Jour 7 - Role swap/Échange de rôles

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— Attendez… Quoi ?! s’étrangla Najak.
Le capitaine Tulik lui lança un regard réprobateur.
— Vous allez devoir assurer le travail d’un autre membre de l’équipe de service le temps d’une journée, expliqua-t-il pour la seconde fois. C’est l’un des tests de cohésion d’équipage de Starfleet.
— Mais on n’a jamais fait ça ! s’étonna Hazel.
— Eh bien, grommela le capitaine Olsen, ça prouve bien qu’il était temps de le faire. Message reçu ?
— Oui, capitaine !
Najak se contenta de hocher la tête.
— Dans ce cas, disposez.

Le lendemain, en arrivant à la cafétéria, Hazel remarqua que quelque chose avait changé. Il lui fallut quelques secondes pour repérer le grand panneau punaisé à côté du synthétiseur.
« Comme indiqué précédemment, chaque membre de l’équipe de service devra assurer le travail de l’un de ses collègues. Entrez le code 15178412 dans la notification qui s’est affichée ce matin sur votre Padd pour recevoir une nouvelle affectation. »
Hazel avait oublié son Padd dans ses quartiers. Elle courut le récupérer. Heureusement, ce n’était pas très loin. À son retour, elle entra le code.
« Réassignation en cours », indiqua le Padd.
Puis un nom s’afficha.
« Vous assurerez les fonctions de l’enseigne T’nai L’kei Najak Davis. Toutes les indications se trouvent dans le fichier ci-joint. »
— Bon… soupira Hazel. Ce ne doit pas être si difficile.

Au même moment, Najak était restée immobile devant son Padd, louchant sur le nom s’affichant au milieu comme une poule qui aurait trouvé un phaseur.
« Vous assurerez les fonctions de l’enseigne Hazel Dättwyler. Toutes les indications se trouvent dans le fichier ci-joint. »

Hazel découvrit donc le service des objets perdus. C’était une unique petite salle qui ressemblait, au mieux à un bureau minuscule, au pire à un grand placard à balais.
Le service n’était occupé que par un bureau relativement bien tenu, un intercom, un tricordeur de service et deux étagères, l’une remplie d’objets trouvés et l’autre contenant quelques vieux livres, un sac plastique et deux tasses en céramique.
La nouvelle responsable des objets perdus s’assit au bureau et ouvrit le fichier de son Padd. Il n’y avait presque aucune indication. Juste d’attendre une communication et de retrouver l’objet perdu.
Hazel attendit une heure et demie. Elle eut le temps de grignoter deux barres de céréales et de lire le « traité sur l’hybridation et la reproduction interespèces » pris dans la bibliothèque de Najak. La sonnerie du communicateur la fit sauter au plafond.
— Services des objets perdus, j’écoute ?
— J’ai perdu ma bague de fiançailles ! expliqua un jeune homme paniqué.
— Euh… où est-ce que vous l’avez vue en dernier ?
— Dans les toilettes du secteur B6C.
— Ne bougez pas, j’arrive.
Elle prit le tricordeur, verrouilla la porte du service et fila en direction du serveur B6C.

Oh, T'nai L'kei Najak Davis détestait sa vie.
Elle n’était de toute évidence pas préparée à gérer une garderie. Elle avait laissé les enfants jouer librement un moment – ce n’était pas une réussite. Un gamin Klingon et une jeune Ferengi s’étaient mis sur le coin de la figure pendant les quelques secondes où elle avait détourné son attention. Une Andorienne pleurait, un garçon humain s’était écorché le genou. Une fillette, humaine elle aussi, avait décidé de balancer des stylos à travers la pièce. Il y avait bien trop de bruits, de lumière et d’odeurs bizarres. Elle respira profondément et ouvrit son Padd.
« En situation critique, demander un time-out avec le code “Phaseurs sur paralysie”. Ne pas faire durer les time-outs plus de cinq minutes. »

Najak prit une seconde inspiration.
— PHASEURS SUR PARALYSIE ! cria-t-elle.
Le silence se fit dans la garderie.
— Bon, venez vers moi, ordonna la Vulcaine.
Les enfants obéirent, un peu à contrecœur, et s’assirent en cercle autour de Najak.
— Je ne sais pas comment vous faites avec Hazel mais là pour moi ça ne va pas. Alors voilà ce qu’on va faire : Vous allez aller ranger vos jouets – pas maintenant, attendez que je termine d’expliquer – et ensuite on va faire une activité. Voilà, vous pouvez y aller. Dans le calme !

