Je n’arrive à défaire mon étreinte. Il est si beau, si doux, si attendrissant que je voudrais rester ici, sur le sol froid de cette salle de bain minuscule pour toujours.

— Je n’ai pas envie de te laisser…

Mes paroles le surprennent et l’empourprent, il me sourit.

— Moi non plus, mais je dois aller en cours. On peut se retrouver ce soir ?

J’acquiesce avec déception, mais l’idée de l’avoir rien que pour moi toute une nuit me réjouit d’avance. Je lui donne mon numéro ainsi que mon adresse. Nous échangeons un dernier baiser, je sens qu’il à autant de mal que moi à me lâcher. Je me fais violence et l’aide à rassembler nos vêtements éparpillés. Malheureusement, les quarante-cinq minutes que nous avons passées sous la douche bouillante ont déposé de l’humidité partout dans la pièce, nos vêtements sont trempés.

Yohan ouvre la porte de la chambre et un nuage de vapeur nous y suit. Il me tend l’un de ses boxers et, malgré le fait qu’il soit un peu petit pour moi, l’enfiler m’excite à nouveau. Je me reprends et cache mon émoi, même si l’envie de lui sauter dessus ne manque pas.

Il me passe une paire de chaussettes, un t-shirt et un sweat-shirt que j’enfile sur un de ses bas de jogging trop court, parfaitement assortis à mes chaussures de ville en cuir noir. Il ricane devant ma dégaine débraillée.

— T’es paré pour la Fashion Week, lance-t-il avec un rire moqueur.

Je lève les yeux au ciel et il s’empresse de m’embrasser. Il me sourit et ouvre rapidement les deux fenêtres qui créent un courant d’air, nous débarrassant en quelques secondes de la moiteur ambiante.

— Sauve-toi vite, avant que je change d’avis, lance-t-il en se pendant à mon cou.

— J’en ai pas envie…

Je passe mes bras autour de sa taille et plonge une dernière fois mon regard dans ses magnifiques yeux smaragdins. Ils brillent d’une étincelle de plénitude qui me réchauffe le cœur.

Un dernier baiser et je ramasse tant bien que mal mes vêtements que j’enroule dans ma veste de costume avant de quitter la chambre. Encore une bise lancée avec les mains et je m’éloigne dans le couloir désert. Mais en quittant l’ascenseur, une foule d’étudiants me remarque et observe mon étrange tenue. Je n’ai pas pour habitude d’être gêné en public, mais la situation me met tout de même mal à l’aise.

Je traverse le hall bondé et passe la porte avec soulagement, puis saute dans un taxi.

« Enfin chez moi ! »

Je me laisse tomber au sol et soupire, j’ai l’impression d’être sur un nuage, que tous mes soucis ce sont envolés. Je me relève et remarque ma tenue dans le miroir de l’entrée.

« Il a raison, je ferais fureur à la Fashion Week. »

J’éclate de rire et me dirige vers la chambre pour me changer. Au moment de retirer son boxer, je soupire, ferme les yeux et le porte à mon nez. L’odeur de sa lessive mêlée au renfermé de son sac de voyage me donne un frisson. Aussitôt, les images de nos ébats me reviennent. Son corps nu, ruisselant, haletant, l’odeur de sa peau. Je bande.

Je me laisse tomber sur mon lit et me caresse. Son dos, ses fesses, son anus serré, délicieux. J’accélère. Son torse, le parfum de son buisson pubien, la douceur de ses jambes, de ses pieds que je saisis pour le prendre sauvagement. Je suis au bord de l’explosion. Mais soudain, le visage d’Éric se substitue au sien, me coupant dans mon excitation, je débande aussitôt.

Je me redresse et me fige. Mes pensées s’embrouillent à nouveau et je suis incapable de faire un mouvement.

La sonnerie de mon smartphone m’extirpe de ma torpeur. Un numéro inconnu.

— Oui, allo ?

— Mr Charrier ?

— Oui ?

— Je suis désolé de vous déranger dans ces circonstances. Je suis le docteur Berthier de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière… il y a eu un grave accident…