Chapitre 59

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Le salon est plongé dans une lumière dorée qui glisse doucement sur les murs défraîchis. Le parquet grince légèrement sous les mouvements d’Elina, qui s’est installée en tailleur sur le tapis, face à Manon. La petite est assise avec l’assurance maladroite d’un bébé de sept mois, tenant un jouet en forme de girafe entre ses doigts boudinés, qu’elle porte régulièrement à sa bouche avant de le reposer avec un petit rire.

Elina sourit. Elle n’a pas besoin de mots pour comprendre Manon. Les regards, les petits cris, les gestes maladroits mais confiants, tout en elle respire une joie simple. Une joie brute. Presque animale. Une joie qu’Elina s’efforce de protéger à tout prix.

— Tu ne le sais pas encore, murmure-t-elle en penchant la tête, mais dans une semaine, tout va changer. On va partir, toi et moi.

Manon la fixe un instant, les yeux ronds, curieuse. Puis elle tend la main vers un cube coloré posé entre elles deux, le fait tomber en gloussant.

— Ouais, ça te parle pas, hein. Tu préfères les blocs.

Elina rit doucement. Ce rire la surprend presque. Ça fait combien de temps qu’elle n’a pas ri sans le forcer ?

— Tu sais, ça fait des mois que je pense à ce moment. Des mois que je prépare ça dans ma tête, que j’attends le bon moment. Et même là, avec les billets achetés, les papiers presque prêts, j’ai encore peur.

Elle se penche un peu, replace une mèche de cheveux collée au front de Manon.

— Mais toi, t’as pas peur, hein ? Toi, t’as confiance. Tu t’endors comme si le monde était un cocon. Et je veux que ce soit vrai. Je veux que ce soit ça, ta réalité.

Elle se tait un instant, regarde autour d’elle. L’appartement est petit, trop froid malgré le radiateur. Un pull oublié traîne sur une chaise. Une assiette non lavée dans l’évier. Le fond d’une boîte de lait sur la table.

Tout ici semble en attente, figé. Comme si leur vie avait mis pause, suspendue au jour du départ.

— Là où on va, t’auras une vraie chambre. Avec de la lumière, des jouets qui ne collent pas, et des murs peints d’une autre couleur que ce blanc sale. Je te promets que tu n’auras pas à grandir en regardant tes parents s’éteindre à petits feux.

Elle inspire. Ferme les yeux. Puis les rouvre, rencontre le regard attentif de Manon.

— Luka ne sait rien. Il croit que je fais ça pour me reconstruire. Il n’a pas compris que je le fais pour nous fuir, lui aussi. Il croit qu’on est bien, ici. Il joue au père dévoué, mais dès qu’il se tourne, c’est toi que je berce, pas lui. C’est moi que tu regardes quand tu pleures la nuit.

Manon pousse un petit cri, une syllabe sans sens, mais pleine d’élan. Elle agite les bras comme pour répondre. Elina lui sourit.

— T’es parfaite comme ça, tu sais. T’as pas besoin de parler. Tu vis déjà plus librement que moi à ton âge. Et je veux que ça dure. Je veux pas que tu finisses comme moi, à surveiller chaque mot, chaque regard, chaque putain de geste.

Elle serre les poings. Les souvenirs remontent — ceux du collège, du lycée, de tout ce qu’elle a encaissé sans broncher. Ceux qu’elle a laissés infecter son cœur. Elle baisse les yeux.

— Tu n’auras pas cette colère, Manon. Tu n’auras pas cette haine. Moi je l’ai, et je m’en débarrasserai jamais. Mais toi, tu peux être libre.

La petite se penche vers elle et pose sa main sur son genou, puis tente de grimper maladroitement sur elle. Elina se penche, l’attrape, la cale contre son torse. La chaleur de Manon contre elle l’apaise.

— J’ai peur, tu sais. Pas pour partir. Pas pour toi. Pour ce qui arrive. Dans deux jours, on devra retourner là-bas, dans ce tribunal, et cette fois… ce sera Jeanne qui sera jugée.

Elle se tait un instant, posant son menton sur la tête chaude de Manon.

