#2 "La vie en rose"
Si je devais écrire ici, toutes les fluctuations émotionnelles qui me traversent, je serais encore en train d’écrire.
Hier, c’était le “blues du soir”, phénomène, très répandu, chez les dépressifs.
Alors, plutôt qu’y plonger, j’ai activé la partie, créative du cerveau — ici écrire — pour tenter d’en sortir.
La veille, c’est l’enchaînement des sons, qui attira mon attention.
Aujourd’hui, pourtant j’ai envie d’en parler.
De comprendre, pourquoi ?
Passer du sourire aux larmes, c’est mon quotidien, mais toujours avec certaine compréhension. Pas ici.
Il m’arrive souvent d’humer « La vie en rose » d’Édith Piaf.
C’était le cas, ce midi, sur mon chemin du retour.
Cette fois, cela me fit penser au film « Jeux d’enfants » avec Marion Cotillard et Guillaume Canet. Ils étaient beaux, ils étaient jeunes, et jouaient à la perfection.
Il date de 2003. Je crois l’avoir vu deux fois.
Je ne me souviens pas exactement de tout, seulement, que je l’avais adoré.
J’étais donc toute tranquille, humant cette douce mélodie, quand la scène du mariage m’apparue.
Le personnage de Marion Cotillard, mis au défi, un Guillaume Canet sur le point de se marier. Défi, lancé dans leurs enfances : « cap ou pas cap de dire non à ton mariage ». Evidemment, il refuse de s’y plier, et se marie.
Je me souviens que les défis étaient de plus en plus toxiques et pervers.
Lorsqu’on l’a vu, apparaître dans l’église faisant rouler, cette boîte en forme de tente de cirque. Si sûre d’elle, le visage souriant, plein de malice, dans sa belle robe rouge, je pense qu’elle croyait vraiment, qu’il dirait non. Malgré la maturité, et la sagesse, qui devraient se developper avec l’âge. Sa confiance en leur amour, en leur jeux, en leur lien : briser.
Résultat : dix ans sans se voir. Dix ans de vie à moitié vécue.
Voilà comment cela ce passa, pour moi, ce midi.
La vie en rose — l’appréciation de me dire que si, ce son m’accompagne, cela doit être un signe de bien-être — « Jeux d’enfants », la petite fille chantant Édith Piaf, près du cercueil, de la mère du petit garçon — la scène du mariage — pleure.
Pourquoi ? Lorsque je m’arrêtais de pleurer, que je repensais à cette scène : pleure.
Alors, c’est vrai, je fut touchée par ce film, mais pourquoi pleurer ? Qu’est ce que ça réveil en moi ? Précisément, cette scène ?
Lorsque je pense aux sentiments que m’ont laissés ce film. Je retiens la douceur, la beauté, l’amour, un rapport toxique oui, mais c’est presque secondaire. C’est comme si la pureté de leur amour, malgré ce « jeux », était bien au dessus.
Cette scène, je penses, reflète une trahison, même dans la folie de ce défi. Du point de vue, de la fille : il n’a pas respecté le contrat. Du point vue, du garçon : elle dépasse les bornes.
Alors, pourquoi JE pleure ? J’étais toute bien, et aller!
Mon inconscient se dit « Attend, on va quand même lui balancer un petit truc là, non ? Je suis très tenté. Elle va rien comprendre. Ça lui fera un bon sujet pour le psy demain. Je me lâches, c’est envoyé ! » accompagné d’un rire diabolique bienveillant.
Mais moi, là, toute seule, avec ma tête, qu’est-ce que j’ai comme élément? Amour, douceur, joie, plaisir, confronté à perversion, toxicité, trahison, tristesse.
Réalisation, peut être, que s’il avait été cap, même dans le tourment, qu’aurait engendré ce choix.
Il aurait été authentique, tout comme elle l’a été.
Parfois, les choix qu’on fait pour être raisonnable, nous éloignent de nous même, nous brisent.
Alors peut-être, finalement, je ne pleure pas de tristesse, en souvenir de cette scène. Mais, je pleure, de reconnaissance à moi même. J’ai choisi l’authenticité, j’ai choisi de respecter les règles de mon jeu/je.
Oui, tout c’est effondré. Mais sans destruction, il ne peut y avoir reconstruction.
Ai-je résolu l’énigme de mon inconscient ?
Je ne sais pas, mais ça fait sens, non ?
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