Chapitre six: Toc, toc. Qui est là?

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Ils ne perdirent pas de temps pour organiser la fameuse soirée où devait se présenter l'étrange jeune fille. Sachant pertinemment qu'ils avaient perdu d'avance, Simon, Pierre et Joffrey s'intéressèrent à ce qu'il se passait entre elle et leur ami. Ce dernier semblait de plus en plus troubler. Ils virent qu'il tombait amoureux. Ils ne lui en dire rien toutefois. Fierté masculine oblige. Cependant certaine remarquèrent cette injuste préférence. Ashoka fut la cible de plusieurs: potins, bavardages, moqueries, enquêtes facebookienne, et autres harcèlements féminins. Les femmes sont des salopes. Entre elles. Pour elles. Elles se détestent cordialement toute leur vie. Si certaine sont amies il s'agit d'inimitié, elles s'apprécient parce qu'elles se ressemblent mais au fond elles seront toujours rivales. Il y a aussi les plus et moins, l''une est forcément plus belle, plus imbue d'elle-même et se permet des méchancetés dont l'autre est incapable. Puis il y a la vraie amitié entre filles. Celles qui se donne une réelle affection sans êtres rivales sur un quelconque plan. Mais au Lycée, c'est plutôt rare. Les filles se sourient entre elles, s'appellent par des surnoms "mignons". Les filles convoitent leurs hommes, leur popularité, leurs amis, leurs styles, etc. Ashoka n'avait pas la moindre affinité avec la gente féminine du Lycée. Et pour ça, toute la détestait. Cependant nos quatre compères ne se lassait pas de ses apparitions dans leur petit groupe. Elle les abandonnait parfois, restant seule deux jours durant. Revenait. Comme si de rien n'était. Elle faisait fit de toutes les règles sociales établies entre personne qui se côtoient quotidiennement. Les garçons ne lui en tinrent plus rigueur au bout de deux semaines à l'observer dans ses vas et viens. La troisième semaine la soirée était programmé pour le samedi de ce week-end là. Ils invitèrent beaucoup de personnes. La plupart ne faisait pas partit du Lycée. Les seuls étaient des gens cools. Leurs invitations aussi furent à l'image du comportement de la jeune Ashoka. Il y eut beaucoup de vexés mais les rares invités ne pouvait, et ne voulait refuser cette soirée à cause de la non-invitation de leurs amis ou de leur petits-copains. Il était reconnu dans tout le lycée que les soirées de Joffrey Bryan étaient les plus démentes. Bien qu'il ne soit que très peu apprécié en apparence, étant la cause de nombreuses infidélités amicales ou amoureuses, il était réputé. Et ses amis aussi. Ils passaient pour des cinglés. Certains invités ne pouvaient se présenter dans un tel endroit. Des choses se passaient. Des choses se disaient. Certains ne pouvait venir sans avoir la peur au ventre. D'autres ne venait pas pour cela. Les parents de Joffrey étaient divorcés, chacun avaient son appartement et venaient une semaine sur deux s'occuper de leur fils. Cependant Joffrey savait articuler cet arrangement à son avantage. Aussi le samedi s'annonçait comme une rave-party des plus inoubliables. Joffrey avait ses amis pour l'aider à tout organiser. Bien sur, ces derniers en était ravi. Lucien resta en retrait cependant. Il adorait ce genre de festivité, certes. Mais il avait la tête ailleurs. Ses amis ne lui en voulurent