— J’ai tellement rêvé de ce moment, tu sais ? Qu’un jour, quelqu’un voie enfin ce qu’elle m’a fait. Qu’on m’écoute. Qu’on nous écoute, tous ceux qu’elle a détruits. Mais maintenant qu’on y est presque… j’ai peur qu’elle s’en sorte. Qu’elle retourne les mots, les visages, les souvenirs. Comme elle sait si bien le faire.

Manon gigote, pousse un petit souffle, puis s’agrippe aux mèches d’Elina. Elle sourit malgré tout.

— Mais je serai là. Et Ravi. Et Capucine. Et Damien. Et les autres. Même s’ils ont tous mis du temps à ouvrir les yeux, ils sont là, maintenant. Et Jeanne, elle ne pourra plus faire semblant.

Elle ferme les yeux, respire doucement.

— Ce n’est pas moi qu’ils jugeront cette fois. Ce n’est plus moi la cible. Et pourtant, c’est moi qui tremble.

Elle serre Manon un peu plus fort.

— J’ai envie que tu grandisses dans un monde où ce genre de personne n’a plus de pouvoir. Et pour ça, il faut que je sois forte. Juste encore un peu.

Un silence. Puis elle murmure contre la tempe de la petite :

— Dans deux jours, ce sera peut-être la fin de ce chapitre. Ou le début d’un vrai futur.

Elle remonta doucement la couverture sur Manon, veillant à ne pas la réveiller. Il faisait encore frais dehors, malgré les rayons d’un soleil pâle filtrant à travers les rideaux. La maison de Luka semblait toujours silencieuse à cette heure. Trop silencieuse, pensa-t-elle. Comme une scène trop bien posée dans une pièce de théâtre, où rien ne devait dépasser.

Elle descendit en chaussettes dans la cuisine. Luka était déjà debout, une tasse de café à la main. Il portait un t-shirt gris clair, un pantalon de jogging. Les cheveux en bataille, l'air tranquille.

— Bien dormi ? demanda-t-il d’une voix douce.

Elle hocha la tête en souriant, s’approchant pour l’embrasser sur la joue.

— Mieux que les autres nuits. Manon a été sage.

— Elle t’adore, tu sais.

Elle baissa les yeux, le cœur serré.

— Elle est facile à aimer…

Luka la fixa un instant, comme s’il essayait de deviner ce qu’elle taisait. Mais il n’insista pas. Il se tourna vers le plan de travail.

— J’ai pensé qu’on pourrait aller au parc cet après-midi. Juste nous trois. Ça lui ferait du bien. Et à toi aussi.

Elle hésita. Ce genre de moments simples, elle les rêvait autrefois. Avoir une famille, jouer ce rôle de mère et de compagne. Pourtant, maintenant qu’elle l’avait, même temporairement, ça sonnait faux. Ce n’était pas elle, pas vraiment.

Mais elle hocha la tête.

— Bonne idée.

Elle s’avança pour préparer des tartines, ses gestes précis, automatiques. Une routine qu’elle connaissait trop bien. Être irréprochable. Être douce. Souriante. Effacer les doutes, les souvenirs, les vérités.

— J’ai parlé à Capucine, hier soir, dit Luka en s’asseyant à la table.

Elle s’arrêta une seconde.

— Ah ?

— Elle m’a dit que l’audience approchait. Que tu devais y aller.

Elle garda le dos tourné, tartinant la confiture sur le pain avec une attention exagérée.

— Oui. Dans deux jours.

Il marqua un silence.

— Tu veux que je vienne avec toi ?

Son cœur manqua un battement. Elle se retourna lentement, le visage doux.

— Non, ça ira. C’est... c’est à moi de faire face à ça.

Il hocha la tête. Un peu trop vite, un peu trop facilement. Comme s’il n’attendait pas qu’elle dise oui.

Elle apporta les assiettes à table, s’assit face à lui. Il mangeait tranquillement, son regard parfois attiré vers le couloir, d’où s’échappaient de vagues gazouillis de Manon.

Elina l’observait. Luka avait cette façon de se comporter comme un homme bien. Un père attentionné. Un compagnon prévenant. Mais elle savait mieux que quiconque ce qu’il avait été au lycée. Ce qu’il avait fait. Ou laissé faire.

