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Alexandre faisait le tour de la presse économique : Il semblait que la panique s’était installée sur les marchés financiers.

Le cours du gaz sur le TTF, marché de référence en Europe, et sur le JKM, son équivalent asiatique, avaient dépassé le seuil de $150/mmbtu, un niveau jamais vu. Les prix de l’électricité avaient suivi une trajectoire haussière moins prononcée, en raison des températures estivales de cette fin septembre en Europe qui limitaient heureusement la demande. En revanche, la crainte d’un hiver sous tension faisait significativement monter les prix futurs.

La valeur moyenne de la cargaison d’un méthanier avait été multipliée par dix en quelques heures et dépassait désormais les 500 millions de dollars. Dans ces conditions, plusieurs sociétés de trading avaient annoncé se placer sous le régime de la faillite, notamment celles dont le bilan ne permettait pas de faire face aux appels de marge exigés par les courtiers.

Des industriels fortement exposés aux prix de l’énergie connaissaient également des difficultés de trésorerie. Des producteurs de verre et d’acier avaient déjà réduit leur activité au minimum et placé des milliers de leurs salariés au chômage technique. Les hauts-fourneaux métallurgiques tournaient également au ralenti. La crise tombait également au plus mal pour les producteurs de sucre dont les besoins en gaz explosaient avec le début de la campagne betteravière.

Les gouvernements prenaient les uns après les autres des mesures pour rassurer les populations. L’une d’entre elles consistait à activer l’effacement de la fourniture de gaz des clients industriels dont les contrats d’approvisionnement le permettaient.

En France, le président assurait à ses concitoyens que les stockages de gaz, remplis à près de 95% en cette fin septembre, contenaient l’équivalent de trois mois de consommation nationale. Alexandre savait que cette déclaration n’avait pas beaucoup de sens. Le gaz était certes présent dans les stockages souterrains, mais la capacité de soutirage restait contrainte et en cas de pic de demande, ce gaz ne pourrait pas être mis à la disposition de tous les usagers en même temps. Quel était l’intérêt d’avoir un compte bancaire bien rempli si on ne pouvait dépenser que 100 Euros par semaine ?

Le prix de l’essence à la pompe avait atteint 3 Euros par litre en France. Par peur de la pénurie, les automobilistes faisaient la queue devant les stations-service qui limitaient désormais à quinze litres le volume d’essence disponible pour chaque client. Malgré cela, de nombreuses stations étaient déjà en rupture de stock.

Avec la chute de la valeur des actions sur les marchés, la capitalisation des fonds de pension fondait rapidement, provoquant l’inquiétude des épargnants et des retraités. Des files de clients se formaient devant les agences bancaires pour retirer l’épargne en cash ou changer les économies d’une vie en dollars ou en or. Plusieurs compagnies anglo-saxonnes avaient été contraintes de recapitaliser en urgence leurs fonds de retraite, puisant dans leurs lignes de crédit et précipitant un peu plus la chute de leur valeurs sur les marchés.

Inévitablement, la valeur de l’or atteignait des sommets et les cours de l’euro et de la livre britannique étaient passés en dessous de la parité avec le dollar. Seul le franc suisse résistait encore.

Des rumeurs de troisième guerre mondiale fleurissaient sur les réseaux sociaux et les images dramatiques qui tournaient en boucle sur les télévisions semblaient leur donner raison : bateau en flammes, grondements des manœuvres militaires, fracas des avions de guerre, ton martial des déclarations solennelles… le monde semblait être au bord du précipice.

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