aucunement. Mine de rien. Lucien ne cessait de la rechercher. Même sans y penser. Sans le vouloir. Quand elle était là, il avait la sensation d'être léger. Il aimait la faire rire. Il aimait sa solitude. Il aimait son décalage. Il aimait ses robes anciennes, ses bottines à boutons, ses chapeaux, ses vestes. Il aimait sa façon de se foutre de tout et de tout le monde. Elle était légère et simple dans sa complexité. Forte dans sa fragilité. Il avait envie de l'emmener, de l'emmener loin. Parfois cependant il se sentait blessé par ses vas et viens, de sorte qu'il lui parlait plus durement. Il devenait parfois méchant. Alors elle posait une main sur sa joue et lui souriait tendrement. Il se calmait. Elle le calmait. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Jamais encore il n'avait éprouvé ça. Il se trouvait stupide. Imbécile heureux. Il avait peur de ce qu'elle lui faisait. Cependant avec elle, il n'avait peur de rien. Elle dansait dans sa vie. Lui la contemplait, et son souhait aurait été qu'elle l'emmène avec lui. Mais il ne savait comment s'y prendre. Il se trouvait maladroit. Il se taisait souvent. Elle, aimait rire. Chanter. Elle lui parlait des livres qu'elle écrivait. Des personnages qu'elle aimait. Ceux qu'elle avait laissé se perdre. Ceux qu'elle voulait récupérer. Parfois elle lui demandait son avis. Elle arrivait de temps en temps, discrète, mettait ses écouteurs dans les écoutilles de Lucien et attendait son avis avec un sourire d'enfant. Il avait aimé tout ce qu'elle lui avait donné jusque là. Le samedi arriva. La grande et vieille maison de Joffrey avait été entièrement emménagée afin d'accueillir tout type d'évènement pouvant se produire durant la soirée. Les objets précieux avait été rangés au grenier ou seuls le quatuor pouvait entrer puisqu'ils y dormaient. Les autres chambres avaient été dépossédées de tout hormis les meubles lourds. La maison fut remplies en quelques minutes. Personne ne rata le coup de vingt-deux heures. Excepté Ashoka. La musique résonnait dans chaque pièce, la plus grande étant le salon du haut. Lucien était venu pour les préparatifs et sentait qu'il avait besoin d'une pause avant de reboire quelques bières. Joffrey dansait avec trois jeunes filles qui venait de la faculté de lettre de la ville la plus proche. Elles étaient divines. Pierre sniffait et fumait des joint entouré par des amis du camping où il avait passé ses vacances cet été là. Héloïse était prête à bondir sur la première étrangère qui s'approcherait de son précieux dandy. Simon s'était installé dans les bas. Lucien attendait Ashoka. Il ne voulait pas se l'avouer. Se voulant toujours invaincu. Il se servit un verre finalement. Il ne cessait de détourner ses yeux de la porte, se maudissant intérieurement de la fixer ainsi. Mais il oublia ce sentiment de mépris qu'il avait à son égard quand il vit ses yeux s'éclairer quand elle les posa sur lui. Un sourire éclaira son visage de poupée. Elle s'avança et effleura sa joue de la sienne. Elle portait une robe blanche cintrée à la poitrine. Elle tombait jusqu'au sol et flottait autour d'elle lorsqu'elle se mouvait. De fines bretelles sur ses frêles épaules. Ses cheveux était restés lâches. Tombant sensuellement jusqu'au creux de ses reins. Une beauté. Un ange. Palpitant en arrêt.

