Chapitre 8
- Ma Dame, que puis-je pour vous ?
 
Incliné à demi, les yeux baissés, l’homme attendait ses directives sans oser lever les yeux vers elle, par respect.
- Redresse-toi.
 
Il obéit sans un mot, mais jamais son regard ne croisa le sien.
- Tu vas me faire envoyer les médecins de ma mère, ainsi que de quoi lui faire sa toilette.
 - Oui, Ma Dame.
 
Il repartit aussi vite qu’il était arrivé.
Althéa n’eut pas à attendre longtemps : déjà deux femmes, poussant un petit chariot chargé du nécessaire de toilette, la rejoignaient.
- Nous voici, Ma Dame.
 - Allez faire couler un bain, et qu’il soit à la bonne température.
 
Efficaces, elles s’affairèrent. Remontant leurs manches sur leurs bras hâlés par le soleil, les mains tannées par le travail, les deux femmes s’empressèrent de préparer la salle de bain voisine.
Le visage de la Duchesse s’adoucit lorsqu’elle se pencha sur la Dame d’Yrwen, qu’elle éveilla doucement.
- Mère...
 
Avec précaution, elle souleva dans ses bras le corps fragile, à moitié endormi, qu’elle n’aurait confié à personne — à aucun prix. Aidée par les domestiques aux gestes professionnels et prudents, elle la déshabilla, serrant les dents à la vue de la maigreur maladive de la femme.
À cet instant, elle n’était plus la fille, mais la femme forte confrontée à son impuissance face à la maladie.
Des murmures étouffés détournèrent son attention : les médecins étaient arrivés. À regret, elle s’arracha à la vision trop humaine d’une mère au seuil de la mort.
- Prenez soin d’elle.
 
Le visage fermé, Althéa quitta la pièce à grands pas et s’arrêta dans le couloir. Mal à l’aise sous son regard dur, les trois médecins se tenaient là, baissant les yeux pour éviter le sien.
- Messieurs. Expliquez-vous.
 
Les bras croisés, la Duchesse s’appuya contre le mur, croisant ses bottes ferrées devant elle, l’air menaçant.
Les trois hommes, d’une soixantaine d’années, avalèrent difficilement leur salive, se retenant de ne pas trembler ni fuir comme des lapins.
L’un d’eux tenta de parler, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Le second éructa un son qui tenait plus du gémissement que de la parole. Quant au dernier, il pâlit si fort qu’il dut se retenir à son collègue pour ne pas s’effondrer.

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