Rencard

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Je regarde l’heure sur mon téléphone. Vingt-deux heures trente. Je sors de mon lit et je pars prendre une douche rapidement. Je me regarde dans la glace, et je manque de sursauter. C’est quoi cette mine atroce?

Je finis par appliquer de l’anti-cerne et du mascara. Je cherche dans ma valise de quoi ne pas avoir froid cette nuit. J’en sors un legging noir et un long sweat-shirt gris, avec au dos, une inscription.

Bon, ce n’est pas la tenue de l’année, mais ça fera l’affaire. Je relève ensuite mes cheveux en chignon décoiffé et chausse mes baskets, très confortables au passage. Je regarde de nouveau mon portable, vingt-trois heures cinq. Merde, je suis en retard. Je sors de ma chambre en vitesse, tout en attrapant ma veste en cuir au passage. Dingue, le bandage de Mason fonctionne vraiment bien! Je ne sens presque pas la douleur. Je marche lentement sur la pointe des pieds dans les couloirs, en évitant de faire le plus possible de bruit.

J’arrive au niveau de la porte d’entrée quand j’entend un raclement de gorge derrière moi. Je me retourne lentement, apercevant Noah, debout, les bras croisés. Merde.

  • Heu….
  • Tu peux me dire où est-ce que tu vas Grâce?
  • Hum, jusqu’à présent tu n’es pas mon père Noah à ce que je sache.
  • Peut-être mais tu as intérêt à me dire si tu ne veux pas que je réveille les parents.
  • T’es sérieux là?
  • Oui, très. Je veux au moins savoir, au cas où il t’arrive quelque chose.
  • Bon très bien, je sors rejoindre Mason.
  • C’est mort. Ce bouffon va t’emmener je ne sais où. Tu restes ici.
  • Noah. On avait un pacte toi et moi tu te rappelles?
  • Oui mais je pense que tu te “rappelles” également qu’il est en suspens ce fameux pacte. Écoutes, je tiens à toi, et j’ai vraiment mais alors vraiment pas envie qu’il t’arrives une dinguerie. On à déjà assez de problèmes comme ça il me semble.
  • Promis, je ferais attention. Mais s’il te plaît, laisse moi y aller. Imagines si ça avait été toi à ma place, tu aurais fait la même chose avoues-le.
  • Alors déjà, je ne lui aurai jamais proposé un rendez-vous en plein milieu de la nuit. Mais bon, vu les circonstances, je peux bien faire un petit effort. Mais tu me revaudras ça hein!
  • Ho tu es génial ! merci beaucoup.

Je lui fait un câlin rapidement.

-Fais attention à toi, Grâce.

Je sors de la maison, en évitant de claquer la porte. J’aperçois Mason, adossé contre une moto. Elle sort d’où? Il me semble qu’on était venu en voiture non?

  • Tu l’as sorti de ton cul cette moto? T’as de la place dis donc.
  • Très marrant la miss. Elle était déjà au chalet. Allez montes. Rapidement. J’ai l’impression que tu as du mal avec ce mot. Il est vingt-trois heures trente. J’avais dit pile hein.
  • Oui bah il s’est passé quelques petits incidents.

Je finis par monter sur la moto, enroulant mes bras autour de son torse. Il est bien foutu tout de même. Il démarre le moteur et nous partons du chalet. La nuit en montagne, c’est vraiment magnifique. Le paysage défile à toute allure, laissant à peine entrevoir les étoiles dans le ciel. Les arbres dansent au milieu de la nuit, formant des ombres qui pourraient s’apparenter à des fantômes. Je sers davantage mes bras un peu plus fort, de peur de tomber de la moto.

Il essaye de me dire quelque chose, mais avec le bruit du vent, je n’entends pratiquement rien. Nous roulons en silence pendant une bonne heure, avant d’arriver à destination. Nous sommes tout en haut d’une montagne, sur une plaine, et je peux enfin admirer ces belles étoiles dans le ciel.

  • Waouh… c’est vraiment très beau…
  • Tu l’as dit princesse. Je venais souvent avec ma mère et mon frère, quand on était petits.

Il ne mentionne pas son père. Il devait déjà n’être plus présent. Nous contemplons le ciel en silence. Un silence doux et apaisant.

