Chapitre 19 : Yohan
Je reprends tranquillement mon souffle, le regard perdu au plafond. Une main se pose sur ma poitrine et le blondinet se redresse avant de m’embrasser.
— T’es une machine ! J’ai jamais connu de mec capable de jouir trois fois d’affilée.
— Merci. Pour être honnête, j’étais plutôt en manque et… pardon de vous avoir mordu…
— T'inquiète, c'est pas grave. Moi, c’est Kevin et lui, Karim.
L’étalon rebeu se redresse et m’embrasse à son tour.
— J’avais cru comprendre, entre le pseudo Grindr et le nom sur l’interphone. Je m’appelle Yohan.
Karim me sourit, se relève et quitte la pièce, toujours dans le plus simple appareil. Il revient quelques secondes après, une boite de mouchoirs en papier à la main.
— Désolé d’en avoir mis partout, me lance-t-il avec gêne. On n’est pas du genre à le faire sans capote, mais y avait une telle alchimie avec toi que le final est venu naturellement.
— C'est facile à dire pour nous, sachant qu'on ne se connait pas, mais on est clean. On fait presque autant de tests que de plans cul, me rassure Kevin en s’essuyant.
— Pas de soucis. J'ai souvent fantasmé d'en avoir partout, vous l'avez réalisé.
— Je meurs de faim, je prépare un truc ? demande Karim.
N’ayant pas mangé depuis plusieurs heures, j’accepte sans me faire prier.
Kevin se relève d’un bond et m’attire vers la salle de bain. La douche et spacieuse et nous n’avons aucun mal à nous y glisser à deux. La chaleur de l’eau et de nos corps qui s’effleurent m’excite à nouveau. Il le remarque et me sourit, puis attrape une noisette de gel douche et me savonne en m’embrassant par intermittence. Ses lèvres se font soudain plus avides. Il me mord la langue, la suce, puis descend sur mon menton, mes tétons, pour finir à genoux. Ses lèvres s’enroulent sur mon gland encore très sensible. J’exulte un râle de plaisir.
Je ferme les yeux, transporté par ce flot de sensations si agréables. Karim nous rejoint et se colle à moi en passant ses bras autour de mon torse. Sa bouche se promène dans mon cou tandis que son érection me caresse le bas du dos. Je bascule la tête et il m’embrasse avec tendresse. Il enfile une capote et je saisis sa verge et la glisse doucement à nouveau en moi. Je suis si dilaté qu’il n’a pas besoin de forcer. Son étreinte se resserre, sa langue s’agite dans ma bouche. Ses coups sont violents, dominants.
Kevin se relève et m’embrasse à son tour. Il pose ses mains sur mes fesses pour les écarter. Je me cambre encore davantage, sentant la bite de Karim me pilonner avec davantage de vigueur. Puis doucement, mon étalon se retire et tend une capote à Kevin. Il l'enfile et me retourne avant de me prendre délicatement à son tour. Malgré la différence de taille, je suis au septième ciel. Sa bite recourbée me chatouille directement la prostate avec une constance délicieuse.
Ses coups saccadés, d'une violence maîtrisée, m'arrachent des gémissements intermittents. Je me courbe pour mieux les sentir, les apprécier jusqu'au fond de mon être et Karim en profite pour étouffer mes cris de sa bite gonflée d'excitation. Je la sens sur le point d’exploser et ne peux me retenir de jouir à l’idée de sa semence chaude sur mon visage. Kevin exulte bruyamment en moi, ses mains me serrant fermement la taille. Comment ai-je pu être aussi prude durant autant d’années ?
Devant nous, Karim se masturbe vigoureusement. Je m’agenouille et il pose sa main sur ma tête, me forçant à l'admirer dans ses derniers retranchements, prêts à accueillir sa semence. Il laisse échapper un filet de salive sur son gland avant de m’offrir sa délivrance qui s'étale sur mon visage et coule sur mon corps dans un grognement viril.
—
Tant bien que mal, nous finissons par nous doucher et je me retrouve dans la salle de bain seul avec Kevin qui s’amuse de mes cheveux bouclés.
— T’en as de la chance. Les miens sont ultra-lisses, dit-il avec une pointe d’amertume en me passant le sèche-cheveux.
— Arrête, les tiens aussi sont magnifiques.
— Vous parlez de moi ? demande Karim qui revient de la cuisine.