Et maintenant, il se tenait là, comme si ce passé n’avait jamais existé. Comme si ce qu’ils vivaient ici pouvait effacer les marques.

— Elle est calme, en ce moment. Elle doit t’écouter respirer, dit Luka dans un sourire.

Elle sourit en retour, mais ne répondit pas. Elle mordit dans sa tartine, les yeux rivés sur son assiette.

Il reprit, hésitant :

— Tu comptes rester longtemps, après l’audience ? Je veux dire… ici ?

Elle sentit la tension dans sa nuque. Chaque mot sonnait comme un piège.

— Je ne sais pas encore. On verra comment ça se passe.

Il la regarda plus longuement.

— Elina… j’aimerais qu’on essaie. Vraiment.

Elle releva les yeux vers lui. Elle le fixa, longtemps. Il croyait à cette histoire. Il croyait peut-être même qu’elle le regardait comme avant. Qu’elle l’aimait. Que ce qu’ils construisaient ici pouvait être réel.

— Moi aussi, Luka, dit-elle doucement.

Mensonge. Mais il sourit. Et elle soutint ce sourire, même si son estomac se serrait de culpabilité.

Après le petit-déjeuner, elle l’aida à préparer Manon. L’enfant babillait joyeusement, tapant sur la table avec ses petites mains, tendant les bras vers Elina avec confiance. La chaleur de ses doigts, la façon qu’elle avait de poser sa tête contre son cou… cela, au moins, était vrai. Pur. Authentique.

Elle embrassa Manon sur le front.

— Prête pour le parc, princesse ?

La petite la regarda avec ses grands yeux ronds. Et dans ce regard, Elina se raccrocha à une vérité simple : même si elle jouait un rôle auprès de Luka, elle n’en jouait aucun auprès d’elle.

Mais une voix intérieure lui souffla : Et combien de temps encore pourras-tu mentir ainsi ?

Deux jours. Juste deux jours.

Le vent balayait la cour vide, soulevant un peu de poussière entre les grilles rouillées. Le vieux collège semblait avoir été laissé à l’abandon. Quelques vitres brisées, des affiches délavées sur les panneaux d’affichage, une balançoire grinçant au loin comme un souvenir mal rangé.

Elina resta là, de longues secondes, sans bouger. Elle n’était pas venue depuis… Depuis cette époque.

Son sac à la main, elle s’approcha lentement du portail. Il était entrouvert, comme une invitation douteuse. Son cœur battait plus fort. Ce n’était pas la peur, pas exactement. C’était plus profond, plus ancien. Quelque chose entre la colère, la honte, et une forme obscure de résilience.

Elle poussa doucement la grille. Elle grinça en protestant. Un chat détala entre deux arbustes, la faisant sursauter brièvement.

La cour semblait plus petite qu’elle ne se l’était rappelée. À l’époque, tout paraissait immense. Chaque mètre carré était un potentiel champ de mines. Un endroit où se faire bousculer. Où entendre son prénom prononcé avec mépris. Où entendre des rires étouffés à son passage. Où être invisible et pourtant tellement scrutée.

Elle s’approcha de l’ancien préau. Le bois était à moitié pourri, les bancs délavés par les intempéries. Elle y voyait encore, mentalement, les silhouettes des anciens élèves. Le cercle de ricanements. Les pieds qui traînaient volontairement dans sa direction. Les mots qu’on lui soufflait quand elle passait :

"T’as vu sa tête ?"
"Toujours seule, la dépressive."
"Elle sent bizarre, j’te jure."

Elle serra les poings.

Ici, elle avait appris à marcher vite. À baisser la tête. À respirer doucement pour ne pas se faire remarquer.

Elle se souvenait du jour où on lui avait vidé son sac au sol. Où ses cahiers avaient volé, ses stylos roulé sous les bancs, et sa boîte à goûter avait été piétinée. Elle s’était accroupie pour tout ramasser, sans rien dire. À genoux. Les mains tremblantes. Une voix s’était alors élevée :

"Tu veux que je t’aide, la larve ?" suivie d’un éclat de rire.

