Chapitre 1

6 minutes de lecture

Putain… pourquoi je n’arrive pas à me souvenir…

Mes pas et mon maudit destin m’ont à nouveau guidé vers ce qui n’est maintenant que la chapelle, en voiture, l’esprit grouillant de questions sans réponses.

Le besoin de m’y rendre m’est apparu sans que je ne m’en aperçoive, alors que j’entamais la route pour chez moi, suite à l’entrevue chez Claire. Finalement, après qu’elle m’ait raconté la sordide et triste histoire de Célia Terrier, un peu assommé par son récit, je l’ai simplement remerciée pour ses explications, feins puis prétexté une urgence pour m’en aller rapidement. Me rendre à l’ancienne école peut sembler impulsif et complètement inutile, mais le besoin de m’y rendre m’a paru comme une évidence.

Et ma pauvre tête n’arrive pas à atteindre le moindre souvenir concernant Célia, ni mes dernières années d’école. Sans déconner, une histoire pareille, je m’en souviendrais. Surtout moi, qui souhaite devenir journaliste depuis… depuis que j’existe finalement.

Il y a définitivement quelque chose qui cloche avec cet endroit, j’ai songé très fort en toisant le luxuriant jardin du devant.

L'esprit encore anesthésié par ces nouvelles, et conscient que rester là à fixer le batiment ne servirai à rien, je prends la sage décision de rentrer à la maison sans trop réfléchir et enfin me reposer parce que je suis toujours en vacances !

Maintenant que le mystère de son histoire et de sa personne est plus au moins dégrossi, une nouvelle piste s’offre à moi : quelle est la nature de notre prétendu lien ? Claire ne l’a aucunement mentionné. C’est le père qui s’est inventé tout ce scénario ? Sur le moment, je n’ai pas pensé à lui demander. L’histoire se suffisant largement à elle-même…

Mais la tête qu'elle a tiré quand je lui en ai parlé, ça cache quelque chose !

J’aurai dû lui téléphoner. Comme un con, j’avais oublié de le faire, lorsque j’en avais eu l’occasion ; Mais je n’étais pas vraiment surpris de mon excès d’étourderie. Ce genre de bricole m’arrive si souvent… je devrais sérieusement consulter pour mes trous de mémoires, ça pourrait être Alzheimer précoce ?

Cette dernière réflexion me fait doucement rire quand une migraine écrasante m’agresse.

Bordel, j’ai une de ses migraines, en plus !

Je fouille hâtivement mes poches, à la recherche du bout de papier où est noté le numéro de Paul Terrier, en vain : il est introuvable. Agacé, je retourne toute la voiture mais rien. Je retiens un soupir de soulagement : en fait, je n’avais pas spécialement envie de parler à ce type. Non seulement ma tête menace d’exploser à tout moment, mais je crains d’aggraver mes maux avec un appel, qui annonce d’être intense et éprouvant.

Peut-être que je l’ai fait tomber chez Victoria, en me rhabillant ?

J'entreprends de lui passer un coup de fil, histoire d’au moins l’informer de ma super découverte et de la photo que j’ai en ma possession. Dès la première sonnerie, celle-ci décroche et ne manque pas de me faire savoir sa surprise.

— Non mais t’es un rapide ! Je te manque déjà ?? glousse-t-elle, de l’autre côté du fil.

— Je te vois d’ici en train de devenir toute rouge, je sais que tu peux pas te passer de moi, mais je ne t'ai pas appelée pour ça.

— Je t’écoute.

— T’es encore chez toi, là ?

— Pourquoi tu me demandes ça ?

— J’ai perdu le numéro de Paul, donc ça m’arrangerait que tu me le repasse. Et j’ai un truc à te donner.

— Purée quel boulet, tu fais, Romi…

— Eh !

— Non, mais là, je suis déjà dans le train pour Metz. Mais je peux te l’envoyer ! Ou attends, tu sais quoi ? J’ai une idée.

— Primo, ne m’appelle plus jamais Romi et secundo, c’est quoi ton idée ?

