14-4 Dérapage

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  Suivirent alors deux heures d’apprentissage, pendant lesquelles Henry enseigna quelques-unes des méthodes de combat à l’épée, entrecoupé de séquence de combat en direct avec les soldats réactivé pour l’exercice. Il aida notamment Sonia à enregistrer des séries de combinaisons de mouvements. Il s’agissait de successions de gestes semblables au roulé-boulé, mais centrés sur les attaques à l’épée tels que le retourné-frappé et le lancer d’épée. Les paquets de mouvements que Henry lui avait offerts permettaient des combinaisons plus complexes, ou tout au moins donnaient plus de grâce à la gestuelle des combats. Bien sûr, seuls les points d’expérience accumulés pourraient lui donner à la fois plus de puissance et plus d’endurance aux coups. Hors, la simulation ne produisait rien de tel.

  Au terme de la leçon, les vingt soldats gisaient tous morts au milieu des débris de la cathédrale brinquebalante. La musique rythmée qui accompagnait jusque-là la bataille fit place à un air plus grave et plus lent, dès le moment où un hurlement monstrueux déchira l’atmosphère.

« Voilà mon vieil ami » nota Henry.

  Plusieurs secousses agitèrent les murs de l’édifice, puis le pan ouest du cœur s’effondra. Sur les décombres fumants apparurent les pattes immenses, cerclées de chaines, d’un animal de très grande taille.

Voilà que ça recommence, pensa Sonia.

  La bête surmonta le tas de pierre. Dans la pénombre se profilait une gueule ouverte d’où s’écoulait de la bave. L’animal était couvert d’un pelage brun foncé. Les chaines qui ne l’entravaient plus, grinçaient sur le sol. Un cri résonna. Ce n’était pas la bête féroce qui l’avait poussé.

« Notre amie la princesse va bientôt passer à la casserole » commenta Henry.

« Qu’est-ce que c’est que cette bête ? demanda Sonia.

— Une sorte d’ours géant. Avec le temps, je l’ai surnommé Teddy. »

Teddy s’avançait lentement vers sa proie enchainée au fond de l’Eglise. « Que fait-on ? demanda Xena, qui sentait une petite tension monter. La femme enchainée n’était certes pas réelle, elle ne souhaitait pas moins assister au repas du monstre.

« Alors, on peut l’arrêter et sauver la princesse… ou bien…

— Bon ben, qu’est-ce qu’on attend, alors ? »

  Henry rit à haute voix. « D’accord, d’accord, on y va ! ». Il se mit à courir droit sur la bête, son épée serrée à deux mains sur son flanc droit. Lorsque l'animal le vit, il émit un grognement et se détourna de la jeune femme. Tout se passa très vite. Henry connaissait la séquence par cœur. Il évita le coup de patte et son épée s’enfonça dans la gueule du monstre par en-dessous, la transperçant de bas en haut. Le monstre s’écroula de toute sa masse.

  Sonia s’approcha lentement. Elle était contente que tout se soit passer vite, et qu’elle n’ait pas à combattre cette horreur. De son coté, Henry s’apprêtait à libérer la princesse. Pour la quantième fois, Sonia n’en avait aucune idée. La captive était le prototype de la jeune femme dessinée pour attiser l’appétit sexuel du jeune mâle moyen. Elle était belle, blonde, avait un teint de peau pâle, des yeux verts et des lèvres pulpeuses. Elle portait une tunique blanche translucide, qui dévoilait plus qu’elle ne cachait une poitrine prodigieuse et des hanches larges.

« Mon Hérault, annonça la femme enchainée, je te remercie de m’avoir sauvée d’une mort atroce. ».

Elle avait une voix suave que ses cris d’angoisses précédents ne laissaient pas nécessairement deviner. « Je suis la princesse Esmérande de Lanxia. Libère-moi et je te récompenserai pour ta bravoure. »

  Sonia attendit que Henry ne brise la chaine. Il n’en fit rien. À sa surprise, il laissa tomber son épée par terre, et retira un morceau de son armure qui résonna brutalement en s’écrasant sur le sol. « Pas tout de suite » dit-il. Il s’avança alors et, d’un mouvement brusque, arracha le vêtement de la captive, la laissant entièrement nue. Contre toute attente, il la saisit par les cuisses et se cala contre elle. Au cri de la jeune femme, Sonia comprit qu’il la violait.