- Bonsoir. Dit-elle toujours souriante. Il déglutit.

- Salut…" Souffla-t-il plus qu'autre chose. Elle ria. Belle enfant. Grande enfant. Folle enfant. Et il s'y aimantait comme un sot. Elle alla à la sono et changea de musique. Il était curieux de voir ce qu'elle pouvait mettre en ces circonstances. Se dévoiler aux autres était risqué pour elle. Cependant elle ne semblait pas se rendre compte qu'elle était entourée. Il se fit la réflexion qu'elle ne voyait que lui, il sentit son cœur s'agrandir et s'en voulut de penser cela. Pourtant, il semblait que cela le rendait heureux?

" Allez viens danser." Son sourire découvrait ses dents mais il ne trouvait pas ça moche, au contraire, ça lui donnait envie de mettre ses dents à l'air lui aussi. Il prit la main nue qu'elle lui tendait et elle l'amena au milieu de la pièce où personne ne dansait. Elle avait choisit la musique. Il y eu les premières notes, elle se serra un peu contre lui, mit une de ses mains dans chacun des siennes et bougea lentement au rythme de ce qui semblait être "Poison" du groupe Cocorosie. Il trouva cela ironique. Elle était son poisoin, un délicieux et subjugant poison, tout en étant son propre remède. Elle approcha son visage du sien, il se perdit un peu dans son admiration. La petite bouche, plus que pulpeuse, tremblait légèrement, rose, gourmande, qu'elle gardait ouverte sur un sourire ce soir alors qu'elle la gardait toujours fermée, un peu pincée lorsqu'elle se trouvait sous le regard d'un public. Ses yeux étaient envoutant, avec des éclats dorés, une iris en dégradée, formés en amandes, des cils longs et fins, blonds/blancs, une paupière un peu lourde mais très légèrement. Son nez était fin et retroussé en une pointe un peu elfique. Bizarrement, alors qu'il n'avait certainement jamais vu d'elfe de sa vie. Du moins, les vrais. Ses pommettes saillaient joliment et creusaient légèrement ses joues qui rosissaient. Le deuxième morceau commença, un morceau avec une flûte et un synthé, il ne connaissait ni le nom du groupe, encore moins celui de la musique. Des notes de guitares résonnèrent, puis la flûte devint plus dansante. Elle se mit à sautiller et à tourner sur elle-même, les bras légèrement écartés à l'arrière du corps, elle gardait une bouteille de rhum à la main, sa robe blanche flottant autour de son corps frêle qui virevoltait. Elle souriait de joie, ses yeux pleinement contaminé, toutes et tous la regardaient. Tous la jugeaient. Il n'avait jamais vu quelque chose d'aussi beau. Il se mit à rire aussi, lui attrapa la main qu'elle avait libre pour la faire tourner lui-même et improviser une danse qui semblait ressembler à quelque chose d'écossais ou d'irlandais, un truc dans ce goût là. Ou celte peut-être. Elle éclata de rire alors qu'ils dansait avec la maladresse de l'ivresse. Il ne voulait plus qu'elle arrête. Un rire d'enfant, pur, éclatant. Euphorique. Elle s'arrêta alors de tourner, tombant à moitié dans ses bras pour ne pas se briser au sol, poupée de porcelaine. "Viens" chuchota-t-elle à son oreille. Elle sortit de la salle, l'entraînant par la main, il la suivit sans résistance aucune. Elle l'emmena dans le jardin. Derrière un haut mur de buissons se trouvait un arbre de plusieurs centaines d'années. De sa plus large branche pendait une balançoire. Ashoka s'y asseya et commença à se balancer doucement après avoir envoyer ses sandales voler dans le paysage. Lucien vint se placer derrière elle pour la pousser. Plus il poussait fort, plus elle riait. Alors il poussait toujours plus fort. Il avait mal aux maxillaires à force de sourire. Mais cela lui était égal. Il n'avait jamais apprécié autant la présence de quelqu'un. Il semblait ne plus pouvoir se passer d'elle. Il fallait bien sur que ce soit une pauvre enfant, à la raison instable, au cœur cabossé. Cela aurait été trop simple sinon. Elle voulut s'arrêter. Il avait mal aux bras.

" Viens, on va s'envoler! Elle mit sa main dans son soutient gorge et en ressortit un petit flacon contenant un liquide or avec quelques impuretés sombres.

- C'est-à-dire?

- C'est du miel de champignon, tu sais où on peut trouver des petites cuillères? Que l'on partage à part égale. Elle regarda vers la maison sans pour autant bouger.

- Tu veux que j'y aille? Demanda-t-il poliment.

- Ce n'est pas que je suis une fille qui aime être servit, tous le monde aiment l'être d'ailleurs, filles et garçons, mais je n'ai pas très envie de tomber sur un de tes amis. Elle l'observa avec gravité. Elle le grondait en silence de leur stupidité.

