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« Ca ne colle pas ! » s’exclama Victoria sur un ton catégorique. « Mohamed n’a pas le profil du terroriste islamiste. »

« Parce qu’on ne peut pas obtenir le brevet de terrorisme à la sortie de Sciences Po ? » demanda Alexandre goguenard.

« Exactement ! » rétorqua la jeune fille.

« Mais tu m’as expliqué toi-même que les racines de l’islamisme sont plus complexes qu’on peut l’imaginer » lui rappela Alexandre.

« Oui c’est vrai » reconnut Victoria. « Et même si la plupart des auteurs d’attentats islamistes sont d’origine modeste et sans éducation, il y a des exceptions. Le cerveau des attentats du 11 septembre, l’Egyptien Mohamed Atta, avait un diplôme d’ingénieur. »

« Tu vois, la radicalisation de Mohamed n’est pas si originale que ça. »

« Oui. Mais les profils comme le sien sont ultra minoritaires. » Un silence s’installa avant que Victoria ne reprenne la parole d’un ton plus hésitant : « …Et le fait de l’avoir croisé sur les bancs de Sciences Po doit fausser mon point de vue. »

Alexandre reprit ses notes de leur rencontre avec Kader. Il lut à haute voix les principaux éléments : fils unique, a grandi dans le XVIème arrondissement, collège et lycée à Janson de Sailly, admission en quatrième année à Sciences Po après une licence d’économie de l’université Paris-Dauphine…

« En effet, difficile de plaider l’enfance malheureuse pour lui » fit remarquer Alexandre.

« Et pourtant, je peux moi-même témoigner qu’il n’avait pas l’air très épanoui à Sciences Po. »

« C’est peut-être un début d’explication » hasarda Alexandre.

Un nouveau message apparut sur l’écran du portable de Victoria. Cette fois, Alexandre ne put s’empêcher d’y jeter un coup d’œil et ce qu’il vit le glaça : quatre mots en lettres capitales « JE VAIS TE TUER ».

Victoria avait l’air pétrifiée.

« Qui t’envoie ce genre de messages ? » interrogea Alexandre en prenant la main de Victoria.

« C’est Arnaud, que tu as croisé vendredi. » Puis Victoria ajouta avec un air inquiet « Je lui ai annoncé hier que c’était fini entre nous. Il a du mal à l’accepter. »

« Qu’il le vive mal peut se comprendre. Mais qu’il t’envoie des menaces de mort est inacceptable. »

« Qu’est-ce que je peux y faire » interrogea la jeune femme en haussant les épaules ?

« Tu dois porter plainte, ou au moins déposer une main courante. » répliqua Alexandre.

« Tu as probablement raison, mais ce n’est pas le moment de faire de la paperasse. » objecta Victoria. « Et puis, à quoi bon ? Ce sera classé sans suite. » ajouta-t-elle avec découragement.

Après quelques minutes, Victoria se laissa convaincre d’aller au commissariat déposer une main courante.

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