Elle ne savait même plus qui l’avait dit, il y en avait trop. Trop d’anonymes qui avaient laissé des marques.

Un pas derrière elle. Elle se retourna aussitôt.

Personne.

Son imagination. Ou ses souvenirs.

Elle s’approcha d’un mur, là où les élèves traînaient pendant la pause. Il y avait encore des inscriptions gravées à l’aide de compas ou de clés. Des prénoms. Des insultes. Elle en retrouva une, encore lisible : “ELINA = ZÉRO”. En lettres capitales.

Elle tendit la main et caressa doucement la surface râpeuse.

— Tu ne m’as pas détruite, souffla-t-elle.

Sa voix résonna faiblement.

— Tu as essayé. Tous, vous avez essayé. Mais je suis encore là.

Le vent porta ses mots au loin.

Elle s’assit sur un banc bancal, fermant les yeux.

C’est ici qu’elle avait rencontré Capucine, un matin de pluie. Les cheveux trempés, les yeux rouges. Deux solitudes qui s’étaient reconnues. Puis Ravi. Puis Damien.

Et elle n’était plus restée seule.

Elle rouvrit les yeux. Sortit une feuille de son sac. Une lettre.

Elle la posa sur le banc. Dessus, un simple mot : “Je me souviens. Et j’avance.”

Elle se leva. Regarda une dernière fois la cour vide.

En elle, quelque chose avait cessé de hurler.

En sortant, elle croisa un adolescent qui passait en vélo. Il la salua d’un hochement de tête, sans jugement, sans mépris.

Elle lui sourit. Rien qu’un instant.

Et tourna le dos à ce lieu.

Le matin, Manon se réveillait avant l’aube. Un petit bruit, presque inaudible, comme un gazouillement. Elina l’entendait toujours avant Luka, sans comprendre pourquoi. Peut-être une vigilance instinctive, peut-être juste cette peur sourde d’échouer, encore.

Elle se leva en silence et traversa le couloir pour la rejoindre. Manon tendait déjà les bras, les yeux mi-clos, ses petits doigts s’agrippant à l’air. Elina sourit, malgré la fatigue, et la souleva doucement.

— Bonjour toi… chuchota-t-elle.

La petite gloussa, son souffle chaud contre la peau d’Elina. Sept mois. Déjà. Ou seulement ? Le temps avait cessé d’avoir un sens depuis qu’elle avait emménagé chez Luka. Tout était flou : les jours, les nuits, les sourires, les larmes qu’elle étouffait dans la salle de bain.

Elle changea Manon, lui parla doucement, lui inventa une chanson absurde sur les chaussettes roses et les biberons qui dansent. Manon babillait en cadence, l’air ravi.

Ce fut Luka qui les rejoignit un quart d’heure plus tard, en boxer, les cheveux en bataille.

— Mes deux princesses sont déjà debout, dit-il avec un sourire tendre. Tu lui as déjà donné son biberon ?

— Presque. Je t’ai laissé le plaisir, répondit Elina dans un éclat de voix maîtrisé.

Il s’approcha, l’embrassa sur la tempe, prit Manon dans ses bras et la couvrit de bisous. Elina observa la scène avec un détachement douloureux. Il était tendre. Vraiment. Il aimait sa fille, et la regardait elle comme s’il la voyait déjà mère.

Et parfois, elle se surprenait à imaginer que c’était vrai.

Ils déjeunèrent ensemble. Des tartines, du café, des miettes partout sur la nappe. Luka racontait une anecdote de travail, quelque chose à propos d’un collègue qui avait effacé accidentellement un mois de comptabilité. Elina riait, ponctuait, approuvait.

Elle était parfaite.

Manon, dans sa chaise haute, tapait joyeusement sur la tablette en plastique avec sa cuillère.

— Tu veux qu’on aille se promener après la sieste ? proposa Luka.

— Bonne idée. Il va faire beau, je crois.

— Et ce week-end, on pourrait aller à la mer. Ça te dirait ?

Elina hocha la tête. Bien sûr que ça lui disait. Enfin, la partie d’elle qui tenait encore à tout ça.