— J’imagine que cette histoire avec Célia doit bien te prendre la tête… surtout qu’il se pourrait que tu sois impliqué, donc je te propose qu’on oublie ça en attendant que je revienne à Paris.

Cette proposition me soulage d’un énorme poids. Etrangement, c’est tout ce que j’avais besoin d’entendre.

— Je reviens sûrement demain après-midi alors on pourra en rediscuter.

— Ça tombe bien parce que j’étais chez ma sœur et j’ai récupéré de chez elle des photos de classe et j’y ai bien trouvé Célia !

— Attends… attends…

Elle marque un temps de pause, qui finit par devenir pesant.

— T’as une sœur ?

Ne me dites pas qu’elle va pas en dormir…

— Ouais, longue histoire. Bref, on s’en fout, j’ai des photos de classe de Célia donc elle faisait bien partie de ma promo et ma cous- Claire, ma soeur, m’a rapidement raconté son histoire. Il parait qu’un des profs de l’école l’a kidnappé, sous prétexte qu’elle serait sa fille biologique et ensuite, quand elle s’est échappé, elle s’est suicidée et le type s’est enfuie.

Le temps qu’elle digère ces informations, je reprends :

— Je croyais que c’était Paul, au début mais il porte son nom de famille… Donc c’est celui qui l’a élevée. Pas celui qui l'a enlevée.

— Donc, Paul Terrier n’est pas le vrai père de Célia ?

— Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée de qui est qui dans tout ça, pour être honnête. Mais il faut rester sur ses gardes. Ma frangine m'a dit que ce sont des gens pas très nets.

Nous restions silencieux un temps.

— Il faut définitivement qu’on en reparle à tête reposée, quand je reviendrai.

Victoria s'est mise dans un de ces bourbiers... 

J’acquiesce cette sage suggestion, lui souhaite un bon voyage et après m’être assuré qu’elle ne manque de rien, nous raccrochons.

Après une bonne sieste, j’aurai enfin les idées claires. Aller, j’y vais.

Une fois rentré chez moi, je m’étale joyeusement sur le clip-clap que je ne prends même pas la peine de démonter et le chat vient me rejoindre pour se blottir contre moi. Alors que je m’apprête à sombrer, la bruyante sonnerie de notification m’explose les tympans, en même temps que toute tentative de me reposer…

Un message de Victoria.

« Je suis désolée de te déranger, je sais qu’on avait dit qu’on en reparlerai pas mais j’ai trouvé quelque chose qui pourrait aider. Comme il n’y avait d’intéressant sur internet à propos de Célia et que j’ai du temps à perdre, j’ai cherché sur Wikipédia les événements importants de 1997, quand elle a disparu au cas où mais rien mais par contre, j’ai trouvé quelque chose de sympa en janvier 2000 où c’est dit que deux enfants français, un garçon et une fille de la même commune et école sont réapparus après avoir inexplicablement disparus. Aucun article ne revoit à cette affaire avec des détails mais il est dit que l’une des deux s’est suicidée juste après. Ils ne précisent pas leurs noms, mais c'est totalement Célia ! Y a trop de ressemblance pour une simple coïncidence. Elle est réapparue en janvier 2000 et s'est tuée juste après... Donc peut-être qu’on pourrait se pencher sur l’histoire de cet autre enfant pour en savoir plus. Sans se faire chopper à directement travailler sur Célia »

Son message est accompagné d’une capture de ce dit passage de la page. Comme la mention de la disparition n’était pas écrite et soulignée en bleu, aucun article dédié sur l’histoire de la disparition n’existe, en effet. Tant pis. Même si je n’adhère pas à cent pour cent à la politique Wikipédia, il faut reconnaître que ça risque d’être particulièrement utile.

« Bien joué, Victoria. »

« J’ai un ami dans la police qui pourrait peut-être aider pour ça. On en reparle demain après-midi. »

Oui, parce que désolé mais une sieste ratée, ça ne pardonne pas et je veux dormir !

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