Eternel Espoir
Elle s’appelait Eléa.
Il n’y avait plus de rires dans sa voix, plus d’éclat dans son regard. Depuis ce jour-là. Depuis que la montagne avait englouti son monde, son bien-aimé, dans un grondement blanc et froid. Une avalanche. Une promesse brisée. Un cri perdu dans l’écho éternel des sommets.
Eléa ne criait plus. Elle marchait. Chaque jour. Chaque nuit. Ses pas la menaient toujours au même endroit : le bord du précipice. Là où elle l’avait vu pour la dernière fois. Son amour, sa moitié, l'amour de sa vie. Il s’appelait Lior.
Le vent hurlait parfois comme lui. D’autres soirs, il murmurait son prénom. Elle le savait. Elle l’espérait.
Ce soir-là, pourtant, quelque chose changea. La nuit était plus calme. Plus claire. Et soudain, le ciel s’enflamma. Non pas de feu, mais de magie. Les aurores boréales s’élevèrent, lentes, majestueuses, comme une rivière céleste glissant entre les étoiles.
Eléa leva les yeux, le souffle suspendu. C’était lui. C’était eux.
Les lueurs ondulantes semblaient lui parler, l’inviter. Alors, sans un mot, elle se leva. Elle suivit les couleurs, sans savoir où elles menaient. Ses pieds s’enfonçaient dans la neige glacée, mais elle ne sentait rien. Rien que le silence et cette étrange chaleur dans la poitrine.
Et puis, elle dansa. Seule, au milieu du désert blanc, elle tournoya sous les cieux peints, comme lorsqu’il la faisait rire et la faisait voler dans ses bras. Ses bras qui n’étaient plus là.
Mais son cœur, lui, battait encore. Pour lui.
Lentement, la nuit céda place à un soupçon d’aube. Le ciel pâlissait, les étoiles fuyaient. Et alors qu’elle ralentissait sa danse, les yeux embués de souvenirs… quelque chose se passa.
Ses yeux captèrent la lumière. Une lumière nouvelle. Forte. Pure. Comme si les aurores avaient élu domicile en elle. Ses prunelles se teintaient d’éclats étranges ; des bleus, des verts, des ors. Des couleurs qu’on ne voyait qu’en rêve. Elle porta la main à son cœur. Il battait si fort. Des larmes, chaudes et salées, commencèrent à dégouliner sur ses joues rouge de froid.
Et là. Là, entre les branches d’un arbre figé dans la glace, elle le vit. Lior. Debout. Immobile. Comme un mirage. Mais plus réel que jamais.
— Lior… murmura-t-elle, incapable de respirer.
Elle courut. Ses jambes fléchirent sous l’émotion. Elle trébucha. Se redressa. Accéléra. Elle allait l’atteindre. Le prendre dans ses bras. Lui dire qu’elle n’avait jamais cessé d’y croire. Qu’elle avait attendu. Si longtemps…
Ses doigts le frôlèrent. Puis, tout s’évanouit. Avec le premier rayon du soleil, il disparut. Comme s’il n’avait jamais été là.
Elle tomba. À genoux. Le cœur brisé une seconde fois. Et cette fois, elle pleura. Vraiment. À en étouffer, à en perdre haleine. Des larmes chaudes dans un monde glacé. Et alors…
Une caresse. Une main, douce, légère, passa dans ses cheveux. Elle se figea. Redressa la tête. Le souffle coupé.
— Lior ?
Rien. Le vent. Le silence. Le vide. Mais elle sourit. Car elle avait compris. Il était là. Mais il n’était jamais vraiment parti. Il veillait. Il attendait. Et quand le ciel danserait à nouveau pour eux… il reviendrait.
Un jour. Elle le savait, il lui reviendrait. Et elle attendra, autant de temps qu'il faudra. Car l'espoir est la seul chose à laquelle on peut vraiment croire.
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