Chapitre 8

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Lila se réveilla en sursaut, le cœur lourd sans savoir pourquoi. Il y avait dans l’air quelque chose d’anormal. Le silence. Un silence étouffant. Elle se leva lentement et descendit les escaliers, pieds nus sur le parquet froid.

En entrant dans le salon, son souffle se coupa net.

Des tiroirs étaient ouverts, certains renversés. Le buffet de la salle à manger vidé. Sa collection de vinyles – une centaine soigneusement classés par genre et par époque – avait disparu. Plus de chaîne hi-fi non plus. Les bijoux offerts par sa grand-mère, les couverts en argent, tout avait été pris.

Sa gorge se serra. Elle pivota brusquement en direction de la table basse, où une feuille blanche trônait. Tremblante, elle la saisit.

Un message, écrit au feutre noir :

« Vos vies sont contrôlées sous ma main. Préparez-vous à souffrir. Ce n’est que le début.
Signé, J-S »

Lila haussa les sourcils, sidérée. La peur, glaciale, s’insinua dans son estomac. Elle attrapa aussitôt son téléphone et appela la police, puis composa le numéro d’Eva.

Eva arriva en moins de dix minutes, essoufflée, enroulant ses bras autour de Lila dès le pas de la porte franchi.

— Ça va ? Tu n’as rien ? demanda-t-elle, les yeux scrutant les dégâts.

Lila secoua la tête, encore sous le choc, et lui tendit la lettre. Eva la lut silencieusement. Ses traits se durcirent.

— Ce message... et cette signature... murmura-t-elle. J-S… Ça me rappelle un vieux souvenir.

Lila fronça les sourcils. Eva leva le regard vers elle.

— Les menaces, ce ton… Je jure que je ferai tout pour te protéger, quoi qu’il arrive.

La police arriva peu après. Deux agents inspectèrent les lieux avec méthode, photographiant chaque recoin, cherchant des traces d’ADN.

L’un d’eux lut la lettre à haute voix, l’air grave.

— On va faire analyser l’écriture. Vous aurez les premiers résultats d’ici 72 heures. En attendant, on vous conseille vivement d’installer une caméra de surveillance.

Ils partirent peu après, laissant un vide étrange derrière eux.

Mais Lila n’avait pas le luxe de s’effondrer : elle avait déjà une heure de retard pour son poste d’infirmière. Après s’être changée à la hâte, elle fila vers l’hôpital.

À son arrivée, elle expliqua brièvement la situation à son supérieur. Il la laissa prendre son poste. Elle enchaîna directement avec un patient de quarante ans souffrant d’une entorse, puis une femme aux côtes fêlées.

Lorsqu’elle consulta son bipeur pour sa prochaine patiente, un nom la fit reculer d’un pas.

Elina.

Le monde sembla vaciller une seconde. La revoir, après tout ce temps…

Elle se força à respirer et entra dans la chambre. Elina était assise, tenant son poignet contre son ventre.

— Elina ? appela doucement Lila.

La jeune femme tourna la tête.

— Je me suis cognée avec un marteau, en montant une bibliothèque. Je crois que je me suis foulée le poignet.

Lila s’approcha, examina la main.

— Il va falloir l’immobiliser pour quelques semaines. Aucun effort. Il faut bien le plaquer.

Elle hésita, puis laissa tomber :

— Elina… Je ne sais pas si tu te souviens de moi… Je suis Lila. Et je suis… désolée. Vraiment.

Elina haussa légèrement les épaules.

— Ça fait longtemps. J’y pense plus, tu sais. On était gamines.

Lila sentit un poids quitter sa poitrine. Elle sourit, soulagée.

— Je suis en pause. Tu veux boire un café ?

Elles s’installèrent à l’écart, dans le petit coin détente du personnel. La conversation dériva rapidement sur leurs parcours respectifs.

— Je soigne Jeanne, dit soudain Elina. Ta patiente d’hier. Elle est paranoïaque.

Elle lui raconta l’histoire de l’agression et de sa plainte à la police.

Lila resta figée.

— C’est… choquant. Je suis désolée. Tu veux mon numéro ? Si jamais tu as besoin d’en parler.

Elina accepta avec un sourire discret.

À son tour, Lila lui parla du cambriolage, de la lettre.

— "Vos vies sont contrôlées sous ma main", répéta Elina, songeuse. C’est terrifiant. Si tu as besoin, tu peux m’appeler. Je suis sérieuse. Je m’inquiète pour ta sécurité.

Lila la remercia, sincèrement touchée. Puis, l’heure de sa reprise sonna. Elles se séparèrent. Mais en retournant dans les couloirs, une pensée la frappa de plein fouet.

Jeanne.

Elle l’avait vue manipuler, harceler, torturer même psychologiquement Elina autrefois. Et à présent… elle redevenait sa cible ?

Une fois rentrée chez elle, Lila raconta tout à Eva.

— Tu te souviens d’Elina ? demanda-t-elle.

Eva hocha la tête, crispée.

— Oui. Moi aussi je l’ai harcelée. Comme une idiote. Et Jeanne… elle dirigeait tout. C’était elle. Toujours.

— La lettre… Elle était signée J-S.

Eva se figea.

— Jeanne Santorino.

Lila ouvrit grand la bouche. Eva donna un coup dans la table et se leva, les yeux brûlants.

— Il faut qu’on aille voir la police. Tout de suite.

Lila acquiesça.

Cette fois, ce n’était plus un simple vol. C’était un jeu de pouvoir. Un jeu dangereux.
Et Jeanne en tirait les ficelles.


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