Meurtre aux mots qui blessent

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C'était toujours la même chose : ils me tabassent, ils t'insultent et ils s'excusent. Ensuite ils recommencent.

Ailim n'en pouvait plus, elle n'était jamais comme il faut : trop maigre, pas assez maigre, trop moche, trop maquillée, trop débile, trop intello...

Dans ce genre de situation, tout le monde dit la même chose : "préviens un adulte", « dis-le à la CPE"...

Elle l'avait fait et on lui avait toujours répondu la même chose : "ça va passer", "c'est des gamineries", « ignore-les » ...

"Mais comment ignorer toutes les insultes, tous les coups, tout le malheur ! Hein ! Dites-le-moi !" Pensa-t-elle.

Dans sa rage, elle renversa sa tasse de thé posée à côté d'elle. Sa mère accourut :

"Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar ?! Nettoie ça immédiatement !

-Oui maman, je vais le faire, ne t'inquiète pas. Soupira t'elle."

Pendant qu'elle nettoyait tout son bazar, elle réfléchit à sa vengeance :

"Ils verront tous ! Demain, c'est vendredi, il y aura vie de classe au collège et tout est en place. Ils verront ma rage et ma détresse."

Elle pensa aux longues heures d'entrainement lors des cours d'escalade, à préparer chaque détail, chaque mot pour le lendemain.

Enfin, le moment dont elle rêvait arriva. C'était un jour normal, avec un beau ciel bleu et un grand soleil. C'était le dernier jour avant les vacances d'été et tous les élèves de sa classe étaient venus pour dire "au revoir" à leur prof principale, madame Nirrav.

Ailim attendit patiemment que la prof prononce ces mots :

"Quelqu'un à quelque chose à ajouter pour les vacances ?

Ailim leva la main. Elle attendit que la prof l'interroge et se leva

-Je déménage pendant les vacances, pour le travail de mes parents, et avant de partir je voulais vous montrer une liste, une liste bien particulière avec des mots particuliers que les élèves ici présents reconnaîtront :

-Sale pute

-connasse

-crève

-bouffonne

-débile

-meurt

-idiote

-trop moche

-trop nul

-loser

-casse-toi

-tu pues

etc., etc...

Et pour finir, continua Ailim, mon mot... non, ma phrase préférée :

Suicide-toi.

C'est ma phrase préférée car le suicide est magique. Quand on meurt, on est libre, on n'est plus obligé de supporter les coups, les insultes, tout ça.

Et moi aussi, je veux être libre !

A ces mots, elle sortit un couteau de son sac. Un élève, dénommé Djason se mit immédiatement à trembler. Ailim se mit à rire :

-Ne t'inquiète pas, je ne vais l'utiliser. Regarde, je le pose là !

Joignant le geste à la parole, elle le fit glisser sur sa table.

-Je ne veux pas mourir ainsi, je veux vous gâcher la vie. dit-elle, sous le regard impuissant de la professeure.

Elle ouvrit la fenêtre et respira l'air du dehors

-C'est ainsi que je veux mourir ! déclara la jeune fille en détresse."

Et elle sauta.

Mais elle avait prévu son coup : le toit de l'intendance se trouvait sous cette fenêtre.

Elle se rattrapa et, grâce à l'agilité acquit aux cours d'escalade, elle descendit avant de courir à toute vitesse vers la sortie du collège.

Elle laissa derrière elle ses tortionnaires qui n'osaient pas regarder à la fenêtre par peur de voir son cadavre. En partant, elle se récita la liste et se dit :

"Si les mots pouvaient blesser, je serais morte depuis longtemps. Mais au moins, ça aurait fait classe dans un article de journal : "Meurtre aux mots qui blessent""

Et elle sourit, pour la première fois depuis longtemps.

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