Un pour tous et tous pour Zach (Léa, Lucas et Harry) (parie 1)

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# Bureau des entrées, Hôpital psychiatrique des Rivières (Léa) :

  • Bon vous nous donnez le numéro de sa chambre, clashe Rose prête à enjamber le bureau.
  • Mademoiselle, je vous le dis et redis, je ne peux pas vous donner de telles informations. Seule la famille proche peut avoir accès aux données, claironne le secrétaire à l’accueil.
  • Ok, donc vous ne niez pas qu’il est bien là, insiste-t-elle sous l'air ahuri de son interlocuteur.
  • Vous êtes bouchées, s'emporte-t-il, il faut vous le dire en quelle langue.
  • Écoute, le plus têtu de nous deux c'est toi avec tes règles à la noix, s’excite Pink Lady ne voulant pas lâcher l'affaire.

Pourtant, pendant le trajet nous nous étions mises d'accord. L’objectif principal était de se faire discrètes. Je voulais ne pas brusquer les choses, plus de pondération. Là où nous en sommes, c'est tout le contraire. Quand on connait le personnage, rien d’étonnant. Elle est une chouette fille, mais comme le dit Zach, vouloir la contraindre est la plus mauvaise des idées. Il a cette capacité de cerner les gens qu’il rencontre avec tant de justesse. Où es-tu ?

À peine avions-nous franchi les portes d'entrée et posé nos guêtres dans le bâtiment que Rose a enfilé sa tenue de furie. Si elle poursuit son agression verbale, nous risquons de nous faire éjecter sans obtenir la moindre information.

Je tente de la tempérer en l’attrapant par le bras pour la tirer en arrière afin de pouvoir lui dire deux mots. Ce genre a tendance à faire retomber un temps soit peu la pression et le vigile posté à l'entrée rebrousse chemin en voyant un des soignants venir dans notre direction en lui signifiant du pouce que tout est sous contrôle.

  • Bon apaise-toi et laisse-moi prendre les choses en main, chuchoté-je.
  • S'il tente de nous baratiner, je ne réponds de rien, me murmure-t-elle à son tour.
  • Écoute pour l’instant la seule chose que nous risquons c'est de nous faire virer sans plus d'éléments et tu es d'accord avec moi que nous avons besoin de choses concrètes.
  • Ouais, souffle-t-elle, pour retrouver un peu de son calme.

L'infirmier m’interpelle et me propose de le rejoindre vers le distributeur de café, à l'abri du regard inquisiteur du mec de l'accueil.

  • Vous cherchez un jeune qui serait entré en urgence dans la soirée d’hier ? me demande-t-il tout bas.
  • C’est possible.
  • J’ai entendu votre amie, de ce que j'ai saisi elle veut prendre de ses nouvelles.
  • Nous sommes inquiets, confirmé-je.
  • Accouche, s'agace Rose en le fusillant du regard.
  • Tais-toi, lui intimé-je.
  • Ok, me répond-elle la mine boudeuse.
  • Attendez-moi à l'extérieur vers les poubelles. Je vais faire ma pause clope et je vous fais entrer.
  • Tu penses que ton pote de l’accueil va te laisser nous ouvrir les portes ? s’emporte Rose, il ne veut rien entendre depuis un quart d’heure.
  • T'occupe, je m’en charge, insiste-t-il.
  • Ah ouais et pourquoi tu nous ferais une fleur ? Tu ne nous connais pas, balance Rose, peu convaincue de ses dires.
  • Écoute, t'as pas d'autre choix, alors c’est toi qui vois. Tu restes là à faire un scandale ou tu me fais confiance.
  • Rose, s’il te plaît, c'est notre meilleure option.
  • Bon d'accord, accepte-t-elle.

Avant de nous embarquer dans un truc tordu, j’envoie à Evan le nom figurant sur le badge de la blouse du soignant. Après avoir eu accès au fichier des employés par je ne sais quel moyen et quelque part je m’en contrefiche, il me confirme son identité. Rose fait les cent pas le long des conteneurs.

