Chap 53 : Était-ce seulement un rêve ?(Samy)

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Un sommeil sans rêve, ni cauchemar est-ce possible ? Seul souvenir encore fugace dans ma mémoire, la voix de Victor dans la brume qui hurle mon prénom. Puis, plus rien. J'ouvre un œil, puis le second, ma carcasse intacte est blottie dans une montagne de coussins moelleux. Une langue râpeuse me lèche la main. Une sensation étrange parcourt mon corps, comme si mon esprit venait de le réintégrer après un long voyage. Par bonheur, le nettoyage en bonne et due forme, je le dois à Ulysse. Ma boule de poil s'assure que de mon côté tout va pour le mieux.

  • Arrête ma toilette, sermonné-je.

Je saisis par le cou mon compagnon pour le câliner avec un besoin inexplicable de le toucher, de le sentir. Un livre glisse au sol au même moment. J’ai dû m'endormir après quelques pages. Il est ouvert face contre terre. Je me dandine pour l’attraper, mon corps ankylosé résiste. Je tends mon pouce et mon index et grimace à chaque mouvement. Mon bras droit me tiraille, une décharge électrique se diffuse le long de mes nerfs. Ai-je dormi dans une mauvaise position offrant un asile à des fourmis aventureuses ?


Encore un effort et j’attendrai mon but, enfin si mes membres veulent bien accepter de répondre à mes ordres. Pas simple de réussir quand nos neurones ont décidé qu’il en serait autrement. Je me frictionne la clavicule et secoue mes doigts pour retrouver toutes mes sensations. Ulysse a décidé de me donner un coup de main. Avec sa truffe, il pousse le bouquin pour que je puisse le saisir.


J’observe une nouvelle fois la couverture avec curiosité, sur la première page, l'image d'un trois mâts et sur la coque un nom gravé : The Royal Queen. En haut du mât, un drapeau flotte au vent, avec un dragon et un papillon. Je frotte mes yeux pour m'assurer que je ne suis pas encore dans un rêve. Ulysse s'en mêle à son tour et pousse mon bras avec son museau. Ce dessin ne peut pas être de ma main et pourtant je le reconnais aisément.


Je retourne le livre pour découvrir le quatrième de couverture et rien, pas un mot pour résumer le contenu, pas le moindre texte pour attirer le lecteur, pas de signature, aucun auteur n’est mentionné. Je reprends l'œuvre là où je pensais l’avoir laissée avant de m’endormir pour trouver des réponses à mes questions. Je tombe sur des pages blanches, ni gravure, ni écriture. Comment est-ce possible ? Ulysse s’est blotti contre moi, soucieux de me voir m’agiter.


Je ferme le bouquin pour tenter de me lever, la tête me tourne, le sol semble se dérober sous mes pieds engloutis par des sables mouvants. Je me pince et laisse échapper un “aïe” très stylé. Je termine sur les fesses, collées aux coussins.

  • Ulysse, où est Victor ? demandé-je inquiet.


Comme si mon chien allait me répondre ? S’il pouvait parler, il me traiterait d’idiot. Je reprends le livre et l'ouvre à nouveau, le dessin du bateau est toujours là, les vingts premières pages sont couvertes de mots, de phrases, de paragraphes. Ces tâches noires sur le papier glacé soulagent mes divagations. Les pattes de mouches s'étalent avec élégance sur les feuilles, une chance quand j'y pense.


Je reprends l'histoire du début, le personnage principal s'appelle, non pas possible Samy. Il est embarqué sur un bateau de pirate et rencontre Morgan avant d'être tous les deux enlevés par des brigands. Après les avoir abandonnés sur une île, ils réussissent à se sauver et échouent sur une plage avant de gravir une falaise pour rejoindre le phare, un lieu d'accueil pour attendre l'arrivée du Pearl et du père de Morgan pour les sauver.


Hélas, je découvre stupéfait qu'à l'arrivée des sauveurs, une bataille débute sur la plage. Le jeune pirate Samy a confondu les drapeaux et se retrouve en danger. Je ne comprends rien de ce que mes yeux parcourent, sans détours je passe à la page suivante. Il est mentionné qu'un pirate s’est aventuré sur le sable fin à l’appel de son nom dans la brume. Serait-il possible que ce soit mon Victor, ce charmant corsaire prêt à braver les obstacles pour sauver Samy ? Avons-nous vécu cette scène ? Ou mon imagination galopante se joue de mon esprit ? Comment aurions nous pu nous retrouver sur cette plage au cœur du combat ?

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