Chapitre sept: Je crois qu'on est suivit...

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Ils se retrouvèrent à descendre ensemble de leur nuage artificiel. Ensemble. Sous les toits. Tous le monde était partit ou endormi. Les trois acolytes de Lucien n'était pas apparu dans leur nid. Occupés. Sans nul doute. Ils étaient enlacés. Enveloppés dans leur chaleur. Leur respiration devenait douce. Ils approchaient du sommeil, sans pour autant le trouver. Les oiseaux chantaient dans le petit matin. Après douze longues heures dans les étoiles, ils reprenaient pieds. Lucien était bien. La tenant dans ses bras. L'écoutant respirer. Aimant chaque son qu'elle émettait. Source de vie. Chaude et réconfortante. Elle avait la tête posée sur son thorax nu. Ses sens perdaient peu à peu leur acuité accru par la drogue. Il se sentait heureux néanmoins. Jamais il n'avait vécut quelque chose de semblable. Il sentit qu'elle sombrait dans cette léthargie éveillée qui suivait la prise de drogue. Pression d'étreinte qui se relâche doucement. Il aurait aimé rester là pour toujours. Alors que lui aussi sombrait dans cette inconscience lourde et trouble, le soleil apparut à travers les nuages au-dessus d'eux. Immuable course du temps. Gloria était inquiète. Elle connaissait le genre de soirée que pouvait passer son fils chez ses amis. Elle avait connu ça elle aussi. Les 70's y étaient propice. Chaque fois elle se disait qu'elle lui refuserait. Chaque fois il partait pour seul alerte un mot sur son lit qu'elle vérifiait chaque soir. Chaque fois elle ne dormait pas. Attendant son retour. Même si elle savait qu'il n'était jamais là avant quatorze heure. Elle attendait son retour. Elle l'aimait ce petit. Elle connaissait son cœur. Son âme. Sa tête. Elle savait qu'il ne fumait pas seulement. Plus maintenant. Alors elle attendait. Son retour. Ou un coup de fil annonçant son décès. Même si elle essayait de ne pas y penser. Elle était mère. L'aurore lui donna un peu de répits. Elle se laissa aller à sa contemplation. Non loin, une autre mère attendait sa fille. Sa petite princesse. Etrange petite chose qui était comme une partie d'elle en dehors d'elle, totalement indépendante, et pourtant... Une part de soi vivant loin d'elle, un lien invisible la reliait à elle. Mais bien indépendante. Trop pour quelqu'un aussi loin de la réalité. Elle regarda elle aussi le soleil se lever. Une magnifique journée s'annonçait finalement. Les jeunes gens ne "dormirent" pas longtemps. Dans les minutes qui précédèrent onze heure ils se présentèrent chez eux. Saluant leur parent, indifférent à leurs inquiétudes, en redescente. Chacun de ces deux cœurs se remémoraient la nuit qu'ils avaient battu à côté d'un autre. L'un souriait et s'extasiait, entre deux crispations de mâchoires, trois crises de larmes. L'autre était en proie à la peur. Peur de l'attache. Peur de perdre quelque chose. Peur de se lier. Elle lui envoya un message sur son téléphone. Il en fut retourné plus encore. Pourtant la seule chose qui le hantait: la revoir, la toucher, la faire rire, l'entendre parler,… Encore un peu d'elle. Encore. Il se sentait en état de manque. Il était mal à l'aise. Elle se regarda dans la glace. Se mit nue devant la face lisse qui reflétait son image. Il semblait que trop d'os était à découvert. Pourtant elle ne se dégoutait pas. Elle aimait son corps, sa peau proche de ses os, elle se sentait plus proche d'elle-même. De plus elle n'avait pas tant de pouvoir sur ce poid qui ne semblait jamais prendre. Elle avait des periodes où elle était vorace, engloutissant de la nourriture grasse, saléé, sucréee, n'importe quand, parfois sept fois par jour, se relevant la nuit. Et elle ne prenait pas un kilos de plus. Elle sourit à son reflet. Elle enfila une chemise de nuit longue des années 1900. Tout ce qu'elle possédait était vieux. Remplit d'histoire. Ou de beauté. Comme sa machine à coudre S I N G E R de 1945. Sa machine à écrire R O Y A L des années 60. Il n'y avait que l'ordinateur qui lui servait pour la recherche de ses trésors qui dénotait dans sa chambre. Elle mit en marche le vinyle de Vivaldi qui était resté dans le 33 tour. Elle fit une longue tresse de ses boucles emmêlées. Puis se mit au lit. La tête encore dans les étoiles. Alors que sous les boucles noires de Lucien, une bataille faisait rage. Il avait passé la plus belle nuit de sa vie en compagnie d'une fée aux cheveux roses. Mais où allait-il? Il n'avait même pas tenté de la toucher. Lorsqu'une fille partageait sa couche, il la possédait. Forcément. Mais pas cette fois. Pourquoi? Il en avait eu envie. Là n'était pas la question. Mais il avait eu peur de briser cet instant. Il ne se reconnaissait pas cependant. Quand il était avec elle, il était drôle et léger. Heureux. Optimiste. Serein. Il revoyait ses grands yeux d'eau et d'ambre, étincelants, quand il fermait les siens, encore habillé, allongé sur son lit. Ce qu'il ressentait était agréable. Certes. Mais… Ils finirent par trouver le sommeil, attendant tout deux avec une impatience accrue de se retrouver le lendemain. Elle arriva en retard. Comme pour se faire attendre. Lucien l'observa s'excuser auprès du professeur d'anglais et s'asseoir seule à une table devant. La solitude plutôt que d'échapper au prof. Il put alors l'observer tout son saoul les deux heures que durèrent le cours. Elle ne fit même pas semblant de s'intéresser. Elle écrivit sans interruption. Lorsque la sonnerie retentit, elle fut la première à s'échapper. Il la suivit prestement. La rattrapant. Avant qu'elle ne dévale les premières marches de l'escalier pour rejoindre le coin fumeur du lycée. Il vit qu'il avait fait tomber son tabac de sa feuille.

