Chapitre 8

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Le jour se levait à peine lorsque Ludovic Leclerc fut réveillé par le son strident de son téléphone. Il attrapa l’appareil d’une main tremblante, les yeux encore brouillés de fatigue. La voix à l'autre bout de la ligne appartenait à un ancien collègue de la police. Elle était grave, pressante.

« Ludo, il y a eu un autre meurtre. Même mode opératoire. Cette fois, c'est au centre-ville, dans un parc bondé. Personne n'a rien vu, mais... les témoins parlent à nouveau d'un type avec un pull rayé. Rouge et blanc. »

Ludovic se redressa immédiatement, son cœur battant à tout rompre. Il écouta à peine la suite de l’appel, ses pensées déjà tournées vers cette nouvelle scène de crime. Charlie avait encore frappé, et cette fois, il était plus proche que jamais.

Il s’habilla en vitesse, attrapa ses notes et se précipita vers la scène. La ville se réveillait à peine, mais déjà, des sirènes résonnaient dans les rues. Des bandes jaunes de la police délimitaient le parc, les curieux se massant à distance, murmurant entre eux. Le détective traversa la foule, ses pensées en ébullition. Ce nouveau meurtre confirmait ce qu’il savait déjà : Charlie était bien là, toujours dans l’ombre, profitant du chaos des foules pour agir.

En arrivant sur les lieux, il observa la scène avec un mélange de fascination et de crainte. Le corps de la victime, un homme d’une quarantaine d’années, était allongé sur le sol, immobile, entouré de policiers qui prenaient des notes, échangeant des regards impuissants. Comme toujours, la mort était venue sans prévenir, en plein jour, au milieu des passants. Et, comme toujours, personne n’avait rien remarqué d’anormal, jusqu’à ce que le corps soit découvert.

Ludovic approcha l’un des officiers, un ancien collègue qui le connaissait bien. « Qu’est-ce qu’on a ? » demanda-t-il, sa voix rauque trahissant l’angoisse qui l’habitait.

L’officier secoua la tête, visiblement dépassé. « Même scénario, Ludo. Le gars était là, vivant une minute, mort la suivante. Aucun signe de lutte, rien de visible. Mais cette fois... » Il baissa la voix, jetant un coup d'œil vers les autres policiers avant de continuer. « Cette fois, plusieurs témoins disent avoir vu un homme en pull rayé. C’est la première fois qu’autant de gens sont aussi clairs à ce sujet. »

Ludovic hocha lentement la tête. Les témoignages étaient plus précis, les indices plus tangibles. Charlie se rapprochait, ou peut-être devenait-il simplement moins prudent. Le détective savait que cette nouvelle vague de meurtres marquait un tournant dans son enquête. Il n’était plus le seul à le traquer : Charlie laissait enfin une trace plus nette, comme s’il n’avait plus besoin de se cacher autant qu’avant.

Il décida de parler aux témoins lui-même. Le premier, une femme d’une trentaine d’années, était encore sous le choc. Ses mains tremblaient alors qu’elle serrait son sac, son visage pâle exprimant une terreur contenue.

« Vous avez vu quelque chose d’anormal avant que le corps ne soit découvert ? » demanda Ludovic, essayant de garder sa voix calme.

Elle hocha la tête, les yeux baissés. « Je… je ne sais pas. Il y avait tellement de monde. Mais oui, je crois avoir vu cet homme… Il portait un pull rayé, rouge et blanc, comme vous l’avez dit. Mais il ne restait jamais au même endroit, il bougeait tout le temps. Je l’ai remarqué plusieurs fois, mais... à chaque fois que je tournais la tête, il semblait disparaître. »

Ludovic sentait l'adrénaline monter en lui. Il reconnaissait ce schéma. Charlie était là, à la limite de la perception des témoins, jouant avec leur esprit, comme un mirage que l’on croit saisir avant qu’il ne s’évanouisse.

Il interrogea d'autres témoins, chacun confirmant la même chose : un homme au pull rayé, aperçu ici et là, toujours à la périphérie des regards, jamais assez proche pour qu’on puisse dire avec certitude qui il était ou ce qu’il faisait. Le schéma était identique à chaque fois, mais quelque chose avait changé. Cette fois, les descriptions étaient plus nettes, plus nombreuses. Charlie ne se contentait plus de flirter avec l’invisibilité ; il se montrait, même brièvement, presque comme s’il cherchait à être vu.

Ludovic ressentait cette nouvelle vague de meurtres comme un message. Charlie n’était plus seulement un prédateur silencieux ; il défiait maintenant le détective, le poussant à le traquer jusqu’au bout, comme s’il jouait un jeu macabre. Mais à quel prix ?

Après avoir parlé à plusieurs témoins, Ludovic s’éloigna de la scène de crime, les pensées enchevêtrées. Il avait la certitude que Charlie devenait de plus en plus audacieux. Ce tueur, ou cette entité, ne se contentait plus de se cacher dans l’ombre. Il émergeait, volontairement, presque comme s’il voulait que Ludovic le trouve.

De retour chez lui, il relia les nouveaux indices aux précédents meurtres. Le mode opératoire restait le même : la foule, l’anonymat, la mort soudaine. Mais maintenant, il avait des descriptions plus claires, plus précises. Charlie était bien là, présent à chaque étape. Sa silhouette apparaissait, toujours vaguement reconnaissable, mais encore hors de portée.

Ludovic sentit son obsession grandir encore. Il était si proche. Chaque indice le rapprochait de cet être insaisissable, de cette énigme qui semblait se moquer de lui. Mais dans ce jeu morbide, le détective se demandait de plus en plus qui menait la danse. Charlie le laissait-il venir à lui, ou jouait-il avec sa santé mentale, l’entraînant dans une spirale de paranoïa dont il ne pouvait plus sortir ?

Le lendemain, alors que Ludovic se préparait à examiner à nouveau la scène du crime, une nouvelle notification parvint à son téléphone : un autre meurtre, même signature, même ville. Charlie frappait encore, et cette fois, Ludovic savait qu'il n'avait plus le choix. La traque s'intensifiait. Le jeu avait pris un nouveau tournant.

Il jeta un dernier coup d'œil à son tableau d’enquête, ses yeux glissant sur les photos de Charlie, ces fragments d’une présence insaisissable. Je te trouverai, pensa-t-il avec une détermination froide. Mais au fond de lui, une petite voix persistait, chuchotant l’inévitable question : et si c'était Charlie qui te trouvait en premier ?

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