Chapitre 6 : Yohan

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Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous les quatre pour le petit déjeuner. La soirée précédente, mes nouveaux camarades se sont montrés plus sages que je ne les imaginais. Nous avons bu un dernier verre dans un p’tit bar du coin où ils ont leurs habitudes, et chacun a regagné sa chambre un peu avant minuit.

Lucia se jette dans les bras de Mickaël qui pose volontairement ses mains sur ses fesses. Julio lève les yeux au ciel.

— Ça te dérange que ta sœur sorte avec Mickaël ? demandé-je en m’asseyant face à lui.

Il attrape son smartphone et m’envoie un texto.

« Nan, mais c’est gênant de les voir se tripoter en permanence. »

J’acquiesce et lui souris, son regard me transperce. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais il me fait un effet fou. Je le soupçonne d’en profiter. Il n’a rien de spécial et c’est probablement ce qui fait son charme. Ma taille, les cheveux noir de jais et la peau bronzée. Un visage carré aux mâchoires dessinées, une corpulence dans la moyenne. Des traits hérités de ses origines napolitaines, sans aucun doute. Un caramel au lait, dur et doux à la fois.

— Vous voulez faire quoi aujourd’hui ? lance Mickaël.

— Je crois que je vais aller me promener dans les environs, découvrir un peu la ville, réponds-je. Et vous ?

Lucia et Mickaël se regardent d’un air convenu.

— On va… réviser, glousse-t-elle un main devant la bouche.

Julio lève à nouveau les yeux au ciel, lui et moi ne sommes pas dupes. Mon smartphone vibre.

« Tu veux que je t’accompagne ? » me demande-t-il.

— Si tu veux. Avec plaisir.

Il me donne un léger coup de pied sous la table. Je pique un phare.

Après plusieurs heures à flâner dans les rues, Julio m’attire chez un glacier à deux pas du jardin du Luxembourg. Chocolat/café pour lui, vanille/fraise pour moi. Nous récupérons nos petits pots et déambulons dans le magnifique parc à la recherche d’un banc libre. Le soleil est généreux malgré l’automne déjà bien installé, la douceur nous pousse à quitter nos manteaux d’hiver. Nous trouvons une place face à la statue du marchand de masques. Je suis émerveillé par la beauté et le calme de ce bout de verdure en plein de cœur de Paris. Son style baroque, ses statues et fontaines. Un poumon dans la ville.

« On est bien, ici. » m’envoie Julio.

— Oui… un paradis, réponds-je, le sourire aux lèvres.

Il me prend délicatement la main, sans prévenir. Je suis désarçonné, je ne m’attendais pas à une marque d’affection en public et mon esprit campagnard fige mon corps de gêne. Je la retire, trop brusquement. Il m’observe, le regard triste.

« Pardon... j’ai cru que tu étais gay. »

Je m’apprête à me confondre en excuses lorsqu’un couple passe et nous salut. Je suis tétanisé par la honte.

Un nouveau message.

« Ne m’en veux pas, s’il te plait. »

Dieu qu’il est attendrissant !

Discrètement, je lui réponds par smartphones interposés.

« Excuse-moi. Tu me plais beaucoup également, mais j’ai été surpris. »

Son visage se radoucit. Il m’attrape par le menton et dépose un baiser sur ma joue. Je rougis de plus belle.

Vers dix-sept heures, nous terminons notre périple au pied du Sacré-Cœur. Le soleil déjà mourant nous offre un feu d’artifice de couleurs illuminant la ville. L’agréable chaleur de notre étoile a laissé place à la fraicheur du soir amorcé. Tandis que nous nous tenons côte à côte, nos mains se frôlent. Une larme de plénitude roule sur ma joue. Julio le remarque et pose une main sur mon épaule, inquiet.

— C’est une larme de joie, t’en fais pas.

Il se rassure, sourit, attendrit à son tour. Puis délicatement, comme dans un moment cinématographique, ses lèvres se rapprochent des miennes. Le sang me monte aux joues, mais je le laisse faire. J'entends le son des violons, les papillons s’agitent dans mon ventre, des larmes m’échappent et glissent jusque dans mon cou.

Devant des centaines de personnes, tous deux bercés par le vent d’automne et le brouhaha ambiant, nos lèvres s’unissent, nos langues se mêlent. Je me sens perdu et ne voudrais pourtant me trouver nulle part d'autre à la fois. Je suis enfin libre, moi-même. Je n’ai plus à avoir peur de le dire, de le montrer. Je voudrais que cet instant dure pour toujours, pouvoir enfermer la chaleur de son baiser dans mon être et ne jamais le laisser s’enfuir.

Julio passe sa main dans mon cou, me retient. Sa caresse et si douce, pleine de sens, d’émotions.

« C’est ça, le coup de foudre ? »

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