Je suis "Sun in an Empty Room" d'Edward Hopper

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Moi, je sais que les quatre vents dorment au quatre coins de la mer, que la mer et l'éternité se ressemblent.

Cette nuit-là, après avoir démissionné, j'ai couru vers la plage avec mes carnets de dessins, m'empiffrer des couleurs chaudes, nuances pourpres. 

Ce teint qu'ont les courbures de lumière orangées qui s'épaississent aux bords des nuages, juste avant que la nuit ne se faufile dans le paysage.

Le chevalet enfoncé dans le sable, la délicieuse et rafraîchissante mousse de l'écume à mes pieds, les houles ensorceleuses luisantes au coucher.

J'ai peint de toute mon intuition jusqu'à ma dernière frappée, j'ai gorgé la toile des couleurs les plus ardentes, éveillées. 

Quand il n'y avait plus de bleu, j'ai utilisé du violet.

Quand il n'y avait plus rien comme couleurs, je me suis coupé et j'ai terminé le sable fin au rouge.

C'était l'oeuvre de ma fin.

Je pensais à la fin du reigne de ma solitude, de la maison vide, de mes soirées de danses de salon, des bars, des cafés.

Pourquoi ?

Je l'ai juste fait.

J'ai pleuré.

J'ai bu tout le noir, je me suis rincé le visage à l'eau, j'ai couru en m'agitant de partout, mais la douleur, elle était en moi, elle ne pouvait pas tomber, pas partir.

Ni, sortir par mon sang.

Dans l'extase de m'être enfin extirpé de la vie sociale, des gens, des bouffons, des diables, du patron, que ce soit du marxisme ou du capitalisme. 

Moi et les valeurs, c'était la fin.

Je ne pouvais cesser de me ressasser tous ceux qui disaient de mes rêves l'utopie.

J'ai peint jusqu'à vraiment tard, jusqu'aux routes désertes et à seulement quelques lumières allumées dans le noir de gigantesques bâtiments derrière moi. 

Vidé, tombé dans le sable, balayé par la mousse, mouillé, anti-vivant, gravi par l'échec. 

Il n'y avait presque pas de bruit, que de vieilles chansons éternelles de la mer que je n'avais jamais entendu.

C'est là...

Me relevant et m'appuyant sur les coudes pour voir l'horizon que j'ai laissé tombé ma conscience.

J'avais perdu connaissance.

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