# Au complexe Hôtelier de Boissanfeuille (Lucas) :

Avec Naël, nous attendons le responsable en chef des employés, d’après la serveuse, il ne devrait pas tarder. Elle nous suggère de prendre place au bar et nous offre une boisson pour patienter. Jérémie, de son côté, s’installe à une table en retrait, le nez plongé dans son ordinateur pour se fondre dans le décor. Un peu plus loin, les deux agents en civils, missionnés par Harry pour nous épauler, gardent un œil sur les déplacements dans le hall. Assis dans leur sofa, l’un bouquine un magazine people pendant que son collègue sirote un café latte. Ils ne sont guère plus vieux que nous.

La salle du restaurant est bluffante, l’hôtel n’a pas lésiné sur les décorations de Noël. Le vert se mêle au rouge dans un accord parfait. L’agencement des lieux est optimisé pour faciliter le confort de tous. Les clients peuvent profiter pleinement de leur repas pendant que les employés œuvrent dans les meilleures conditions à leur service. Le bar, pièce essentielle, en impose. Les lumières des suspensions se reflètent sur le zinc du comptoir. Sur le mur opposé, un énorme sapin trône à côté d’un piano. Tout dans ce lieu est propice aux réceptions.

Un groupe bruyant envahit l’espace, le dress code de rigueur est composé d'un pantalon flanelle beige, d’une chemise crème et d'un veston noir avec un écusson aux couleurs du consortium Conrad. Apparemment, le boss ne fait pas les choses à moitié et soigne ses partenaires. Les hommes s’assoient à la table mise à leur disposition pour un brunch. Une vingtaine de couverts à vue d'œil est dressé. Sur chaque assiette, un dossier a été déposé. Jérémie est à la meilleure place, il pourra entendre les discussions.

  • Bonjour messieurs, bienvenue à l’Hôtel Boissanfeuille, se présente l’homme d’une cinquantaine d'années délaissant le groupe.
  • Enchanté, Naël Le Goff, nous venons pour l’offre d’emploi, annonce-t-il clairement.
  • Une excellente nouvelle, confirme le responsable. Pas facile de trouver du personnel en si peu de temps.
  • Bonjour, Lucas, me présente-je à mon tour, nous avons fourni nos CV et pièces d’identité à la personne de l’accueil.
  • Oui, jce viens de jeter un œil sur vos compétences et je suis agréablement surpris de pouvoir compter sur vous pour les jours à venir. C'est une vraie providence.
  • C'est réciproque, validé-je, nous voulions profiter des fêtes pour faire des extras.
  • Quand pouvez-vous commencer ?
  • À l’instant, répondons-nous à l’unisson.
  • Parfait, Ludivine va vous briefer et vous trouverez une tenue à votre taille dans les vestiaires.

Une bonne chose de faite, dans l’urgence les gens acceptent plus facilement les aides. Naël s'approche de la table de Jérémie pour lui confirmer notre prise de poste. La responsable en chef du bar nous précède dans les coulisses de cette fourmilière. Derrière la façade luxueuse se dissimule un labyrinthe de couloirs, une toile d'araignée tendue entre chaque point névralgique de l’hôtel. Si Zach se trouve dans le coin, nous devrons explorer chaque recoin. L’essentiel pour l’heure est de pouvoir circuler librement sans être suspecté.

# Dans les bureaux de l’entreprise Conrad (Harry) :

Avant de franchir le seuil du bâtiment moderne qui a pignon sur rue, avec Max, nous en avons conclu qu’il serait le plus à même de discuter avec le chef du consortium immobilier. Mon ami, plus posé dans ce genre de contexte, sera apte à le mettre en confiance. Après tout, dans son métier, il faut savoir faire preuve de tact. Son rôle de médecin légiste l'installe souvent en première ligne pour annoncer les mauvaises nouvelles à des proches dévastés. Il m'est arrivé plus d’une fois d’être à ses côtés et d’admirer son professionnalisme.

Ce matin de décembre, nous ne voulons pas braquer l’homme d'affaires dont nous allons envahir le bureau. Après tout nous ne savons pas grand-chose, le chef d'entreprise se montre discret. Sa vie professionnelle s'étale sur les tabloïds, les experts vantent ses mérites. Pour ce qui est du domaine privé, rien n’est visible, cette partie de l'iceberg semble bien immergée. Evan et Hugo travaillent pour percer à jour la face cachée du personnage. Mon intuition me dit qu’il faut creuser.

