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« J’ai fait quelques recherches » commença Victoria la bouche pleine de son deuxième croissant. « Savais-tu que Surcouf était un corsaire français pendant la révolution et l’empire ? »

« Je savais que c’était un corsaire. Mais je l’imaginais plutôt sous Louis XIV. » avoua Alexandre.

« Moi aussi. Mais je le confondais avec Jean Bart et Dugay-Trouin. Donc c’étaient des gars qui faisaient la guerre sur la mer de manière privée pour le compte d’états souverains. »

« Une sorte de Wagner avant l’heure finalement » fit remarquer Alexandre.

« Oui sauf que les corsaires avaient un certain sens de l’honneur, que les miliciens russes de Wagner ne semblent pas partager. Ainsi, leurs lettres de course ne les autorisaient pas à attaquer des navires neutres ou civils non armés. Ils ne devaient pas tuer inutilement ou piller les biens personnels des prisonniers. »

« En effet, on est loin de l’organisation mafieuse russe dont l’objectif est de piller les ressources africaines, sous prétexte de les libérer du néocolonialisme européen. » nota Alexandre.

« En revanche, attaquer le Surcouf, c’est un peu comme si les djihadistes s’étaient attaqués à un navire militaire en somme. » fit remarquer Victoria.

« Oui. Mais avec trois siècles de retard. »

« Finalement, ce n’est pas tant le choc des civilisations qui se joue en ce moment que le choc des anachronismes » conclut Victoria en enfournant le reste de son croissant.

L’assaut du méthanier avait lieu en mer, à quelques encablures du port de Djibouti. Sébastien avait réparti ses hommes en plusieurs équipes.

Lors du briefing de préparation de l’exercice, il avait présenté l’état des forces adverses et le plan d’intervention à ses hommes.

Il avait d’abord pensé utiliser des bateaux pneumatiques pour acheminer deux équipes à la proue du navire, mais la lune était presque pleine et les embarcations ne pouvaient donc pas compter sur l’obscurité pour dissimuler leur approche.

Il s’était rabattu sur une approche sous-marine. Les militaires gagneraient la proue du navire en nageurs de combat.

Une fois les nageurs de combat hissés sur le pont à l’aide de grappins et d’échelles, leur rôle serait de sécuriser la partie avant du navire et de progresser furtivement vers le château arrière. Ils devaient prendre contact avec l’équipage et leur demander de se rassembler à l’échelle de coupée pour être évacués. Ils pouvaient faire usage de leurs armes munies de silencieux à condition de ne pas tirer vers les cuves.

Dans le même temps, trois hélicoptères devaient se positionner l’un à la poupe du navire et les autres de part et d’autre du château arrière, légèrement en avant de celui-ci. Le rôle des hélicoptères était central : ils devaient aveugler, faire diversion et neutraliser les terroristes.

A l’aide de puissants projecteurs, ils devaient aveugler les terroristes dont Sébastien pensait qu’ils se réfugieraient sur la passerelle.

Par ailleurs, le bruit des pâles avait pour objectif de faire diversion et de détourner l’attention des terroristes pour éviter des tirs en direction des nageurs de combat à bord, tirs qui risquaient de percer l’isolation des réservoirs et de provoquer l’explosion de la cargaison.

Enfin, des tireurs de précision à bord des hélicoptères devaient neutraliser les terroristes à condition que le tir, encore une fois, ne soit pas dirigé vers les cuves du navire. C’était le rôle des deux hélicoptères latéraux.

Simultanément, deux zodiacs devaient se présenter sous l’échelle de coupée pour évacuer les membres d’équipage.

Sébastien pouvait constater que l’exercice se passait comme prévu. Il fallait désormais anticiper les imprévus qui ne manqueraient pas de surgir en situation réelle.

Il avait déjà prévenu ses équipiers que la phase d’abordage du commando serait délicate : le GNL étant moins dense que l’eau, le méthanier avait une ligne de flottaison plus basse et donc la distance à escalader était d’environ 15 mètres pour atteindre le pont, contre 4 à 5 mètres pour un pétrolier.

Il fallait également s’assurer que le navire soit à l’arrêt. Pour cela, les nageurs de combat devaient pouvoir neutraliser l’hélice si nécessaire.

Enfin, il fallait impérativement une météo clémente pour que les hélicoptères puissent opérer.

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