« Mais je rêve ! » lâcha-t-elle.

  Bouche bée, elle assista impuissante au viol de la princesse, qui hurlait avec une telle emphase que Sonia en eut pitié. La prisonnière se débattait, faisant tournoyer ses poignets en vain autour de ses chaines, mais au bout d’une minute, elle s’abandonna. Ses cris se transformèrent en gémissements, et son bassin se mit à participer aux va-et-vient de son violenteur. Sonia garda le silence tout au long de l’acte. Elle ne comprenait pas trop la logique de ce jeu. Mais était-ce vraiment le jeu qu’elle voyait devant elle ou sa version pervertie ? La princesse avait accroché ses jambes autour de la taille de Henry et poussait des cris de plaisir de plus en plus fort, poussant toujours davantage la cadence de pénétration. Mais pouvait-on encore parler de princesse, à voir cette femme en chaleur consentir à se faire violer au milieu des décombres brûlantes d’une cathédrale ? Cette séquence respirait le vice d’un esprit masculin. La pin-up eut un orgasme qui résonna dans toute l’édifice, et probablement au-delà.

  Lorsqu’Henry se retira, elle s’affaissa au bout de ses chaines, comme inconsciente. Sonia ne doutait plus qu’Henry soit très porté sur la chose virtuelle. Sandra n'avait pas menti. Mais la vraie question était : pourquoi lui avait-il imposé ce spectable déplorable ?

« Tu as terminé ? demanda-t-elle.

Henry se retourna vers elle. Sonia constata que la pièce de métal qu’elle avait vu tomber par terre, était celle protégeant son bas ventre. Son sexe trônait encore fièrement dehors et ne semblait pas encore rassasié.

« Le viol, dit-il, est une variante intéressante qu’offre Autremonde pour obtenir du plaisir sexuel. Et donc des points de bonheur.

— C’est bien un truc d’homme, fit sèchement Sonia. Il faut être un homme pour croire qu’on peut violer une femme et qu’elle va y prendre du plaisir.

— J’admets que la probabilité est faible dans la vraie vie. Raison de plus pour le permettre sous certaines conditions dans Autremonde. »

Henry s'approcha d'elle. Son sexe était toujours dressé tel un prédateur attendant son heure. Sonia se sentit mal à aise. L’endroit n’avait rien de romantique.

« On y va ? demanda-t-elle. Sauf si tu as l’intention de me violer aussi. »

Elle fit une pause. Elle sentait une colère sourde bouillonner en elle.

« Ah, non c’est vrai ! Je ne suis pas un être virtuel, tu dois me demander mon autorisation d’abord.

— Je ne peux peut-être pas te violer, mais je peux te voler un baiser, non ?

— Un baiser ? »

À peine avait-elle parlé qu’Henry l’avait saisie dans ses bras et posé ses lèvres contre les siennes.

« Mais vas-y fait comme chez toi ! » s’exclama-t-elle.

Sonia vit alors la barre de plaisir sexuel s’afficher à l’écran.

Manquait plus que ça...

« Un petit flirt n’a jamais tué personne » continua Henry.

  À ce moment, une scène inattendue se passa. Henry fit, semble-il, un croche-pied à Xena et les deux tombèrent par terre. « Eh ! » sursauta Sonia, surprise. L’avatar de l’homme s’était remis en embrasser Xena. Pire, Xena ne réagissait pas à ses tentatives de le repousser.

« Je peux savoir ce que tu cherches à faire ? » dit-elle en tentant en vain de contenir son calme.

Mais la vraie question qu’elle voulait poser était : Je peux savoir comment tu réussis à faire ça ?

— Je veux voir si on est connecté tous les deux.

  • Connectés ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
  • Eh bien, on va voir si tu es le genre de guerrière qui aime se faire prendre par la force. »

Sa réponse fut un choc.

« Quoi ? s’exclama-t-elle. Mais non, évidemment ! ».

***

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