  • Pourquoi m’as-tu emmené ici Mason? C’est un endroit un peu trop romantique pour toi Haha.

je rigole légèrement, mais espérant une réponse plus sérieuse.

  • Je pensais juste que ça te ferait plaisir! Ce n’est pas le cas?
  • Si si. Mais c’est Hope que tu devrais inviter, pas moi. C’est elle ta copine!
  • Écoutes, il faut que je t'avoue quelque chose.. Hope et moi, on n'est pas vraiment ensemble. On s’est mis en couple pour le fun, notre image. En vrai , on ne s’aime pas.

Hope m’avait déjà avoué toute l'histoire, mais je suis étonnée que lui, le fasse.

  • Mais ça ne vous à pas empêché de vous embrasser et de coucher ensemble il me semble!
  • Et bah, faut savoir profiter de certaines opportunités hein! Mais ça fait longtemps qu’on a arrêté de baiser. On s’embrasse juste parce que pour un couple, ça serait bizarre l’inverse.
  • Mais la dernière fois à la soirée…
  • On à fait semblant. En fait, on s’est juste enfermé dans la chambre, chacun sur son portable. Mais dis-moi Grâce. Serais-tu jalouse?

Je rougis. Merde. J’ai posé beaucoup trop de questions. Il éclate de rire, qui résonne dans les montagnes.

  • Pfff. Jalouse moi? Non…

Je réfléchis et finit par avouer la vérité.

  • Si. Je suis jalouse.

Il se stoppe dans son rire, et me regarde profondément. Un sourire satisfait se dresse sur son visage.

  • Ha tu l’as enfin avoué!

Il continue de me fixer, cette fois avec un air très sérieux. Il approche sa main de mon visage, pour enlever une mèche qui se tient devant mes yeux, et la passe derrière mon oreille. Mon cœur bat à tout rompre. Pendant quelques secondes, j’ai l’impression qu’il va m’embrasser mais finalement non. Il éloigne de nouveau sa main de mon visage, la laissant ballante, le long de son corps, les yeux toujours plongés dans les miens. Une sonnerie de portable finit par gâcher cette ambiance qui devenait romantique, pour une fois, surtout avec Mason.

  • Je crois que ton portable sonne, Mason.

Il regarde son téléphone, et son visage se décompose.

  • Merde…
  • C’est qui? Papa? Miranda?
  • Attends deux minutes, s’il te plait.

Il s’éloigne avant de prendre l’appel. Je me retrouve toute seule sur la plaine, le vent soufflant sur mon visage. Super ambiance maintenant. Je l’entends marmonner quelques mots, le visage crispé, et comprends qu’il se passe un truc pas net. il raccroche.

  • Grâce, je te ramène au chalet.
  • Que se passe-t-il? Je ne veux pas rentrer. Tu vas où à cette heure-ci encore?
  • Comment ça, encore?
  • Je te vois sortir en douce la nuit à la maison! Et puis tu reviens souvent le visage en sang! Et je suis sûre que tes cicatrices ont un rapport avec ça. Dis moi Mason je t’en supplie. Si tu ne m'emmènes pas avec toi, je raconte tout à Miranda.
  • T’es sérieuse là? C’est dangereux Grâce. Je ne peux pas t’emmener avec moi.

Les larmes me montent aux yeux. Une finit par s’échapper et coule le long de ma joue. Il l’essuie délicatement avec le dos de sa main.

  • Ne pleure pas… Bon très bien. Mais tu me promets que quoi qu’il arrive, tu ne raconteras rien aux parents?
  • Je te le promets.
  • Bon, très bien. Attends deux secondes.

Il sort de nouveau son portable et appelle quelqu’un.

  • Ouais Taylor, c’est Mason. J’ai une nouvelle mission ce soir.

Une mission?

  • Je suis avec Grâce. Il faut que tu me rejoignes à l’adresse que je vais t’indiquer par message, dans deux heures.

J’entends Taylor à travers le téléphone.

  • T’es avec Grâce? Et tu veux l'emmener là-bas? Sérieusement Mason, c’est hyper dangereux!

Dangereux?

  • J’ai pas le choix.
  • Bon, ok ok. A plus.

Il raccroche et remonte sur la moto.

  • Tu montes?

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