- Je reviens très vite. Il passa derrière la haie et se rendit dans la maison. Quelques minutes plus tard il revenait avec deux morceaux de sucres roux.

- Oh! Elles sont très jolies, c'est de l'argent, regarde le poinçon... Il ne faudra pas les perdre et les ranger exactement à leurs places… Ses yeux pétillaient dans l'obscurité. Quand on parle de grandir avec une cuillère d'argent dans la bouche, je pensais que ce n'était qu'une image. Quel jolie image, tu ne trouve pas? S'envoler sur une coquille d'argent, comme une fée attèle sa coque de noix transformée pour l'occasion. Elle fit couler quelques gouttes sur une cuillère, puis sur l'autre, égalisant parfaitement les part. Accroche toi, murmura-t-elle. Les champignons infusent dans le miel pendant des mois. Essaye de rester avec moi. Ils se regardèrent fixement avant de prendre chacun leur cuillère. Une heure et demi. Les étoiles brillent plus que jamais, tout est brillant et clair. Sensation de sens accru. Il entend sa respiration et pose sa tête sur sa poitrine. Elle soupire d'aise. Les choses deviennent flous et distinctes. Le cerveaux absorbe le produit. Les rêves se réalisent. Elle se sent flotter. Le ciel semble s'éclaircir. Est-ce une fontaine qu'on entends? Regarde-nous. Deux êtres dans un coin de paradis. La balançoire semble faite de fleurs et des petits être féérique se balancent dessus. Regarde-nous. Les étoiles ont laissé place au soleil. Quelle heure est-il. ils doutent. Ils essaient de regarder la montre de Lucien mais cette dernière n'est pas très amicale et s'effarouche lorsqu'ils essaient de la lire. Elle la gronde. Il éclate de rire. Elle le suit. Ils en ont mal au ventre. Soudain elle a envie d'aller faire un tour à l'intérieur. Elle a envie de danser. Il ne peut pas la quitter. Ils entrent. Ils semblent flotter au lieu de marcher. Les têtes se tournent sur leur passage. Grand bien leur fassent. Ils arrivent dans la pièce. Elle va à la sono. Quelqu'un lui fait une reflexion. Lucien intervient mais il n'arrive pas à demeurer sérieux. Le dj semble comprendre et met ce qu'elle désir. Emancipator engage ses premières notes et tous ceux et toutes celles qui ont qu'un tant soit peu l'esprit en vogue se mettent à se trémousser gentiment. Elle ne se donne aucune limite. Alors lui non plus. La pièce est pleine de couleurs, des étoiles se promènent, il y a des êtres étranges. Il trouve une baguette magique. Il transforme sa robe. Elle devient une princesse et tous se prosterne devant elle. Il s'agenouille a son tour. Elle le relève. Elle tourne avec lui en riant aux éclats. Sa robe flotte autour d'elle. Ils s'envolent. Ils sentent le sol se dérober et ils se sentent monter vers le plafond comme deux ballons qu'on aurait lâchés par manque d'attention. La pierre se recouvre de lierre et la lumière devient aveuglante, de l'eau ruisselle quelque part, il n'y a plus personne autour d'eux. Des oiseaux qui chantent tout au plus. Une sirène chante au loin. Il est temps de partir à l'aventure. Elle l'entraîne toujours. Elle laisse derrière des paillettes de fées qui s'accroche à ceux qu'ils laissent. Tous seront heureux ce soir. La princesse leur a fait dont d'un peu d'elle. Ils s'enfuient au loin. Pourquoi pas pour toujours. Ils partent au-delà des frontières du réel, ils s'envolent pour un horizon rêvé. Ils appartiennent au temps de la magie et de la beauté. Ils sont les rois du monde des contes. Ils embaument le bonheur d'avoir ouvert les portes d'un monde enchanté. Ils n'ont qu'à profiter.

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