#25 Il y a quelques années, j’ai avorté.

5 minutes de lecture

Il y a quelques années, j’ai avorté.

À l’époque, je vivais avec mon meilleur pote (R), et le géniteur (G), de ce petit miracle de vie, qui m’a choisi comme mère.

Avec G, nous utilisions “la méthode du retrait”. Une fois, j’ai senti qu’il n’avait pas respecté. Il a nié. Mais je savais. Il mentait.

Le premier de retard de règles, je savais. Je vais à la pharmacie. Je fais le test : positif. G était là. Je lui dis que je vais à l’hôpital, pour préparer l’avortement.

Il pleure. Pourtant, je sais. Il l’a fait exprès.

Oh… il pleurait souvent, méthode de manipulation classique.

À l’hôpital donc, je ne me rappelle plus exactement. Je crois qu’on prend RDV, on doit voir un médecin, et un psychologue. Je m’y suis prise tôt, ce sera un avortement chimique.

J’ai donc, été enceinte, un mois.

J’ai aimé cette être, cette âme, cette vie.

Je l’ai senti en moi. C’était inconditionnel.

Je l’ai nommé Nour - lumière en arabe.

J’ai arrêté de fumer, j’ai mangé correctement, je sortais même faire des balades, pour lui faire prendre l’air! Je lui donnais de l’amour. R aussi, nous étions proches, à ce moment là.

On en prenait soin, avec douceur et tendresse, comme notre petit bébé.

G n’était que rarement présent.

Puis, vint le RDV avec la psychologue.

J’aimais cet âme, cette vie à l’intérieur de moi, je lui étais reconnaissante de m’avoir choisis.

Mais je l’aimais, beaucoup trop, pour lui offrir la vie, qui l’attendait. Je ne pouvais, décemment pas, par respect pour lui, lui offrir.

Je n’ai jamais voulu d’enfant, j’ai mes raisons.

J’ai énormément souffert de ce choix, mais c’était la meilleure chose, pour lui, comme pour moi.

J’ai beaucoup pleuré, avant, pendant, et longtemps après aussi.

J’ai souhaité à cet être, et lui souhaite toujours, s’il n’est pas déjà incarné, la plus belle, la plus bienveillante, la plus chaleureuse, la plus joyeuse, la plus épanouissante famille qu’il puisse avoir.

Je m’imagine parfois, qu’un jour je verrais, un enfant, un adolescent, et que saurait que c’est lui.

Lui, qui m’a offert pendant un mois, l’amour le plus pure qui existe.

Le jour de l’avortement, je décide d’y aller seul, je ne veux pas la présence de G.

Ça y est, j’ai pris les cachets. Je suis ds une douleur émotionnel et physique intense.

Et que décide de faire G ? Il me réprimande en messages, me disant, que je ne l’ai même pas laissé l’accompagner blablabla… bref, épuisée, je lui dis “viens si tu veux”.

Ce qu’il fait, pour continuer de me faire des reproches : “Je t’aime et pas toi niennienien…” pendant, que je devais être blanche comme un linge, le corps a l’agonie.

Je crois qu’au bout de 2 ou 3 heures, si l’avortement n’as pas lieu, on rentre chez sois.

Ce fut mon cas. J’ai avorté, dans mon lit, R et G étaient présents.

Après la douleur, je dors un moment.

Je me lève mange un peu, me recouche.

R me dit “vas un peu plus sur la droite” et je découvre un tout petit nounours.

Je trouve l’attention adorable.

Quelques temps plus tard, grâce à l’aide de R, nous faisons quitter l’appartement à G.

Sur le CV de couple de G il y aurait :

Menteur - voleur - manipulateur - infidèle

Après rupture, on rajoutera : menace de violence, culpabilisation concernant l’avortement.

J’ai voulu poser un main courante, on me l’a refusé.