De toutes les choses qui pouvaient arriver à Hazel ce jour-là, mettre la main dans des toilettes n’était pas la plus plaisante.
— Vous êtes sûre qu’elle est tombée ici ? grogna-t-elle.
— Bah euh non, je… Je crois ? Si ce n’est pas celles-là c’est la cabine d’à côté !
Comment Najak faisait-elle pour supporter ce travail ?
Hazel sortit le bras des toilettes, se lava bien les mains et ouvrit le fichier d’aide.
— Le tricordeur de service est équipé d’un système de nettoyage à ultrasons, de rayons X et d’un détecteur de métaux, lut-elle à voix haute.
Elle passa l’appareil en mode détecteur de métaux.
— Bon, voyons voir…

Najak ne savait pas combien de temps son stratagème tiendrait.
— Inspirez… Expirez… Inspirez… Expirez…
L’odeur de l’encens synthétisé avait empli la garderie. Son atelier « Méditation Vulcaine » avait rencontré un certain succès. Un garçon humain à la peau sombre – Tom, si sa mémoire était bonne – s’était même endormi.
— Inspirez… Expirez…
Peut-être que, tout compte fait, Najak survivrait à cette journée.

— Comment ça la bague n’est pas en métal ? s’emporta Hazel. Vous auriez pu me le dire avant que je mette le tricordeur de l’enseigne Davis dans les toilettes !
— Eh ben… euh…
Elle se lava les mains une seconde fois. En se séchant les mains, elle remarqua un objet brillant sur le bord de l’évier.
— Dites donc, ce n’est pas votre bague ?
L’homme combla la distance qui les séparait en quelques pas.
— Ah oui. J’ai dû l’enlever pour me laver les mains. Je n’avais pas vu.
— Vous avez encore besoin de moi ? Non ? Alors au plaisir !
Hazel quitta les toilettes terriblement agacée.

Najak avait eu une idée de génie.
— Elle est comment ma calligraphie ? demanda Alya.
L’éducatrice par intérim se pencha pour regarder.
— Aucune idée. C’est la première fois que j’en fais avec des stylos. Je pourrai écrire à ma mère pour lui demander si tu veux.
Après le repas de midi, Najak avait sorti le papier, les crayons et les feutres et improvisé un atelier de calligraphie Vulcaine traditionnelle. C’était un art difficile que personne ne pouvait maîtriser en si peu de temps – et auquel elle ne connaissait rien – mais qui aurait l’avantage d’occuper les enfants. Elle n’aurait jamais cru que gérer cette horde de petits monstres serait aussi facile.
La journée se termina bien plus vite que prévu. Elle eut juste à préciser aux parents de Finn que leur fils s’était écorché le genou.
Facile.

Hazel regarda les deux gugusses qui se tenaient face à elle, puis son Padd.
« En soirée, le bureau est ouvert à ceux qui veulent récupérer quelque chose dans les objets trouvés. »
Et, hélas, quelqu’un était venu.
— C’est MA tasse ! dit l’un, un lieutenant Andorien petit et large.
— Pas vrai ! répliqua l’autre, un enseigne humain élancé aux cheveux et au teint clairs.
— Comment est-ce que je peux savoir à qui appartient la tasse ? demanda Hazel.
— J’ai perdu ma tasse ! râla le lieutenant.
— Moi aussi ! pesta l’autre.
Hazel tendit la main vers l’étagère et y prit une autre tasse.
— Vous êtes sûre que celle-ci n’est pas à l’un de vous ?
— Oh, mais c’est ma tasse ! s’écria l’Andorien.
La responsable remplaçante des objets perdus les guida vers la sortie. Quand ils forent dehors, elle soupira.
— Pfiou ! C’est épuisant. Au moins, c’est bientôt fini.
Elle regarda son Padd et manqua de s’effondrer.
Elle faisait un quart de travail Vulcain.
Il lui restait trois heures.

Oh, Hazel Dättwyler détestait sa vie. 

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