Chapitre 2 : Steeve
J’émerge de mon coma orgasmique encore humide. Il est doué, le bougre. Le réveil affiche neuf heures cinquante-deux. Je me redresse et m’étire, mais mon hôte est déjà levé. J’entends le son d’une casserole qui rissole provenant de la pièce à côté. Je soupire.
Je me jette au pied du lit et enfile mes vêtements de la veille éparpillés dans la pièce. En l’apercevant, je saisis son boxer, un Calvin Klein bleu ciel, et le porte sous mon nez. L’odeur du mâle, de la transpiration, de la testostérone. J’expire avec un râle de plaisir, puis le glisse discrètement dans la poche de mon blouson avant de me faufiler sur la pointe des pieds en direction de la sortie, mes chaussures à la main.
« Merde... c’est minuscule... »
Je m’immobilise en le découvrant de dos s’affairant dans sa kitchenette seulement vêtu d’un mini-short de sport beige. Ses épaules larges et puissantes. Sa taille galbée, ses cuisses fermes, gigantesques. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais il me dépasse d’une bonne tête, et je fais pourtant un mètre quatre-vingt-neuf.
Il se retourne avec un sourire. Mais ce dernier se fane lorsqu'il remarque ma posture. Il fronce les sourcils, crispe les lèvres.
— Tu pars déjà ?
— Ouais, je dois y aller.
— Qu’est-ce qui te presse ? J’ai préparé le p’tit déj…
— C’est sympa, mais je dois vraiment filer. Je t’appelle à l’occasion ?
— T’as vraiment l’intention de le faire ? demande-t-il avec exaspération.
— Écoute, c’était cool, on s’est bien amusés, mais je cherche pas à me caser, tu vois ?
— Ouais… je vois… souffle-t-il en me toisant d’un air mi-déçu, mi-rageur, ce qui m’exaspère encore plus.
Un dernier signe de la main et je fonds sur la porte d’entrée pour m’enfuir. Dans l’étroite cage d’escalier, j’enfile tant bien que mal mes chaussures avant de quitter l’immeuble. Une fois à l’extérieur, j’inspire une grande bouffée d’air. « Oh, le pot de colle ! », dis-je à haute voix en me dirigeant vers la station de métro.
—
Onze heures moins le quart. Arrivé dans mon trois-pièces du boulevard Arago, je me laisse tomber sur le canapé. Mon iPhone sonne, c’est Lindsey.
— Alors, grande coquine ? Comment ça s’est passé avec ton étalon des iles ?
— Bonjour à toi aussi, petite fouine sans vergogne. Très bien, il était juste un peu trop… lourd.
— Vu la baraque que c’est, tu ne peux pas lui reprocher son poids, ricane-t-elle joyeusement.
— Je ne parle pas de son poids...
— Steeve, pas encore ? souffle-t-elle avec déception. Est-ce que tu t’es au moins intéressé à autre chose qu’à son cul ?
— Évidemment ! Je me suis amusé avec tout son corps.
Je ris jaune, car je sais exactement où elle veut en venir.
— C’était peut-être un gentil gars, tu aurais pu faire l’effort d’apprendre à le connaitre, raille-t-elle en soufflant.
— Oui, maman. Pardon, maman.
Je me moque, mais je sais qu'elle a raison.
— Si tu continues comme ça, tu vas finir toute seule, ma grande ! ajoute-t-elle d'un ton soudain plus incisif. Je plaisante pas ! Les beaux garçons au corps d’éphèbe, il y en aura toujours prêt à bourrer ton p’tit cul et ta gueule d’ange avec leur bite ! Mais ceux qui le feront avec amour, tu pourras les compter sur les doigts d’une main !
— OK ! Pardon !
Je l'entends soupirer bruyamment.
— Bon, je dois te laisser. Mon train est arrivé.
— Tu pars combien de temps déjà ?
— Dix jours. C’est pas que ça m’enchante, mais cette formation est primordiale, si je brigue le poste de rédactrice en cheffe.
Lindsey est journaliste pour le journal Le Monde. Un métier qui paye bien et pour lequel elle est douée.
— On se revoit dans dix jours, mon chou. Je t’embrasse, prends soin de toi.
— Toi aussi, ma belle. Je t’embrasse.
Je pose le téléphone à côté de moi. Lindsey peut être délurée et exubérante, mais elle me connait bien et sait jouer de ma corde sensible. Je balaye notre conversation d’un « bah » et me dirige vers la salle de bain pour une douche revigorante.
Tandis que je me délecte de l’eau brulante, une notification résonne dans la pièce. J’entrouvre la porte de la douche et attrape mon téléphone. Grindr, un nouveau message de Kev95. Je le déverrouille rapidement pour découvrir sa photo. Une p’tite tapette de cité avec son survêt Nike. On ne distingue pas bien son visage avec la capuche de son sweat-shirt qu’il relève pour dévoiler ses abdos. Musclé sec, appétissant.
« 22 ans - fan de skets - bon pompeur – tbm - actif »
Ce dernier point me fait sourire. Je retourne sous la douche pour me rincer.
Devant le miroir, je passe une serviette autour de ma taille et en prends une autre pour m’essuyer les cheveux. Je pense les couper bientôt, un buzz Cut, bien court, pour changer. Je retire mes lentilles de contact et les déposes dans leur étui avant de chercher mes lunettes sur la table de chevet de la chambre. Dans l’immeuble de l’autre côté de la cour intérieure, un mec me mate. Il remarque que je l’ai grillé et fait mine de se détourner. Je lui souris, il fait de même.
Je l’ai déjà croisé à plusieurs reprises dans le couloir, parfois avec sa femme et son gosse. Brun, la quarantaine, grand, bedonnant, mais en forme. J’ai plusieurs fois senti son regard sur moi, je suis un vrai aimant.
« Oups ! »
Ma serviette tombe, je bande. Il se mord les lèvres en se rapprochant de la fenêtre. Je passe mes mains sur mon torse, descends sur mes abdos. Il entrouvre la bouche, il est affamé. Je me laisse tomber sur le lit, à demi allongé sur un coude. Je me caresse de ma main libre, il salive. Il déboutonne son jeans, dévoilant une petite bite épaisse. Dans la moyenne, mais vraisemblablement gourmande. Je peux presque sentir le parfum de mâle de son buisson pubien dru.
Je relève les jambes sur le lit, glisse ma main vers mon anus. Il est au bord de l’explosion, je le vois bien. Je glisse un doigt dans ma bouche puis me pénètre en basculant la tête en arrière. Lorsque je la redresse, il a déjà maculé sa fenêtre de trainées blanches, il est essoufflé. J’accélère mes mouvements, me tortille de plaisir en me masturbant. Je jouis à mon tour.
« Merde ! J’en ai mis partout. »
Il me fait un signe de la main, se retourne brusquement et tire les rideaux. Je ricane tout seul.
« Bobonne a failli te griller, salope ! »
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