Je ne ferme jamais la porte d’entrée, la porte ne pouvant s’ouvrir de l’extérieur sans clé. Après ça, je l’ai fait tous les jours, jusqu’à mon déménagement en coloc.

Un ou deux ans plus tard, R ne fais plus partie de ma vie.

Le nounours est toujours là.

Je rencontre Myr.

Avant même, que l’on se soit dit je t’aime. Il m’offre un petit bracelet du Mcdo, avec écrit, “amour”, tout le long, et des mains en coeur.

Je suis particulièrement touchée.

Ce geste si simple, d’un objet “sans valeur” fut pour moi, comme un doux petit câlin, qui enveloppa mon coeur.

Je ne suis pas très bracelets, alors je l’ai mis autour du cou du doudou, qui d’ailleurs se nomme Nour - La lumière, toujours la lumière.

Une fois, je suis allé chez Myr, pour une soirée.

Il y avait un bob, nuancé de rose, avec un bisounours dessus, dans une matière très douce.

Il me l’offre.

Ça devint mon second doudou.

Je met le nounours, à l’intérieur du bob.

C’est tout doux, et ça a un petit volume.

Le nounours est vieux, tout fripé et il me vient de R. Cela doit faire peut être un ans, que je me dis, que je devrait le changer. Mais la valeur émotionnelle est forte.

Seulement voilà , il y a 7 mois, je crois, que je suis séparée de Myr. Cela fait plus d’une semaine que je ne le contact plus. Hier j’ai mis son bob, dans une boite, puis finalement dans les boxs de dons.

J’ai décidé de m’offrir un doudou.

Toujours en l’honneur de Nour, mais aussi par tendresse pour moi.

Je me débarrasserai du nounours, mais je gardais le bracelet, pour me rappeler, la douce sensation de ce cadeau.

Un souvenir comme ça, ça se garde.

De plus, il ira très bien dans ma cuisine.

Je suis passé plusieurs fois, devant une boutique qui vend des jouets et des peluches.

Aujourd’hui, je savais, que j’y rentrerai.

Après avoir fais un peu le tour, accompagnée par la charmante vendeuse. Je pars sur un petit hippopotame, adorable, qui a une taille un peu plus volumineuse, que mon mix nounours/bob. Je lui demande si il y à d’autres couleurs, oui!

Mon coeur fond, pour un rose poudré, aux oreilles et aux pattes pailletées. De la douceur parsemée de lumière, en parfaite harmonie avec mon “intérieur”. Je le commande, je l’aurais dans les jours prochains.

N’étant que toutes deux, dans la boutique, nous discutons. J’en viens à dire que c’est pour moi, la conversation suit son court, je lui raconte l’histoire du nounours et du bob, et pourquoi j’ai besoin de m’en offrir, un à moi.

Elle partage, qu’elle a vécu une fausse couche avant son premier enfant, et qu’effectivement, la puissance de l’amour que l’on ressent, est instantané.

Elle ajoute, d’une manière très juste, que c’est moi, qui ai vécu cet événement, que c’était en moi, qu’il y avait cette éclatante vie.

Que ça m’appartient.

Depuis, ma réunion avec Lior, je me suis réapproprié mon être. Je m’appartiens. En faisant cet achat, cet acte d’amour pour moi, et l’amour pour cet autre lumière qui m’a habité.

Le souvenir de Nour, m’appartiendra complètement à présent.

En partant, elle m’a dit “c’est important de prendre soin de soi, prenez soin de vous”.

Je la remercie, pour ce moment et ce partage.

Lui souhaites à elle aussi, de prendre soin d’elle.

Sur le chemin du retour, je suis très émue, aux bords des larmes. Mais je n’ai pas pleuré. J’étais touchée par le souvenir de ce moment, par le souvenir de cet amour, par l’amour que je me porte.

Ainsi que la reconnaissance de ce partage avec une inconnue, riche, fluide et authentique.

Annotations

Vous aimez lire Nerea Eïtas ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0