#15 Flemme
Je réalise, depuis plusieurs jours, certains effets, sur mon corps et mon mental.
J’ai la flemme, comme jamais je n’ai connu.
Chaque action que je dois entreprendre, me demande un investissement immense.
Mais la discipline est bien ancré en moi, alors je parviens toujours à la dépasser, et à faire les choses.
Evidement, c’est dû au traitement.
Un sommeil sans intérêt, sans sentiment de bien être. Avant je dormais très mal, mais parfois, la grâce me touchée, et je passais des nuits, qui apaisaient mon corps et mon esprit.
Je me réveillais le sourire au lèvre, pleine de reconnaissance, pour ce cadeau.
Car les gens qui dorment bien, ne peuvent pas comprendre le tourment des insomnies, et donc le trésor de dormir sereinement.
Alors, cette fameuse flemme : je n’ai envie de rien.
Bien sur, j’essaye d’entretenir une certaine discipline, je danse, je lis, je me prépare des petits plats. Je prends soin de moi, avec amour et tendresse.
Ma notion du temps est vaporeuse.
J’ai du mal à savoir, quel jour nous sommes. Quand je regarde l’heure, je suis toujours étonnée qu’il soit déjà, “telle” heure.
Je me suis trompée, de jours et d’heures, pour des RDV.
Et puis, il y a les missions de la vie, notamment aller à ses fameux RDV médicale, ou tout simplement faire les courses.
Habituellement, je suis en capacité de me préparer sans vraiment me presser, en environ 15 minutes.
Je crois, que maintenant, je met une heure.
Pourtant, j’effectue exactement les mêmes choses, les mêmes gestes.
J’ai pas mal fumé de weed, alors je connais cette sensation de ralenti, mais c’est une sensation vivante, on se sent dans le moment présent, on est animée par quelque choses, on est juste plus tranquille. Il y a parfois ce moment, que j’apprécie beaucoup, ou je réalise qu’elle m’a emporté.
C’est très agréable.
Mais là, c’est une lourdeur, une fatigue, une léthargie. Comme si l’on m’avait couvert d’une toge, si lourde, qu’elle ralentissait tout, qu’elle m’affaiblissait complètement.
J’ai l’impression d’être un de ces personnages, dans les hôpitaux psychiatriques, qui sont littéralement vidés.
Je suis épuisée, alors que je ne fais presque rien.
Alors, quelque part, c’est une bonne chose. Mon corps a besoin de ce repos, c’est peut être le but, m’habituer à ne pas toujours être en mouvement.
Les anxiolytiques, fonctionnent, sur le mental, pas sur le corps, mon corps à tout les effets d’une grosse crise d’angoisse, alors on m’as donné d’autres cachets pour diminuer ces symptômes.
Qu’en est-il des antidépresseurs ?
C’est censé stabiliser. Il y a des moments où je vais très bien, et des moments où je vais très mal.
Oú est la stabilisation ? Mon psychiatre ne me parle que de médicament comme solution.
Pourtant, c’est bien la psychanalyse, qui me guéri.
Revenons au présent, après tout ces efforts, que j’ai fait pour sortir de chez moi, et traverser ce froid, qui lorsque le corps est si lent, ne peut se réchauffer par des pas rapide.
Je commence à penser à Myr, nous allons nous voir bientôt, quand j’aurais réparé ma peau.
Je pense au simple fait de prendre sa main, et d’y déposer un baiser. Un geste tendre, et simple, rempli d’un intention pure d’amour, si petit soit il.
Spoiler alerte : je passe tout mon trajet, sauf me contenant dans le magasin, à pleurer.
Déjà, antidépresseur : nul !
Puis j’essaye de comprendre.
Ça ne peut pas être que lui,
Ça ne peut pas être que notre lien.
Pourquoi suis toujours si fortement troublée, par l’amour que je lui porte, et que j’ai envi de lui donner ?
Sans doute, parce qu’il me l’a permis.
Sans doute, parce qu’il l’a partagé.
Sans doute, parce que je n’ai jamais connu bonheur plus grand, que d’être avec lui.
J’ai dû tout quitter pour préserver cette relation, au risque de la perdre, que c’est essentiel à mon développement personnel.
Ça, ma raison l’a compris, mon coeur aussi. Il ne s’agit pas d’amour, il ne s’agit pas de manque, ni de tristesse.
Non, il s’agit de douleur.
Ces petites pensées, douces et tendres à son égard, appuient sur un bouton, ouvre un tiroir, caché au plus profond de moi.
Jusqu’à présent la psychanalyse m’a appris :
Négligence, non existence, aucun soutien, amour, ou tendresse, pas de confiance en l’autre ou en moi même, abus physique et mental.
Pour survivre à tout ça - ne pas ressentir, ne pas chercher à comprendre - j’ai développé cette non existence, ainsi, que mon monde intérieur.
On ne m’ennuyait pas, puisque je me faisais discrète, mais je pouvais rêver, imaginer, m’évader.
Je commence à comprendre, que l’amour que j’ai pour Myr, ce qu’on a partagé, ce n’est pas ça qui me fait pleurer (même si bien sur, un peu quand même) mais c’est un non dit, quelque chose enfouie en moi, qui essaye de me parler, et qui m’émeut.
Une fois trouvé j’espère, en être libérée.
C’est épuisant de pleurer tout le temps.
Surtout quand c’est déclenché par des pensées si douces.
Est-ce toi, mon petit moi intérieure, qui perçois quelque chose, qui es libre maintenant de pleurer ?
Nous allons avancer main ds la main à présent.
J’accepterai que ces pleurs, ne sont pas forcément les miens, mais peut être aussi les tiens.
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