— Je disais justement à Yohan à quel point je t’aimais, lance Kevin en se pendant à son cou.
— Je t’aime aussi, mon ange.
Tous deux échangent un baiser, leurs regards attendris en disent long. Je suis presque gêné d’être seulement vêtu d’une serviette.
Je retrouve mes vêtements éparpillés dans le salon et remarque de nombreuses photos des tourtereaux sur les murs. Kevin passe au même moment. Il est craquant dans son jogging marine moulant et son polo Lacoste blanc.
— À table, lance-t-il en me faisant un clin d’œil.
Karim nous a préparé un plat de pâtes à la tomate et au parmesan. La délicieuse odeur flotte dans la petite cuisine. Nous nous attablons et Karim me propose à boire.
— Un verre d’eau, s’il te plait.
— Pareil pour moi, mon amour, reprend Kevin.
Nous discutons de choses et d’autres et malgré leur flagrante différence d’âge, la complicité qui les unit est criante de sincérité. Karim a trente et un ans et travaille dans la gestion de patrimoine. Il est originaire de Marseille et vie à Paris depuis presque dix ans. Kevin a vingt-deux ans et est employé à la ville. Lui et Karim se sont rencontrés sur Grindr, il y a six ans. À cette époque, Kevin n’avait que seize ans et mentait sur son âge pour assouvir son attirance pour les hommes plus âgés.
— On est à Paname, t’as des daddy sexy à tous les coins de rue et tu peux pas en profiter parce que t’es mineur…
Sa réflexion, bien que moralement discutable, est tout sauf dénuée de sens.
— Jusqu’à ce que je le rencontre…
Karim pose sa main sur la sienne.
— J’avais vingt-cinq ans et lui seize, tu imagines le scandale ? lance-t-il avec un sourire gêné. Quand j’ai su qu’il était mineur, j’ai tout essayé pour couper les ponts, mais mon cœur en avait déjà décidé autrement.
Kevin se penche vers moi.
— Et il n’est même pas le mec le plus vieux que j’me tapais à l’époque.
J’esquisse un sourire amusé.
— Je ne veux pas paraître blessant, mais c’est une vie de couple plutôt… atypique, non ?
— Je suis plus âgé, donc mes relations amoureuses m'ont donné une forme de maturité que Kevin n'avait pas, c'est pour ça que nous avons décidé d'être un couple libre.
— Mais on ne se cache rien, reprend Kevin.
— Oui, il nous arrive d’avoir des aventures en solo, mais c’est de plus en plus rare, ajoute Karim en hochant la tête vers son partenaire.
— C’est normal, tu es un amant si prévenant, lance Kevin en lui effleurant la joue. Et tu fais l’amour comme un dieu.
Karim rougit en glissant sa joue sur la paume de Kevin qui saisit son visage pour l’embrasser.
— Tu es d’accord avec moi, Yohan ? me demande-t-il avec candeur.
Je manque de m’étouffer, la bouche pleine, mais approuve en levant le pouce.
— À ton tour ! C’est quoi ton histoire, Yohan ? enchaine Karim.
Je déglutis et me rince la bouche.
— Eh bien… j’ai dix-neuf ans, je viens d’Alsace, une petite ville qui s’appelle Saverne. Je ne suis sur Paris que depuis trois jours, pour mes études.
— Pas trop impressionné par la capitale ? demande Kevin.
— J’ai vécu cinq ans à Strasbourg, aussi pour mes études, j’ai l’habitude de la ville, même si Paris est bien plus intimidante.
— C’est bien vrai ! J'me rappelle quand j’ai débarqué y a dix ans, j’ai failli m’évanouir dans le métro tant ça puait et qu'il y avait de monde ! annonce Karim en rigolant.
— Il m’est arrivé la même chose !
Nous nous esclaffons de cette coïncidence, puis Karim débarrasse nos assiettes et me propose une cigarette que j’accepte avec plaisir.
— Et tu fais quoi comme études ? ajoute-t-il en me l’allumant.
Je prends une longue bouffée et la recrache en soupirant de plaisir.
— Je suis à l’université Panthéon-Assas en science de l’information et de la communication.
Kevin plisse les yeux et se tourne vers Karim.
— C’est pas là-bas qu’étudie notre plan d’hier ? Tu sais, le p’tit Italien muet…
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