Le Grand Départ

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Trois jours plus tard, Jojo a tout organisé et, au petit matin, à l’heure où d’habitude, je vais aux champs, je prends mon petit sac d’écolière dans lequel j’ai glissé tout ce qui m’appartient ainsi qu’un peu de nourriture. J’ai un cahier, quelques crayons et surtout la bague que m’a donnée ma grand-mère quand elle est décédée. C’est ma seule richesse et je compte bien l’utiliser pour payer les passeurs. Ce sera ça ou la mort.

Je retrouve mon ami en dehors du village. Il me fait signe de le suivre en silence. Je ne sais pas où il m’emmène mais je lui fais confiance. Depuis qu’il a perdu ses parents, il a toujours su se débrouiller et avec lui, j’ai le sentiment que tout est possible. J’ai quand même peur. Beaucoup de jeunes des villages alentours sont déjà partis et peu sont arrivés. Quelques-uns ont rebroussé chemin en route et les histoires qu’ils nous rapportent sont toutes plus horribles les unes que les autres. Pour les autres, tout le monde a oublié leurs noms. Ils sont morts ou disparus, victimes de ce grand exil vers l’Espoir, comme nous l’appelons parmi nous.

Une fois que nous avons parcouru à pied quelques kilomètres, Jojo s’arrête enfin et m’explique ce que nous allons faire.

— J’ai vendu mes chèvres, Mina. J’ai de quoi payer les passeurs, je pense jusqu’au Maroc. Après, il faudra… Trouver les moyens d’aller plus loin. Je ne pouvais pas faire mieux, je suis désolé.

— J’ai cette bague, moi. Avec ça, on devrait pouvoir payer le passage vers l’Espagne, non ?

— Je ne crois pas, ça n’a pas l’air d’être vraiment de l’or… Mais Dieu nous aidera.

Nous continuons notre marche jusqu’au centre-ville de Conakry où nous demandons notre chemin à plusieurs adultes qui nous regardent avec suspicion. Je suis effrayée mais personne ne fait appel à la police, tout le monde nous laisse continuer notre chemin. Nous arrivons enfin à la gare routière et je laisse Jojo discuter avec le chauffeur pour nous emmener vers le Nord.

— C’est bon, nous partons dans une heure, indique-t-il sobrement en revenant vers moi. Allons nous mettre à l’ombre en attendant l’heure du départ.

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