière-plan, flou mais indubitable, un homme portant un pull à rayures rouges et blanches. Il était là, comme dans les photos modernes, se fondant dans la foule avec une aisance surnaturelle.

Ce cliché avait piqué la curiosité de Ludovic, et il décida d’approfondir ses recherches. Il obtint l’accès à des archives photographiques plus anciennes, explorant des lieux aussi éloignés que Paris, Londres, et même New York. Chaque fois, à des époques différentes, cet homme apparaissait, toujours discret, toujours à la périphérie. Des photos de foules dans les années 1800, lors d’expositions universelles, de foires ou de manifestations. Des gravures datant du début du 19e siècle, montrant des rassemblements publics où, parmi les figures illustrées, un homme semblait arborer les mêmes rayures distinctes.

Ludovic ne savait plus quoi penser. Cela défiait toute logique, toute raison. Comment un homme pouvait-il apparaître dans des photographies prises à des époques si éloignées, sans vieillir, sans changer ? Ce n’était plus seulement une question d’enquête criminelle. Cela relevait du mystique, du surnaturel.

Une gravure, en particulier, le laissa sans voix. Elle remontait à la fin du 18e siècle, un document rare illustrant une scène de foule lors d’une exécution publique en France. Ludovic observa l’image en détail, remarquant que, parmi les spectateurs, se tenait une silhouette familière : l’homme en rayures rouges et blanches. Il portait le même bonnet, la même allure énigmatique, comme s’il assistait à ces événements tragiques à travers les âges. La scène dégageait une atmosphère pesante, comme si Charlie était attiré par ces moments de mort et de chaos.

Ludovic se recula dans son siège, abasourdi par l’ampleur de ce qu’il découvrait. L’idée que Charlie puisse être une entité dépassant l’entendement humain commençait à prendre forme dans son esprit. Ce n’était plus simplement un tueur insaisissable ; il semblait lié à des événements sinistres à travers l’histoire, une ombre discrète qui surgissait là où la mort frappait. Était-il la cause de ces tragédies, ou n’était-il qu’un simple spectateur, guidé par une force obscure ?

Il fouilla encore plus loin dans les archives, cherchant des témoignages, des récits qui pourraient expliquer la présence de cet homme dans des époques aussi diverses. Il trouva des rapports énigmatiques, des récits de personnes mentionnant une silhouette qui apparaissait et disparaissait au milieu de scènes d’horreur, des descriptions vagues d’un homme mystérieux qui semblait défier le temps. Certains évoquaient même des légendes locales parlant d’un « Observateur » qui surgissait lors de moments tragiques, toujours silencieux, toujours à l’arrière-plan.

À mesure que Ludovic assemblait ces informations, une image terrifiante se dessinait dans son esprit. Charlie, ou L’Invisible, n’était peut-être pas un simple homme. Il était peut-être une manifestation de quelque chose de plus grand, quelque chose d’ancien et de sinistre. Une entité, une force obscure liée à la mort, au chaos. Il semblait être attiré par les foules, par ces moments où la vie et la mort se mêlaient de manière confuse et brutale.

Ludovic regarda les images une dernière fois, l’esprit tourmenté. Ses doigts tremblaient légèrement tandis qu’il retournait les clichés, effleurant du bout des doigts la silhouette de cet homme intemporel. Que cherchait-il ? Pourquoi apparaissait-il toujours dans ces moments d’anonymat et de violence ? Ludovic savait que sa propre compréhension de ce phénomène glissait de plus en plus vers l’inexplicable. Les crimes qu’il pensait résoudre n’étaient peut-être que la surface d’un mystère bien plus profond, une énigme qui remontait à des siècles d’histoire humaine.

Il savait qu’il devait continuer. Chaque nouvelle découverte l’entraînait plus loin dans l’obscurité, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Charlie, ou qui qu’il soit, n’allait pas simplement disparaître. Et Ludovic, dans un mélange d’effroi et de fascination, était déterminé à découvrir la vérité. Mais une question le hantait désormais : était-il possible de combattre une entité qui échappait aux lois mêmes de la réalité ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Elizabeth Fendel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0