" Ashoka, euh… Je… Commença-t-il mais rien ne vint ensuite. Ils restèrent ainsi quelques minutes. Ils étaient bousculés. Insultés. Dévisagés. Mais il ne pouvait bouger. Elle eut un sourire doux.

- Lucien… Elle se rapprocha. Il sentit ses lèvres effleurer son oreille. Il fut parcouru d'un frisson. Moi aussi…" Murmura-t-elle. Puis elle prit sa main et la serra quelques secondes avant de la lacher pour rouler sa cigarette. Puis elle lui fit un sourire pour l'inviter à descendre avec elle à la limite de la cour, là où il était toléré qu'une bande de lycéen s'encrasse les poumons. Elle mit sa cigarette entre ses lèvres et l'alluma. Tira une longue bouffée. Lui souria. Posa une nouvelle fois cette fine mains aux longs doigts sur sa joue rosie par l'embarras. Puis se mit sur la pointe des pieds et posa un baiser furtif sur ses lèvres avant de se reculer doucement. Il fut comme électrisé. Elle l'examina comme elle savait le faire. Ses grands yeux ouverts. Lèvres légèrement pincées. Tête penchée sur le côté. Elle examinait sa réaction sans rien attendre de précis. Lucien ne réagit pas bien. Il partit promptement. D'un pas allongé et rapide il se rendit devant la salle où aurait lieu le prochain cours. Pourquoi avait-elle fait ça? désagréable impression d'être une expérience. Pour lui, c'était à l'homme de faire le premier pas. Il devait être sur de lui. Et là non, il était hésitant comme un enfant. Il passa sa main sur son visage et fixa son regard sur, à son léger étonnement, Héloïse enlacée par son ami Pierre. Il songea que celui qui avait fabriqué l'homme avait bien songer de faire passer l'air aussi par le nez. Il aurait du fumer une clope. Bon. Au risque d'avoir l'air con, Lucien fit demi-tour. Il la voit de loin. Ses longs cheveux roses qui entourent une expression de profond dégoût en observant un groupe de jeunes filles. Il comprends. Il ne veut pas retourner vers elle cependant. Il se barre du lycée. Pourquoi pas finalement. Il est dix heure et demi. Et après. Deux petits pas. Tac. Tac. Le suivaient. Il ne se retourna pas. Espérant et redoutant. Il se dirigea vers le lac. Pour changer. Il arriva au ponton. Se retourna. Elle s'était arrêtée un peu avant lui. Mise à distance. Evaluation. Encore sa petite tête penchée et ses grands yeux. Il ne savait pas quoi lui dire. Elle si.

- Je voulais te demander pardon. Je crois que je t'ai froissé. Dit-elle d'une voix fluette. Elle baissa les yeux et ses joues rosirent. Il resta quelques minutes à l'observer. Puis quelques pas. Elle releva la tête.

- Ne me dis pas que cette Loufoca te plais "frangin". Lucien ne compris pas sur l'instant. Il se tourna vers sa "soeur"….

- En quoi ça te regarde Marie? Lucien fut admiratif devant l'indifférence de la petite.

- Lucien ne t'as pas encore parlé de moi. Elle s'avança. Prit la main de Ashoka et la baisa. Sourire ironique. Je m'appelle Marie et je vis avec Lucien depuis quelques années. Ses yeux glissèrent du visage de Ashoka à celui de Lucien. Qui était passablement perdu devant la conduite de cette jeune fille timide, totalement effacée jusqu'à présent.

- Marie, tu n'as pas cours?

- Moi non, mais toi oui, et après la nuit infernale que tu as fais passé à Gloria, tu pourrais au moins te rendre dans une salle de classe, ne serait-ice que pour lire un de ces bouquins que tu apprécies tant!

- Fou moi la paix, qu'est-ce qu'il t'arrive?

- Je suis fatiguée qu'il n'y en ait que pour toi car tu passes ton temps à faire des conneries. Gloria accordes moitié moi de temps à nous autres et c'est invivable!

- Et bien oui p'tite soeur! C'est certainement ce que je vais faire, Gloria et toute l'institution éducative n'ont jamais réussit à me convaincre, mais toi! Toi! Tu es le messie dont j'avais besoin pour être sauvé! Marie le gifla et s'en fut de l'autre côté du lac, non vers le lycée, mais vers un tunnel qui menait dans un bois, puis un parc. Lucien en fut si ébahi qu'il resta planter là à la regarder s'éloigner.

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