Mais l’autre… celle qui savait que l’audience approchait, que Jeanne allait peut-être tomber, que sa vie allait changer une bonne fois pour toutes… cette autre part d’elle avait déjà les pieds ailleurs.

— Tu es fatiguée ? demanda doucement Luka.

Elle releva les yeux. Il la fixait, inquiet.

— Un peu. Je dors mal.

Il posa sa main sur la sienne.

— C’est normal, avec tout ce que tu vis… Je suis là, tu sais.

Elle baissa les yeux.

— Merci, Luka.

Et elle le pensait. Il ne savait pas tout, mais il était sincère. Et c’était peut-être ce qui la blessait le plus.

Quand Manon fit la sieste, Elina en profita pour répondre à quelques mails. Elle reporta encore une fois le rendez-vous avec sa conseillère jeunesse. Elle écrivait à ses anciennes assistantes sociales avec des mots vagues, polis, distants.

Puis elle appela discrètement Manon, la vraie. Elle avait baptisé son amie comme sa fille adoptive, dans un élan étrange, comme une manière de rester connectée à ce monde-là. Manon la vraie répondit après deux sonneries.

— Allô, ma star, fit-elle avec sa voix enjouée.

— Tu ne devineras jamais, dit Elina.

— T’as tué quelqu’un ? relança Manon.

— Non, j’ai dit oui à Luka pour un week-end à la mer.

Un silence.

— Tu fais toujours semblant ?

— Toujours. Il veut qu’on emménage ailleurs. Il pense qu’on est prêts pour une maison avec jardin.

— Et toi, tu penses quoi ?

— Que dans deux semaines, je serai à l’autre bout du pays.

Encore un silence. Celui-ci plus long.

— Je te jure, Elina… des fois, je sais même pas comment tu tiens.

— Je tiens pour qu’elle paie. Et ensuite… on part.

Elles restèrent au téléphone un moment. Manon parla de leur futur studio, des rideaux qu’elle voulait acheter, d’une lampe en forme de lune. Elina écoutait en fermant les yeux. Elle voulait croire que ce monde-là allait arriver. Qu’il existerait, pour de vrai.

Quand elle raccrocha, Luka l’appelait depuis la chambre.

— Elina ? Tu viens ? Elle s’est réveillée !

Elle se leva, afficha son sourire, effaça toute trace de l’autre Elina.

Et rejoignit sa famille.

Il ne restait que deux jours.

Deux jours avant que tout bascule — ou pas. Elina comptait chaque heure comme une prière silencieuse. Dans son ventre, l'angoisse se contractait au moindre regard prolongé, au moindre message qui ne venait pas. Elle dormait peu. Elle mangeait par nécessité. Et chaque sourire qu’elle adressait à Luka devenait une performance.

Elle aurait aimé se dire que le plus dur était derrière. Mais elle n’avait jamais été aussi consciente de ce qui pesait.

Luka ne la quittait presque plus. Il était doux, toujours. Mais cette douceur devint une ombre. Il l’observait avec trop d’attention. Parfois, elle sentait son regard la suivre jusque dans la cuisine, et lorsqu’il souriait, elle avait envie de fuir.

Le matin, elle reçut un message de Capucine.

« Tout est prêt. Tu veux qu’on se voie ce soir ? »

Elina hésita.

« Chez Damien. 22h. »

Elle effaça aussitôt les échanges.

Manon dansait dans sa chaise haute, les bras en l’air, ravie du yaourt à la banane.

— Tu veux du thé ou du café cet après-midi ? demanda Luka.

— Café, répondit-elle doucement.

Il lui tendit la tasse, l’effleura du bout des doigts. Ce contact la fit frissonner malgré elle.

— Tu es encore préoccupée, non ?

— Je suis fatiguée. Rien de plus.

— Tu ne veux pas qu’on parle de… tu sais, de ton passé ? D’elle ?

Elle baissa les yeux. Elle savait qu’il parlait de Jeanne.

— Non. Pas maintenant. Je veux juste... me concentrer sur l’avenir.

Il hocha la tête, visiblement frustré, mais il n’insista pas. Il était comme ça, Luka. Il respectait. Il attendait. Et c’est ce qui rendait la suite si difficile à porter.

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