En attendant, je me connais passer l’effet de surprise, je vais reprendre mon rôle d’inspecteur et je risque de ne pas mettre les formes. Ce genre de personnage doit frayer dans des sphères d’influences. Si je l'affronte bille en tête sans prendre des pincettes, je vais me retrouver avec mon chef de division sur le dos et un peu de paperasse à trier. Même s'il est au courant de mes agissements et à pleinement confiance en mon jugement, pour le coup il ferait le dos rond devant les instances supérieures.

L’immeuble dont nous avons poussé les portes il y a déjà vingt minutes affiche directement la couleur. Le hall d'accueil est bien plus grand que nos bureaux. Pourtant nous ne sommes pas les moins bien lotis de la profession. À quelques jours de Noël, le décor est à la hauteur de l’événement. Par ici, on sait prendre soin de ses clients, des boissons chaudes sont offertes accompagnées de sablé recouvert de sirop d'érable. Pour parfaire le tout, des musiques d'ambiance emplissent l’espace. Des coursiers entrent et sortent dans un ballet millimétré.

La charmante hôtesse d’accueil, sourire ravageur, yeux maquillés avec soin, poitrine joliment soulignée par un soutien-gorge noir sous son chemisier transparent nous a demandé de patienter dans un des canapés en cuir, tellement grands qu’il rempliraient à eux seul mon salon. Pourquoi est-ce que je m’attache tout à coup à ce genre de détails ?

  • Elle est charmante, me balance Max en me donnant un coup de coude.
  • Arrête tes bêtises, elle pourrait être ma fille.
  • Et alors il n'y a pas d'âge quand on a un coup de cœur.
  • Concentre-nous sur les raisons qui nous amènent ici, soupiré-je, en consultant mes messages.
  • En tout cas, elle ne t’a pas quitté des yeux depuis que nous nous sommes présentés.
  • Si tu le dis, où c'est tout simplement parce qu'elle n’a rien de mieux à faire et pour consignes de nous garder à l'œil.
  • Fais-toi ton cinéma si tu veux, mais pour l’heure tu es dans son collimateur. Propose-lui d'aller boire un verre après le boulot.
  • Déconne pas, pas le temps pour du badinage, Zach est en danger par ma faute, je dois rester focus.
  • Ouais tu as raison, tu repasseras plus tard. Mais quand même, tu devrais lui laisser ton numéro de téléphone au cas où. Ça coûte rien et tu seras fixé.
  • T’es pas possible, on en parle de ta collègue qui depuis un mois te fait les yeux doux.
  • Qui ?
  • Arrête de faire l’imbécile, tu le sais très bien, grande, brune, un caractère bien trempé et de beaux yeux verts en amande.
  • Ah Pauline !
  • Dans le mille, je savais que tu trouverais, tu n'arrêtes pas de m’en parler.
  • Ok t'a gagné, je l’invite pour passer le nouvel an avec nous si toi de ton côté tu tentes ta chance.
  • Et Hugo tiendra la chandelle ? soufflé-je pour clore le débat.
  • Tu rigoles, il t'a pas dit qu’il sortait avec Diane, une de ses amis de lycée. Ils se sont retrouvés à l’occasion d’un rassemblement. Tu sais le truc où il traînait des pieds pour y aller. Eh bien de ce que j'ai compris, il ne sera pas seul cette année.

Alors que nous discutons comme deux adolescents prêts à vivre une nouvelle histoire d'amour, un homme vient se poster devant nous. À son air sérieux, pas sûr qu'il accepte de se joindre à nous pour le bal de fin d'année. Dans son costume cintré, un de ceux qui doit coûter un mois de mon salaire, il ouvre direct les hostilités :

  • Inspecteur Harry.

Pour l'arrivée incognito, on repassera. Il va nous falloir se montrer plus malin. Connaissant Max, il sera parfait. Par contre, un truc me turlupine.

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