2/4. La lettre.

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Pendant tout le trajet, les enfants n'arrêtaient pas de poser des questions à Lina ou de chanter que son amoureux ressemblait à un prince charmant.

Elle les ignorait, elle était sur les nerfs et tentait de se calmer.

Elle connaissait Cody depuis la maternelle, ils ne s'étaient par directement entendus, à vrai dire, pendant les deux premières années de maternelle ils essayaient toujours d'être méchant l'un envers l'autre, à un tel point que les institutrices avaient convoqué les parents pour savoir s'il y avait un problème entre les deux familles, mais ce n'était pas le cas. Ils se détestaient mais personne ne savait pourquoi.

C'était à la troisième année de maternelle qu'ils avaient fini par devenir amis après que Lina ait collé sur le cahier de Cody un autocollant d'enfants se câlinant. Il l'avait d'abord regardé méchamment mais s'était adouci quand il avait vu qu'elle lui souriait timidement. Cet autocollant avait enterré la hache de guerre et ils ne s'étaient plus jamais lâchés.

Ils avaient fini par sortir ensemble à leur vingt ans lors d'une soirée entre amis. Et leur relation de couple avait duré quatre ans, avant que des secrets n'éclatent et que dans le choc et la précipitation de la situation, des incompréhensions se créent et que Lina décide de rompre, au grand malheur de Cody. Et depuis cette rupture qui remontait à environ une année, Cody ne cessait d'essayer de la recontacter.

"Lina ! Linaaa ! Les croque-monsieur brûlent !"

Lina sursauta avant de rapidement ouvrir l'appareil et d'en sortir la nourriture presque carbonisée. Elle était tellement plongée dans ses pensées, qu'elle en avait oublié toute notion du temps.

"C'est à ton amoureux que tu pensais ?

-Ce n'est pas mon amoureux ! Combien de fois je vais encore devoir vous le dire !"

Les enfants se turent en voyant Lina en colère, elle ne leur avait jamais parlé aussi durement et ils ne savaient plus où se mettre pour ne par la rendre encore plus en colère.

"Je suis désolée, ce jeune homme que vous trouvez si beau est un sujet douloureux pour moi, je ne m'énerverai plus sur vous."

Elle leur sourit faiblement avant de leur tourner le dos pour se concentrer sur la cuisson de la nourriture. Une larme s'échappa de son œil et coula rapidement sur sa joue avant qu'elle ne l'essuie.

"Vous voulez bien vous mettre en pyjama ? J'ai fini dans cinq minutes."

Ils partirent se changer pendant qu'elle mettait maussadement la table tout en surveillant l'appareil à croque-monsieur.

Ils mangèrent dans une ambiance un peu plus légère mais Lina avait cependant toujours la tête ailleurs. Et ce fut la même chose pour les activités pendant la soirée.

À un moment, Evan, le plus petit des deux enfants, se rapprocha doucement de Lina, qui le prit sur ses genoux.

"Lili ?

-Oui mon chat, qu'est-ce qu'il y a ?

-On n'aime pas quand tu es triste comme ça. T'es pas fofolle comme d'habitude, et c'est depuis que tu as vu le garçon.

-Je suis désolée. Ne vous inquiétez pas, je vais bien."

Maxime s'avança à son tour en tendant à Lina une petite enveloppe.

"J'ai pris l'enveloppe du monsieur sur le siège quand tu es sortie de la voiture. On ne sait pas de quoi vous avez parlé tout à l'heure ni pourquoi tu es triste, mais avec Evan on veut que tu lises sa lettre parce qu'il avait l'air de vraiment vouloir que tu la lises."

Elle ferma fortement ses yeux quelques instants avant de prendre une grande inspiration et de les ouvrir. Elle prit d'une main tremblante l'enveloppe puis la regarda sans rien faire d'autre.

"Ouvre-la Lili. On peut te laisser tranquille pendant que tu lis, si tu veux. On peut aussi rester.

-Finissez de regarder le film, ça va aller."

Elle remit la lecture du film, qu'elle regarda deux minutes avant d'enfin se décider à ouvrir l'enveloppe, stressée de savoir qu'elle révélation elle allait comporter.

"Salut ma puce, enfin Lina, je crois que j'ai réellement perdu le droit de t'appeler autrement que par ton prénom..

Je ne sais pas par où commencer. Tu me dirais de commencer par le commencement, mais tout est encore un peu flou pour moi. Je vais commencer par m'excuser de t'avoir fait du mal en ne te disant pas que j'avais un enfant alors qu'on s'était toujours tout dit depuis le début de notre amitié. Je crevais d'envie de te le dire mais j'avais terriblement peur de t'avouer que j'avais aidé ta pire ennemie a avoir un enfant. Ta relation avec elle était chaotique et j'étais coincé entre vous deux. Alors, oui ma meilleure amie est techniquement la mère de mon enfant, mais je ne t'ai jamais trompée, j'ai accepté de l'aider parce qu'elle n'avait pas d'autre possibilité pour avoir un enfant et qu'elle en souffrait mais je n'ai jamais couché avec elle, j'ai juste été celui en qui elle avait suffisamment confiance pour être lié à moi jusqu'à la fin, avec bien évidemment la demande de son copain, qui a officiellement reconnu l’enfant. J'ai été le donneur volontaire et ça n'a pas été simple parce qu'il y a eu des tonnes de papiers à remplir pour le futur des parents et de l'enfant mais je ne regrette pas. Ce que je regrette c'est d'avoir été lâche et de ne pas te l'avoir dit.

Parce qu'à cause de mon comportement, j'ai perdu la personne la plus importante à mes yeux et avec qui je voulais passer le restant de ma vie dans la mesure du possible. Alors si jamais tu lis cette lettre, ce que j'espère vraiment, je veux que tu saches que je suis prêt à t'expliquer plus en détails cette histoire si tu le souhaites. Je trouve que c'est terriblement dommage d'avoir mis tant d'années de bonheur à la poubelle pour un non-dit et une incompréhension. Mais je respecte ton choix parce que je t'aime Lina, toujours autant qu'avant, si ce n'est pas plus encore malgré la rupture et les rejets de ta part, mais ça n'épargne pas le fait que j'ai besoin de toi, de ta présence, de ton humour et de ton amour. Tu me manques, ta voix, tes mimiques, tes yeux, ton visage, ton humour, ton intelligence, tout me manque, nos habitudes et nos moments d'amour aussi. J'ai l'impression d'être égoïste en insistant pour te voir ou avoir une chance de m'expliquer, ou encore de pleurer alors que partout dans le monde des gens se battent pour survivre, pour manger, pour faire vivre toute une famille... et moi je pleure parce que je t'ai perdu et que tout me semble si lointain et impossible à réparer.

Je te demande de réfléchir à tout ça, à nous, notre passé, mon erreur, et à l'espoir que j'ai pour que tu m'aimes encore et que tu sois prête à vouloir de nouveau ma présence dans ta vie. N'oublie pas que tu es mon soleil et que les jours sans toi ne sont que des jours de pluie.

Je t'aime.

X Cody."

Lina relut la lettre plusieurs fois, réalisant qu'elle avait vraiment réagi à chaud, sans même lui laisser une chance de s'expliquer et qu'elle aurait pu éviter tant de douleur pendant une année si elle n'avait pas été autant têtue et fière.

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